Les propos du RAMBAM
Notre maître le RAMBAM écrit (chap. 6 des règles relatives aux renégats) :
« … même si le père est un Racha’ (un impie) et accomplit des transgressions, le fils est tenu de le respecter et de le craindre. »
Nous apprenons à partir de là que selon le RAMBAM, même si les parents sont de véritables impies, il faut les respecter et les craindre.
A fortiori lorsqu’il s’agit des laïcs de notre époque, dont la plupart agissent par pure ignorance de la douceur et de l’importance de notre sainte Torah, car ils ont reçu une éducation détériorée depuis l’enfance, et on les a déracinés de cette religion pour laquelle leurs ancêtres ont sacrifié leurs vies durant des millénaires.
L’opinion de notre maître le TOUR
Cependant, les propos du RAMBAM ne sont pas partagés par tous les décisionnaires. En effet, le TOUR réfute les propos du RAMBAM et écrit :
« Il me semble que si le père est un impie, le fils n’est pas tenu de le respecter. »
Le TOUR cite des preuves à ses propos.
De nombreux Richonim (décisionnaires de l’époque médiévale) tranchent selon l’opinion du TOUR.
Le sens des propos du RAMBAM
Cependant, le Gaon Rabbi Ya’akov BERLIN (des Rabbanim d’Allemagne il y a environ 300 ans) écrit au nom de Rabbénou Yéhonatan EWESHITZ qu’il faut interpréter les propos du RAMBAM selon ce qui est expliqué dans la Guémara Kiddouchin (49b) :
Celui qui dit à une femme : te voici sanctifiée (fiancée) à moi à la condition que je sois un Tsaddik. Même s’il s’agit d’un Racha’, la femme est déclarée Mékoudechete (fiancée à lui), car on prend en considération l’hypothèse selon laquelle il aurait eu à cet instant des réflexions de Téchouva (repentir).
Selon cela – explique le Gaon Rabbi Ya’akov BERLIN - il faut dire qu’un fils est tenu de respecter son père (même s’il s’agit d’un Racha’), car on peut prendre en considération l’hypothèse selon laquelle le père a peut être eu des réflexions de Téchouva, et dans ce cas il n’est pas réellement un Racha’.
Mais malgré cela, de nombreux décisionnaires réfutent cette preuve citée à partir des propos du Gaon Rabbi Yéhonatan EWVESHITZ, car selon ses propos, l’obligation de respecter son père Racha’ n’incombe le fils que par doute, alors que selon les propos du RAMBAM, cette obligation l’incombe de façon certaine.
Ces mêmes décisionnaires ont écrit différentes interprétations des propos du RAMBAM.
La règle dans la pratique
Du point de vue de la Halacha, MARAN l’auteur du Choul’han ‘Arou’h tranche selon l’opinion du RAMBAM selon qui, même s’il s’agit de parents impies, le fils est tenu de les respecter.
C’est ainsi que tranche notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l, en particulier de notre époque où la Providence Divine ne se remarque pas de façon dévoilée comme elle l’était du temps où les miracles étaient fréquents, quand on utilisait la « Bat Kol » (la voix céleste), et quand les Tsaddikim de la génération étaient dirigés par la Providence Divine, visible à l’œil de tout le monde.
Mais de notre époque, la foi a été déracinée de la classe moyenne du peuple, et la conduite d’Hachem se fait de façon voilée.
C’est pourquoi, il faut se comporter avec respect même envers des parents impies, afin de contribuer à l’amour du Nom d’Hachem par leur intermédiaire.
Des parents hostiles envers leur fils
Mais notre maître le Rav z.ts.l ajoute que tout ceci n’est valable qu’envers des parents qui n'importunent pas leurs enfants qui ont eu le mérite de faire Téchouva, et qui les admirent pour avoir eu le courage de faire Téchouva, ou qui restent au moins indifférents envers leurs enfants.
Mais s’il s’agit de parents hostiles à leurs enfants parce qu’ils ont fait Téchouva, et les oppressent par haine pour la religion, ces gens sont à considérer comme des hérétiques et Apikorsim envers qui il est certain qu’il ne faut exprimer aucune marque de respect, car Hachem les a privés de tout respect.
Dans un tel cas – si le fils en a la possibilité – il est préférable qu’il se sépare complètement de ses parents, et qu’il aille vivre dans une autre ville afin de ne pas les rencontrer.
Mais ceci ne doit être envisagé qu’après avoir consulté des gens érudits dans la Torah et qui craignent Hachem, qui indiqueront la meilleure voie à suivre sur ce problème délicat, s’il faut couper tout contact avec de tels parents hostiles à la Téchouva de leurs enfants mais qui les ont élevés durant des années, ou bien s’il faut opter pour une vague relation avec eux, constituée de quelques brèves rencontres très espacées.
Quoi qu’il en soit, aussi bien selon le TOUR qui pense qu’il n’y a pas d’obligation de respecter des parents impies, aussi bien selon le RAMBAM qui pense que l’on est malgré tout tenu de les respecter, il est certain qu’il est interdit de leur faire de la peine ou de les mépriser, comme il est rapporté dans le Zohar Ha-Kadoch au sujet de Ra’hel Iménou qui n’a pas mérité d’élever son fils Yossef, parce qu’elle a fait de la peine à son père Lavan au sujet des idoles qu’elle lui avait dérobées.
Un enfant qui s’est écarté du chemin de la Torah
Si – à D.ieu ne plaise – des parents ont un fils ou une fille qui se sont écartés du droit chemin, on ne doit pas se hâter à les abandonner et à couper tout contact avec eux, car cette voie ne mènera à rien. On doit au contraire s’efforcer à les rapprocher autant que possible, car ils feront peut-être une sincère Téchouva, et si ce n‘est pas leur cas, ce sera peut-être celui de leurs enfants qui auront ce mérite.
Mais là aussi, il faut consulter des érudits dans la Torah, clairvoyants et compétents en matière d’éducation religieuse, afin qu’ils indiquent la meilleur voie à suivre dans ces situations complexes.
Nous avons déjà constaté le cas de plusieurs enfants qui s’étaient totalement écartés du chemin de la Torah, et malgré tout, leurs parents ont continué à leur prodiguer de l’amour. En définitif, ces mêmes enfants sont devenus de véritables Chomré Mitsvot et ont acquis la Crainte du Ciel.
Hachem ramènera tous les fauteurs du peuple d’Israël dans le chemin de la Téchouva sincère, AMEN.