Dvar Torah pour vendredi 30 Shevat 5785 28 février 2025

Térouma : Ne pas tomber dans le piège de la Parnassa ! - Chabbat Chékalim

Commentaires rédigés par le Rav David PITOUN, pour Halacha Yomit

וְעָשִׂיתָ שֻׁלְחָן, עֲצֵי שִׁטִּים ... (שמות כה-כג)
Tu réaliseras la Table en bois de Chittim… (Chémot 25-23)

Dans le Michkan, la Table servait à déposer les 12 Pains de préposition chaque vendredi, et ils étaient remplacés le vendredi suivant. Ils restaient miraculeusement frais durant toute la semaine.

Il est enseigné dans la Guémara Bava Batra (25b) que la Table du Michkan était placée au nord et symbolise la richesse matérielle. C’est pourquoi celui qui désire devenir érudit dans la Torah doit se diriger vers le sud (où se trouvait la Ménora), et celui qui désire s’enrichir matériellement doit se diriger vers le nord.

Il est écrit dans le livre de Kohelet :
הוֹלֵךְ, אֶל-דָּרוֹם, וְסוֹבֵב, אֶל-צָפוֹן; סוֹבֵב סֹבֵב הוֹלֵךְ הָרוּחַ, וְעַל-סְבִיבֹתָיו שָׁב הָרוּחַ. (קהלת א-ו)

Il va vers le sud et décrit sa courbe vers le nord; le vent progresse en évoluant toujours et repasse par les mêmes circuits. (Kohelet 1-6)

Le ‘Hafets ‘Haïm – dans son commentaire sur la Torah – explique ce verset (apparemment incompréhensible !) grâce à l’enseignement de nos maîtres dans la Guémara Ména’hot (86b):
Dans le Michkan la Table se trouvait au nord et la Ménorah au sud. La Menorah symbolise l’érudition dans la Torah, comme il est écrit :
כִּי נֵר מִצְוָה, וְתוֹרָה אוֹר ... (משלי ו-כג)

La Mitsva est le flambeau et la Torah est la lumière… (Michlé 6-23).

L’objectif principal de l’individu sur terre est de se « diriger vers le sud », c'est-à-dire devenir un Talmid ‘Ha’ham (un érudit dans la Torah) et accomplir les Mitsvot.

Voici donc le sens du verset de Kohelet :
« Il va vers le sud » signifie que l’homme désire étudier la Torah.
Mais lorsqu’on demande à quelqu’un :
« Pourquoi te précipites-tu lorsque tu sors de la synagogue après la prière, sans prendre le temps de t’assoir un moment pour étudier la Torah ? »
Il répond qu’il « décrit sa courbe vers le nord », c'est-à-dire, il ne « va » pas véritablement vers le nord, il ne fait qu’un « détour » vers le nord qui représente ses affaires et sa subsistance matérielle.
Mais en réalité, il « progresse en évoluant toujours », tellement pris par ses affaires et sa subsistance matérielle qu’il finit par rester définitivement « dans le nord » c'est-à-dire, dans le monde du défi de la richesse matérielle, jusqu’au jour où le vent – c’est-à-dire le souffle de la Néchama - s’en va, et parce que cet homme n’a pas accompli ce qu’il devait accomplir dans le domaine de l’étude de la Torah et de l’accomplissement des Mitsvot, il « repasse par les mêmes circuits » - il est décrété sur la Néchama de revenir sur terre en réincarnation (Guilgoul) pour rattraper la perte du temps - malheureusement consacré aux « détours » du défi de la richesse matérielle - qui aurait pu être consacré à l’étude de la Torah et à l’accomplissement des Mitsvot.

Parachat Chékalim
Le Chabbat qui précède le mois d’Adar (ou dans lequel tombe Roch ‘Hodech Adar) est appelé « Chabbat Chékalim », car à l’époque du Beit Ha-Mikdach, lorsque débutait le mois d’Adar, le Beit Din diffusait un communiqué selon lequel chaque juif devait s’acquitter de son devoir de donner la pièce du « Ma’hatsit Ha-Chékel » – le demi-Chékel que l’on offrait au Beit Ha-Mikdach, et qui avait pour vocation le financement des bêtes pour les sacrifices de la collectivité durant toute l’année.
Cette année (5785), Chabbat Chékalim tombe ce Chabbat Térouma.

A cette occasion, on sortira ce Chabbat 3 Sifré Torah (cette année 5785) :

  1. Dans le 1er, nous lirons la Paracha de la semaine (Térouma)
  2. Dans le 2ème, nous lirons le passage de Roch ‘Hodech
  3. Dans le 3ème, nous lirons la Paracha de Chékalim (début de Ki Tissa)

Il est rapporté dans le Midrach :
Lorsque Moché Rabbénou arriva à la Paracha de Chékalim (début de Ki Tissa), il s’écria :
« Maître du Monde ! Lorsque je ne serai plus de ce monde, je serai oublié d’Israël comme on oublie un mor t! »
Hachem lui répondit :
« Je peux jurer par ta vie que ni ton nom, ni ton souvenir ne seront oubliés d’Israël à tout jamais ! » Comme il est dit :
זִכְרוּ, תּוֹרַת מֹשֶׁה עַבְדִּי ... (מלאכי ג-כב)

Souvenez-vous de la Torah de Moché mon serviteur …. » (Mal’a’hi 3-22)

Une question est posée sur ce Midrash :
Pour quelle raison Moché Rabbénou éprouve-t-il cette crainte de disparaître du souvenir d’Israël, et qui plus est, pourquoi l’éprouve-t-il exclusivement lorsqu’il arrive à la Paraca de Chékalim ?

Le Na’halat Ya’akov explique que la Mitsva de donner le demi-Chékel, nous apporte également une allusion à la manière d’étudier la Torah.

En effet, on peut très bien se demander pour quelle raison doit-on donner uniquement un demi-Chékel et non pas un Chékel entier ?

En réalité, cela vient nous rappeler que l’on ne doit jamais étudier la Torah seul, mais uniquement à 2 (« ‘Havrouta » - en binôme), car celui qui étudie la Torah lorsqu’il est seul, oublie ce qu’il étudie et ne peut pas pénétrer profondément le sens de ce qu’il apprend.
La Torah est entière uniquement lorsqu’elle est étudiée par 2 personnes.

Nous retrouvons cette idée dans le demi-Chékel.
Lorsque 2 personnes donnent chacun un demi-Chékel, que ces personnes soient riches ou pauvres, leurs 2 demi-Chékels formeront un Chékel entier.

Nous avons donc appris que le fait d’étudier la Torah à 2 constitue donc un moyen de se rappeler de ce que l’on apprend.

Cependant, il est aussi écrit que le moyen de se souvenir de ce que l’on a appris est de rappeler le nom du maître qui nous a enseigné ce que l’on a appris.
En rappelant son nom, on se souviendra forcément de ce qu’il nous a appris.

Voilà donc quelle était l’inquiétude de Moché Rabbénou en arrivant à la Paracha de Chékalim.
En comprenant l’allusion qui réside dans le demi-Chékel - qui nous rappelle qu’il faut étudier la Torah en étant 2 personnes, et que cela constitue aussi un moyen de se souvenir de ce que l’on apprend - Moché se dit qu’il n’est donc plus nécessaire de mentionner son nom pour se souvenir de ce que l’on apprend.
Effectivement, il existe un autre moyen pour préserver la mémoire de ce que l’on apprend, et ce moyen constitue simplement à étudier la Torah en étant 2.

C’est pourquoi Hachem le rassure en lui disant que quel que soit le moyen que les Béné Israël utiliseront pour se rappeler de ce qu’ils apprennent, ils mentionneront toujours son nom, puisque la Torah est appelée sur son nom, comme il est dit :
« Souvenez-vous de la Torah de Moché mon serviteur …. »

(D’après le livre Vayomer Avraham du Gaon et Tsaddik Rabbi Avraham M. PATTAL Ha-Lévi z.ts.l, beau-père de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l)

Chabbat Chalom !