Dvar Torah pour vendredi 14 Av 5785 8 août 2025

Vaét’hanan - Le danger de la ‘Houmra

Commentaires rédigés par le Rav David PITOUN, pour Halacha Yomit

לֹא תֹסִפוּ, עַל-הַדָּבָר אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוֶּה אֶתְכֶם, וְלֹא תִגְרְעוּ, מִמֶּנּוּ ... (דברים ד-ב)
N’ajoutez rien à la chose que je vous ordonne, et ne la diminuez pas … (Dévarim 4-2)

Question : Le fait qu’il nous soit interdit de diminuer les commandements de la Torah, se comprend facilement.
Mais pourquoi nous est-il interdit d’en ajouter ? Un serviteur n’a-t-il pas le droit d’en faire plus que ce que son maitre lui demande, afin de trouver grâce à ses yeux ?!

Réponse : Le Maguid de DOUVNA explique cela, comme à son habitude, par un Machal (une image) :

Un homme empruntait fréquemment divers objets à son voisin.
A chaque fois qu’il venait lui rapporter les objets, il rendait au propriétaire deux exemplaires de l’objet emprunté.
Quand il lui empruntait une cuillère, il lui en rapportait deux.
Quand il lui empruntait une assiette, il lui en rapportait deux …
Lorsque le propriétaire s’en étonnait, l’emprunteur répondait « naïvement » que lorsqu’il avait apporté la cuillère chez lui, celle-ci était « tombé enceinte » et avait « enfanté » une 2ème cuillère, de même pour l’assiette …

Un jour, notre emprunteur vint trouver son voisin et lui dit que le soir même,
il organisait chez lui une fête de famille, et qu’il aurait besoin de beaucoup de lumière.
Il lui demanda donc de lui prêter sa grande lampe en argent.
Le voisin accepta volontiers, tout en pensant qu’il lui ramènera deux lampes …

Les jours passèrent et notre emprunteur ne venait toujours pas restituer la lampe.
A bout de patience, le prêteur vint le trouver et lui dit :
« Pourquoi n’es-tu pas venu me rendre la lampe ? »
L’emprunteur lui répondit avec une expression de souffrance :
« Sache mon pauvre ami que lorsque j’ai amené ta lampe chez moi, elle est « tombé malade » et « elle est morte » subitement ! … »
Le prêteur se mit en colère et dit en criant :
« Te moquerais-tu de moi ?! A-t-on déjà entendu chose pareille, qu’une lampe puisse tomber malade ou mourir ?! »
Mais l’emprunteur lui répondit calmement :
« A-t-on déjà entendu qu’une cuillère ou une assiette puissent « tomber enceintes et enfanter » ?! Si lorsque je t’ai rendu le double, tu pouvais croire que des objets en métal puissent enfanter, tu es également tenu de croire qu’une lampe en argent peut mourir !!!! »

Celui qui ajoute sur les Mitsvot, peut finir par croire réellement – de façon absurde - que la Mitsva est « tombée enceinte », et a « enfanté » une autre Mitsva.
Cette personne est susceptible - le jour où se présentera une Mitsva qui lui semblera difficile à réaliser – de prétendre tout bonnement que « cette Mitsva est morte » !

C’est la raison pour laquelle le texte nous met en garde :
« N’ajoutez rien à la chose que je vous ordonne » – de peur que vous en arriviez à « en diminuer ».

Il existe un véritable danger à s’imposer aveuglément toutes sortes de ‘Houmrot (des comportements rigoureux non exigés par la Halacha), car lorsque ces ‘Houmrot ne sont pas gérées par une véritable connaissance de la Halacha, elles peuvent entraîner l’individu – à court ou moyen terme - à s’écarter de ce que la Torah exige véritablement de lui.

Chabbat Chalom !