Dvar Torah pour vendredi 29 Tammuz 5785 25 juillet 2025

Mattot - Mass’é

Commentaires rédigés par le Rav David PITOUN, pour Halacha Yomit

Mattot - La Cachérisation d’un ustensile et l’étude de la Torah

וַיֹּאמֶר אֶלְעָזָר הַכֹּהֵן אֶל-אַנְשֵׁי הַצָּבָא, הַבָּאִים לַמִּלְחָמָה: זֹאת חֻקַּת הַתּוֹרָה, אֲשֶׁר-צִוָּה ה' אֶת-מֹשֶׁה.
אַךְ אֶת-הַזָּהָב, וְאֶת-הַכָּסֶף; אֶת-הַנְּחֹשֶׁת, אֶת-הַבַּרְזֶל, אֶת-הַבְּדִיל, וְאֶת-הָעֹפָרֶת. כָּל-דָּבָר אֲשֶׁר-יָבֹא בָאֵשׁ, תַּעֲבִירוּ בָאֵשׁ וְטָהֵר--אַךְ, בְּמֵי נִדָּה יִתְחַטָּא; וְכֹל אֲשֶׁר לֹא-יָבֹא בָּאֵשׁ, תַּעֲבִירוּ בַמָּיִם. (במדבר לא-כא, כב, כג)
El’azar Ha-Cohen dit aux gens de l’armée, de retours de la guerre : Voici la ‘Houka (la loi irrationnelle) de la Torah, qu’Hachem ordonne à Moshé.
En vérité, l’or et l’argent, le cuivre, le fer, l’étain et le plomb, tout ce qui supporte le feu, vous le passerez par le feu et il sera pur, après toutefois avoir été purifié par l’eau du Mikvé; et tout ce qui ne va pas au feu, vous le passerez par l’eau. » (Bamidbar 31-21,22, 23)

Au retour de la guerre contre Midian, les Béné Israël rapportent un important butin constitué de vaisselles d’or, d’argent et d’autres métaux. Moché Rabbenou enseigne aux Béné Israël les règles de Cachérisation d’ustensiles ayant cuit des aliments interdits.

Question de notre maître le ‘Hafets ‘Haïm (introduction du Likouté Halachot) :
Le procédé de Cachérisation d’un ustensile qui a absorbé un aliment interdit, est une chose que l’intellect humain peut facilement intégrer.
En effet, il est logique qu’un ustensile ayant absorbé un goût alimentaire par cuisson au moyen d’eau chaude (ou autre liquide), rejette ce goût par le même procédé, c’est-à-dire en immergeant l’ustensile dans de l’eau bouillante (Hag’ala).
De même, si l’absorption s’est produite par une cuisson par le feu uniquement (la grillade), il est également logique que le rejet se fasse en passant l’ustensile à la flamme (Liboun).

Puisque ces procédés relèvent d’une logique que l’homme peut assimiler, pourquoi qualifier cette loi de la Cachérisation par le terme « ‘Houka » qui signifie « loi irrationnelle » ?

Réponse : La Torah est qualifiée de « Feu », comme le verset nous l’indique :
הֲלוֹא כֹה דְבָרִי כָּאֵשׁ, נְאֻם-ה' ... (ירמיהו כג-כט)

Ma parole n’est-elle pas comme le feu ? Parole d’Hachem … (YIrméyahou 23-29)
Le Pirké Avot (chap.6) nous enseigne également que la Torah « rend la personne apte à être un Tsaddik ». La Michna emploi ici le terme « Ma’hchérato » (« le rend apte ») de la racine « Cacher ».

Ce qui signifie qu’au même titre que le feu a la capacité d’extirper le goût alimentaire d’un aliment interdit absorbé dans un ustensile, et rend l’ustensile « Cacher », de la même façon l’étude de la Torah extirpe toute l’impureté absorbée dans l’âme de l’individu et conséquente à ses fautes, et rend l’individu « Cacher ».

C’est justement ce point supplémentaire que la Torah désire nous enseigner dans cette Paracha de la Cachérisation.

La Cachérisation dont il est question ici n’est pas seulement celle que l’on réalise sur des ustensiles, mais également celle que l’individu peut réaliser sur sa propre personne, dans le but d’extirper – au moyen de l’étude de la Torah qui est comparée au feu – toutes les forces de l’impureté contenues en lui.

Comme le Midrach Tan’houma nous l’enseigne :
Si l’homme a commis des fautes et s’est rendu condamnable à mort vis-à-vis d’Hachem, que doit-il faire afin de vivre ? S’il a l’habitude d’étudier un chapitre, il en étudiera deux ; s’il a l’habitude d’étudier une page, il en étudiera deux …

(Ceci ne concerne que celui qui a pris conscience de sa faute et qui s’en est écarté, car s’il ne s’en est pas encore écarté et qu’il cherche déjà un moyen d’expiation, il est comparable à celui qui se trempe dans un Mikvé avec dans la main, un reptile mort (source principale de l’impureté selon la Torah), ou bien à l’ustensile que l’on Cachérise sans avoir au préalable retirer l’interdit alimentaire en surface.)

C’est pour cela que lorsqu’ El’azar Ha Cohen s’apprête à transmettre aux Béné Israël les lois de la Cachérisation des ustensiles, il les introduit par les termes :
« Voici la ‘Houka (la loi irrationnelle) de la Torah … ».
Comme pour dire que toute cette Paracha de la Cachérisation vient indiquer – par allusion – une toute autre sorte de Cachérisation :
La Cachérisation de la personnalité au moyen du feu de l’étude de la Torah.

Mass’é - Faire Téchouva sans devenir amnésique !
אֵלֶּה מַסְעֵי בְנֵי-יִשְׂרָאֵל, אֲשֶׁר יָצְאוּ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם--לְצִבְאֹתָם: בְּיַד-מֹשֶׁה, וְאַהֲרֹן. (במדבר לג-א)

Voici les itinéraires des Béné Israël lorsqu’ils sont sortis d’Egypte selon leurs légions, par la main de Moché et d’Aharon. (Bamidbar 33 – 1)

Rachi : L’énumération de toutes ces étapes est comparable à un roi dont l’enfant est malade et que son père emmène dans un endroit lointain afin de le soigner.
Sur le chemin du retour, le roi montre à son fils tous les endroits par lesquels ils sont passés à l’aller, en lui rappelant : ici, nous avons dormi ; ici, nous nous sommes rafraîchis ; ici, tu as eu mal à la tête …

Question : Quel rapport y a-t-il entre les exemples choisis par Rachi et les Béné Israël ? N’avaient-ils pas le droit de dormir ou de se rafraîchir ?!

Réponse : « Ici, nous avons dormi » est une allusion au fait que les Béné Israël dormaient le matin de Matan Torah (le don de la Torah) et qu’ Hachem fut dans l’obligation de les réveiller.
« Ici, nous nous sommes rafraîchis » est une allusion au refroidissement spirituel qu’Amalek a implanté au sein du peuple d’Israël. (Le texte dit au sujet de l’attaque de Amalek : « Acher Kare’ha … » qui signifie : « qui t’a refroidit »)
« Ici, tu as eu mal à la tête » est une allusion à la faute du Veau d’Or par laquelle tu as émis des « douleurs » en ce qui concerne ta « tête », ta Emouna (ta foi).

Même lorsqu’on a fait Téchouva (repentir) et que l’on est parvenu à un niveau spirituel et à un niveau de pratique du judaïsme assez élevé, il est bon de ne pas oublier ce que l’on a été dans le passé, afin de toujours garder à l’esprit une volonté de progression.

Chabbat Chalom !