Dvar Torah pour vendredi 25 Nissan 5784 3 mai 2024

A’haré Mott

Commentaires rédigés par le Gaon Rabbi Ya’akov SASSON Chlita,
directeur de notre site Halacha Yomit,
et digne petit-fils de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l

Notre Paracha nous enseigne qu’il nous est interdit de consommer le sang, comme il est dit :
כִּי נֶפֶשׁ הַבָּשָׂר, בַּדָּם הִוא, וַאֲנִי נְתַתִּיו לָכֶם עַל-הַמִּזְבֵּחַ, לְכַפֵּר עַל-נַפְשֹׁתֵיכֶם:
כִּי-הַדָּם הוּא, בַּנֶּפֶשׁ יְכַפֵּר. (ויקרא יז-יא)
Car le principe vital de la chair gît dans le sang, et moi je vous l'ai accordé sur l'autel, pour procurer l'expiation à vos personnes; car c'est le sang (du sacrifice) qui fait expiation pour la personne. (Vaykra 17-11).

Le sens simple de ce verset indique que le sang de la bête abattue n’est destiné qu’à être aspergé sur l’autel au temps où l’on offrait des sacrifices, et non à la consommation de l’homme.

Notre maître le RAMBAN explique qu’il y a là un sens profond :
Hachem a créé toutes les créatures de l’univers pour les besoins de l’homme, car l’homme est la seule créature de l’univers qui reconnaît son Créateur.
C’est pourquoi, toutes les autres créatures doivent le servir.

Cependant, à l’origine, lorsqu’Hachem a créé l’univers, l’homme n’était pas autorisé à consommer la chair animale, mais uniquement les végétaux.
Ce n’est que lorsque Noa’h sorti de l’arche qu’Hachem lui autorisa à consommer la chair animale, comme il est dit :

כָּל-רֶמֶשׂ אֲשֶׁר הוּא-חַי, לָכֶם יִהְיֶה לְאָכְלָה: כְּיֶרֶק עֵשֶׂב, נָתַתִּי לָכֶם אֶת-כֹּל .(בראשית ט-ג)
Tout ce qui se meut, tout ce qui vit, servira à votre nourriture; de même que les végétaux, je vous livre tout. (Béréchit 9-3).

Même à partir de ce moment, Hachem n’autorisa que le corps de l’animal, puisque toute l’existence de l’animal n’est là que pour le besoin et le profit de l’homme.
Ce qui n’est pas le cas du sang animal, qui contient l’âme, il n’a été créé que pour être bénéfique à l’âme spirituel de l’homme, pour expier ses fautes au moyen des sacrifices, et non pour qu’il le consomme.

Le RAMBAN ajoute que toute chose consommée par l’homme, se transforme en une partie intégrante de l’homme.
Lorsque l’homme consomme de la viande provenant d’un animal pur (animal autorisé par la Torah, et abattu selon les règles de la Torah), la chose n’aura pas d’influence particulière sur lui.
Mais s’il consomme le sang – qui contient l’âme animale – la chose provoquera chez l’homme une nature grossière et engendrera chez lui de mauvaises qualités.

Nous apprenons à partir de cela à quel point nous devons être exigeants sur la Cacherout des aliments, car tout aliment qui ne nous est pas permis, fait corps avec celui qui le consomme, et influera profondément sur l’âme de l’homme.
Qui sait combien d’années et combien d’actions faudra-t-il pour purifier l’homme de telles impuretés !

On peut encore expliquer le verset cité précédemment
וַאֲנִי נְתַתִּיו לָכֶם עַל-הַמִּזְבֵּחַ
et moi je vous l'ai accordé sur l'autel
par les propos de notre maître le Or Ha-‘Haïm Ha-Kadoch selon qui, le but d’Hachem à travers ce verset est de nous mettre en garde afin de ne pas porter atteinte aux animaux, si ce n’est pour les besoins qui nous ont été autorisés, car Hachem n’a donné d’autorisation de verser le sang de l’animal (hormis pour se nourrir), uniquement pour expier nos fautes.
La Torah nous indique donc ici que l’animal ne nous a pas été donné en cadeau pour que nous en fassions ce que l’on désire.
La chose est si grave que si un animal a tué un homme – par exemple lorsqu’un taureau a encorné un homme et l’a tué -  la loi de la Torah exige que l’animal soit condamné à être tué.  Ce qui signifie que l’on doit faire juger le taureau par un Sanhédrin de 23 juges rabbiniques, à l’instar d’un homme qui a commis un meurtre (cela montre que l’on ne tue pas le taureau arbitrairement parce qu’il a tué un homme).
L’animal n’a été autorisé à l’homme que pour sa consommation ou pour utiliser sa peau, car telle a été la décision d’Hachem, mais strictement pas pour le tuer arbitrairement.
Au contraire, « La miséricorde d’Hachem est sur toutes ses créatures », et il nous incombe le devoir de nous montrer miséricordieux envers toutes les créatures de l’univers.
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Chabbat Chalom !