Commentaires rédigés par le Gaon Rabbi Ya’akov SASSON Chlita,
directeur de notre site Halacha Yomit,
et digne petit-fils de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l
De nombreuses Mitsvot sont mentionnées dans notre Paracha, et en particulier les « Dix Commandements », profondément gravés dans le cœur de chaque juif.
Il est dit ainsi parmi les 10 Commandements :
Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent sur la terre qu'Hachem ton Dieu t'accordera. (Chémot 20-11)
Cela signifie qu’Hachem promet aussi la longévité de la vie à celui qui honore son père et sa mère.
Il est dit similairement au sujet de la Mitsva de Chilou’ah Ha-Ken (la Mitsva de renvoyer la mère des poussins se trouvant dans un nid et de garder les poussins) :
Tu es tenu de laisser envoler la mère, et à t'emparer des petits ; de la sorte, afin qu’il te soit fait du bien et tu verras se prolonger tes jours. (Dévarim 22-7).
Là aussi, la Torah promet la longévité de la vie à celui qui accomplit cette Mitsva.
Dans la Guémara ‘Haguiga (15a), nos maîtres nous parlent longuement de Elicha’ Ben Abouya, qui était le maître de Rabbi Méïr (Ba’al Ha-Ness).
Elicha’ Ben Abouya était à l‘origine un éminent érudit de la Torah, mais « des livres hérétiques dépassaient de sa poche », et « des chants grecs ne quittaient pas sa bouche ».
C’est pourquoi, il finit par dévier complètement de la voie de la Torah, il se mit à profaner le Chabbat, car il pensait – par erreur – qu’il ne pouvait plus se repentir, jusqu’au jour où il quitta ce monde.
Après sa mort, nos maîtres – Rabbi Méïr, et Rabbi Yo’hanan plus tard – « retournèrent les mondes » afin de l’innocenter et le sortir de l’emprise de la rigueur divine, afin de l’introduire dans le Monde Futur.
Les Tossafot ajoutent au nom de nos maîtres dans le Talmud Yérouchalmi, que la mère de Elicha’ Ben Abouya avait consommé un aliment interdit pendant sa grossesse, et à cause de l’impureté de l’aliment, la chose bouillonna en lui, et ce fut l’un des éléments qui causa sa déviation de la voie de la Torah.
Les Tossafot citent encore que le père de Elicha’ Ben Abouya l’envoya étudier à la Yéchiva mais pas dans une intention pure et dirigée vers Hachem.
Ces choses entraînèrent ce qu’il advint de lui.
Dans la Guémara Kidouchin (39b), nos maîtres enseignent qu’Elicha’ Ben Abouya vit un jour un père demander à son fils – qui était un jeune homme - de monter sur une échelle afin d’accomplir la Mitsva de Chilou’ah Ha-Ken citée plus haut.
Mais lorsque le jeune homme redescendit de l’échelle, il tomba et mourut.
Elicha’ Ben Abouya s’en étonna :
« Voici 2 Mitsvot particulières (respect des parents, et renvoi de la mère pour garder les poussins), sur lesquelles la Torah promet la longévité de la vie ! Et ce jeune homme meurt ainsi prématurément ! Comment est-ce possible ?! »
Ceci est un élément supplémentaire qui entraîna la déviation spirituelle de Elicha’ Ben Abouya. (Même s’il est expliqué dans la Guémara ‘Haguiga qu’il dévia spirituellement parce qu’il s’adonna de manière non-conforme à l’étude de la Kabbala. Il s’agit là de notions voilées et extrêmement élevées, et nous les citons simplement comme elles sont, sans entrer dans des explications supplémentaires).
La Guémara poursuit en disant que quelques temps plus tard, Rabbi Ya’akov (probablement le petit-fils d’Elicha’ Ben Abouya, le fils de sa fille) commenta les versets de ces Mitsvot ainsi :
« Afin qu’il te soit fait du bien « (promesse de la Torah sur Chiloua’h Ha-Ken) – dans un monde entièrement fait de bien.
« Afin que tes jours se prolongent » (promesse de la Torah sur le respect des parents) – dans un monde complètement long !
Cela signifie que même si ces 2 Mitsvot ont véritablement pour propriété la longévité de la vie, malgré tout, leur récompense essentielle est la longévité de la vie dans le Monde Futur, qui est le monde essentiel.
Le Gaon et Tsaddik Rabbi Ya’akov GALINSKY z.ts.l fit la remarque suivante :
Elicha’ Ben Abouya pouvait de lui-même résoudre facilement la difficulté qui apparaissait devant lui, en se disant que l’homme qui confia au jeune homme la mission d’aller faire partir la mère et prendre les poussins, n’était en réalité pas le père du jeune homme (de sorte qu’il n’y avait là aucune Mitsva du respect des parents) ! Ou en se disant encore qu’il n’avait pas réellement accompli la Mitsva de laisser partir la mère et de prendre les poussins, car ce n’était tout simplement pas la mère qui était sur le nid, mais le père des poussins !
En tout cas, il n’y avait peut-être pas eu la moindre Mitsva accomplie !
Mais en réalité, nous devons effectivement avoir recours au commentaire de Rabbi Ya’akov cité précédemment dans la Guémara, selon lequel « Afin qu’il te soit fait du bien » signifie « dans un monde entièrement fait de bien », et « Afin que tes jours se prolongent » signifie « dans un monde complètement long », car si nous réfléchissons, un supplément de 10 ou même de 20 ans de vie ne peut absolument pas être qualifié de « récompense à une Mitsva », puisqu’il est explicitement enseigné dans une Michna : Celui qui accomplit une Mitsva, se verra bénéficier du bien et on lui allongera la vie. Or, nos maîtres commentent cet enseignement ainsi : « Dans le Monde Futur » !
Il s’agit là du véritable bien ! « Un seul moment de satisfaction dans le Monde Futur est plus grand que toute une vie dans ce monde ci » !
La vie dans le Monde Futur est une récompense éternelle !
Rabbi Ya’akov GALINSKY z.ts.l raconte :
Un homme riche des Etats-Unis voyagea vers la Pologne en bateau, afin de rendre visite à ses proches qui vivaient à Varsovie.
En arrivant sur place, il se dit : « Puisque je suis là, je vais en profiter pour aller prendre une Béra’ha du ‘Hafets ‘Haïm, car il est réputé dans le monde entier comme étant un des Grands de la Génération ! »
Il se renseigna afin de savoir où habitait le ‘Hafets ‘Haïm. On lui répondit : « A Radin (Radoun en Biélorussie actuelle) ». Il demanda où se trouvait Radin, et on lui répondit : « Ce n’est pas une ville mais un simple village. » Il demanda comment arrive-t-on à Radin ? On lui répondit :
« On prend le train jusqu’à Lida, et ensuite on parcourt environ 24 km en attelage jusqu’à Radin, et tu pourras demander sur place où se trouve le ‘Hafets ‘Haïm. »
Le riche américain se demanda :
« Pourquoi le grand maître d’Israël fixa sa demeure dans un tel village ?? Cela doit être un lieu de repos où il doit posséder une grande et belle maison ! »
Il voyagea à travers les routes et il arriva à Radin.
Il fut frappé de stupeur ! Il vit un village abandonné, dont les maisons semblaient sur le point de s’écrouler. Tout le monde lui indiqua la simple et misérable cabane du ‘Hafets ‘Haïm.
Il entra chez le Rav, et il vit effectivement une cabane, dont le sol était brut sans le moindre revêtement, avec une simple table en bois, un banc de chaque côté de la table, et pas même une chaise !
Choqué, le riche se tourna vers le ‘Hafets ‘Haïm et demanda :
« Rabbi ! Où sont vos meubles ?! »
Le ‘Hafets ‘Haïm lui demanda à son tour :
« Et vous, où sont vos meubles ? »
Le riche répondit :
« Moi je ne suis pas d’ici. »
Le ‘Hafets ‘Haïm lui dit :
« Moi non plus, je ne suis pas d’ici ! »
Le ‘Hafets ‘Haïm était occupé à « meubler sa maison » mais dans le Monde Futur !
Les choses de ce monde ci ne l’intéressaient pas !
Il y a environ 20 ans, on commanda à notre maître le Rav Ovadia YOOSSEF z.ts.l une voiture de luxe, une très belle voiture moderne avec laquelle on pourrait conduire notre maître le Rav z.ts.l dans ses différents déplacements, comme lors de Brit Mila où on le conviait pour y être le Sandak du bébé, et pour ses cours de Torah.
Cependant, lorsque la voiture arriva en Israël, elle comportait certaines anomalies techniques de sorte que la voiture ne fonctionnait pas. Une semaine après, on l’envoya chez un garagiste afin de faire réparer les problèmes.
Pendant ce temps, notre maître le Rav z.ts.l n’avait pas de véhicule pour le conduire dans ses déplacements, et on s’arrangeait au quotidien afin que quelqu’un conduise le Rav.
Parfois son fils le Gaon Rav David, parfois un proche de la famille, de sorte que c’était toujours une personne différente, et cela provoquait souvent des empêchements ou des situations désagréables.
Au bout de quelques jours, la voiture fut ramenée du garage. Mais un nouveau problème fut découvert et elle fut de nouveau reprise par le garagiste.
Durant une longue période, notre maître le Rav z.ts.l. resta sans voiture pour le conduire, et il était tributaire des personnes de son entourage.
Durant ces jours, la presse diffusa l’information selon laquelle notre maître le Rav z.ts.l possédait une voiture de luxe, et qu’il était assurément content d’avoir une voiture aussi belle … et toute sortes d’idioties de ce genre, car les gens qui ne comprennent pas le fonctionnement de l’esprit du Gaon de la génération, sont incapables de croire qu’il ne connait même pas la marque de la voiture avec laquelle il se déplace !
Un soir, notre maître le Rav z.ts.l devait se déplacer pour aller donner un cours de Torah.
On demanda donc à l’un de ses proches de le conduire avec sa voiture. Il s’agissait d’une simple voiture qui n’était pas récente mais qui fonctionnait.
Notre maître le Rav z.ts.l prit place à côté du conducteur et lui demanda :
« Dis-moi, comment se nomme cette voiture ? »
Le conducteur répondit :
« Pourquoi le Rav demande-t-il ? »
Notre maître le Rav z.ts.l insista et demanda :
« Allez ! dis-mois comment s’appelle-t-elle ? »
Le conducteur répondit :
« Corolla. »
Un moment après, notre maître le Rav z.ts.l dit :
« Peut-être devrais-je acheter moi aussi une voiture comme celle-ci « Corolla », car elle est très bien et roule sans problèmes … »
Un homme qui est connecté à la Torah et au service divin, ressent en lui-même quel est le bonheur éternel ! Quelle élévation de l’esprit il ressent lorsque l’âme illumine !
Ainsi, il réussit à comprendre l’insignifiance des valeurs de ce monde ci, et il s’adonne à l’essentiel.
« Ce monde est comparable à un corridor devant le Monde Futur. Apprête-toi dans le corridor, afin de pénétrer dans le palais ! » (Pirké Avot chap.4 Michna 16).
Chabbat Chalom !