Dvar Torah pour vendredi 17 Tevet 5784 29 décembre 2023

Vay’hi – La force d’une bonne parole

Commentaires rédigés pour Halacha Yomit par le Gaon Rabbi Zévadya COHEN Chlita,
chef de tous les tribunaux rabbiniques de Tel Aviv

Dans notre Paracha, Ya’akov Avinou rassemble ses enfants auprès de lui et les bénit avant de quitter ce monde, comme il est dit :
« Ya’akov fit venir ses fils et il dit : " Rassemblez-vous, je veux vous révéler ce qui vous arrivera dans la suite des jours. Pressez-vous pour écouter, enfants de Ya’akov, pour écouter Israël votre Père. (béréchit 49-1 et 2)

Ensuite, Ya’akov Avinou bénit ses enfants.
Lorsqu’il s’adresse à Yéhouda, il dit : « Les yeux seront pétillants de vin et les dents toutes blanches de lait. » (Ibid.12) Ce qui signifie que la partie territoriale de la tribu de Yéhouda en Israël sera si fertile en vigne que leurs yeux en rougiront du fait de leur importante consommation de vin (« Les yeux seront pétillants de vin »).
De même, ce territoire sera fertile en terre de pâturage pour les troupeaux avec une abondance en lait, au point où leur grande consommation de lait blanchira leurs dents (« Les dents toutes blanches de lait »).

Dans la Guémara Kétoubot (111b), nos maîtres ajoutent une autre explication aux derniers termes de notre verset : « Les dents toutes blanches de lait » - Rabbi Yo’hanan dit : Celui qui fait apparaître ses dents blanches à son prochain, est plus grand que celui qui lui offre un verre de lait. Cela signifie que sourire à son prochain (par le sourire, les dents blanches apparaissent) - et que ce sourire exprime un visage bienveillant et accueillant envers son prochain – est plus grand que lui offrir un verre de lait.
Même si en souriant simplement à son prochain, on ne lui donne strictement rien si ce n’est qu’un sourire, malgré tout, la force d’un sourire et d’un visage accueillant envers son prochain, est bien plus grande que lui offrir un verre de lait.

En effet, lorsque quelqu’un reçoit un verre de lait de son prochain, il boit et ressent une satisfaction sur l’instant uniquement. Alors qu’un homme qui reçoit un sourire et une bonne parole de son prochain, reçoit un soutien et une motivation pour une longue durée, car la force d’une bonne parole reste longtemps conservée dans le cœur du bénéficiaire.

Un fait s’est produit dans la ville de Bnéi Brak.
Un matin, un Rav célèbre qui s’occupe de Chalom Baït (la paix dans les couples) s’approcha d’un simple Avre’h (chef de famille qui étudie la Torah à plein temps au Kolel) et lui dit :
« Yachar Koa’h (Bravo) ! Tu as eu le mérite de faire régner la paix au sein du foyer d’untel, chose que je n’ai pas réussi moi-même en y consacrant beaucoup de temps ! » 

Cet Avre’h était certain que le Rav faisait erreur sur la personne, et il dit au Rav :
« Vous faites erreur sur la personne ! je ne me suis jamais occupé de Chalom Baît. »
Le Rav lui répondit :
« Je ne me trompe pas. Tu as effectivement eu le mérite de faire régner la paix dans un couple, et je vais t’expliquer ce qui s’est passé :

Il y a quelques jours, un jeune étudiant en Yéchiva était assis ici et étudiait avec assiduité. Tu t’es approché de son père, tu as tapé sur son épaule, tu lui as fait un large sourire et tu lui as dit : « Quel fils tu as ! Quel grand assidu ! Heureux soient les parents qui ont eu le mérite d’élever un tel fils ! »

L’Avre’h réfléchit quelques instants et effectivement, il se souvint de ce fait.
Le Rav poursuivit et dit à l’Avre’h : « Sache mon ami que ces quelques mots que tu as adressé à ce père, ont ramené la paix au sein de son foyer, et sans que tu en aies eu spécialement l’intention, tu as eu le mérite d’accomplir la grande Mitsva de faire régner la paix entre des époux ! »

Le Rav expliqua que l’une des causes principales aux problèmes de Chalom Baït au sein des couples, est le manque de valorisation des conjoints l’un envers l’autre.
Mais le problème ne débute pas là, car l’élément principal réside dans le fait que l’époux ou l’épouse ne valorise pas … sa propre personne !
Il ne valorise pas ses forces personnelles, ses capacités.
Et de manière automatique, lorsqu’une personne se trouve dans une crise de manque de confiance envers elle-même, elle ne valorise pas l’autre.

Dès lors où la personne se sent élevée, elle reconnaît ses capacités et ses réalisations, son moral est donc plus élevé et elle est donc davantage disposée à honorer et à valoriser d’autres personnes.

La règle est simple : Lorsqu’un homme a de la lumière dans les yeux, cette lumière se diffuse sur tous ceux qui l’entourent. Il a maintenant la possibilité de montrer un visage accueillant et bienveillant envers son épouse et ses enfants, de les considérer correctement, et de sentir que son foyer est le meilleur endroit du monde !

Il arrive souvent que l’on soit moralement sombre pour une raison quelconque.
Quand soudain, on rencontre un ami qui nous adresse une bonne parole, qui nous sourit et qui nous fait le plus petit compliment soit-il, et qui nous sort en l’espace d’un instant de l’obscurité vers la grande lumière !
Alors que l’on se trouvait avec un moral très bas jusqu’à il y a un court instant, attristé et déprimé, on se transforme soudain en une personne joyeuse et de bonne humeur, qui diffuse cette joie et cette bonne humeur à tout son entourage ! Et tout ceci grâce à une bonne parole et un simple sourire !

Alors pourquoi nous est-il si difficile de sortir une bonne parole de la bouche ?!

Nous devons apprendre à encourager, à faire des éloges, et à soutenir ceux et celles qui nous entourent, aussi bien dans le cadre du couple, aussi bien dans nos relations avec notre prochain.
Ainsi, nous aurons le mérite d’accomplir l’enseignement de nos maîtres :
« Celui qui fait apparaître ses dents blanches à son prochain est plus grand que celui qui lui offre un verre de lait. »

Chabbat Chalom