Dvar Torah pour vendredi 25 Kislev 5784 8 décembre 2023

Chabbat ‘Hanouka

Commentaires rédigés par le Gaon Rabbi Ya’akov SASSON Chlita,
directeur de notre site Halacha Yomit, et digne petit-fils de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l

Il est rapporté dans la Méguila de Antiochos (citée dans le Siddour Beit ‘Oved page 165) que le roi Antiochos Epiphane, roi de Grèce, était un persécuteur des juifs.
Il dit à son peuple :
« Les juifs – qui vivent à Jérusalem – ont une religion différente de tous les peuples. Ils n’observent pas la religion du roi. C’est pourquoi, nous devons leur faire la guerre. Nous devons abolir leurs commandements, celui du Chabbat, de la Mila, et celui des jours de Roch ‘Hodech ». (Il voulait abolir le calendrier juif).

C’est alors qu’une gigantesque armée se leva, une armée composée d’environ
120 000 soldats grecs, accompagnés de nombreux autres soldats issus des pays alliés des grecs, des environs de la Macédoine. Ils étaient aussi nombreux que le sable de la mer, ils avaient des éléphants dressés à faire la guerre. Ils se préparèrent à faire la guerre à Israël.

Yéhouda Ha-Makabi et Yo’hanan fils de Matityahou entendirent la nouvelle.
Ils ordonnèrent à tout le peuple de jeûner et de prier Hachem afin qu’Il leur vienne en aide, et qu’Il les sauve de la main de leur ennemi. Ils firent ainsi.
De très nombreux juifs fidèles à la Torah observèrent le jeûne dans les pleurs durant 3 jours consécutifs. Ensuite, ils s’apprêtèrent à faire la guerre.

Yéhouda et ses hommes se levèrent pour l’affrontement, et Hachem leu inspira l’esprit héroïque. Hachem donna les plus forts dans la main des plus faibles, et les plus nombreux dans la main des moins nombreux. Israël remporta la victoire !
Dès le début de la guerre, les juifs tuèrent environ 4 000 de leurs ennemis.
Une grande panique s’empara du camp ennemi au point où ils s’entretuèrent par erreur. Le nombre total d’ennemis tués s’éleva à environ 700 000 porteurs d’épée !

Les ennemis s’enfuirent chacun de son côté. Les ‘Hachmonaïm (famille de Cohanim) retournèrent à Jérusalem au son de la victoire. Ils allumèrent de nouveau les Nérot de la Ménora du Temple. Hachem délivra son peuple - qui observe Ses commandements et Ses lois -  de la main de ses persécuteurs et de ceux qui cherchent à lui faire du mal, et c’est ainsi que la couronne du prestige d’Israël reprit sa place.

Nos maîtres enseignent dans le Midrach sur un verset du Chir Ha-Chirim :
Le verset dit : « Les mandragores répandent leur parfum ; à nos portes se montrent les plus beaux fruits … ». Nos maîtres commentent : Les mandragores répandent leur parfum – Il s’agit de Réouven. A nos portes se montrent les plus beaux fruits – Il s’agit des Nérot ‘Hanouka.
Apparemment, quel rapport peut-il y avoir entre Réouven et les Nérot ‘Hanouka ?

Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l explique que lorsque le Midrach nous parle des « mandragores de Réouven », il s’agit des mandragores trouvés par Réouven et qu’il donna à sa mère Léa. Lorsque Ra’hel vit les mandragores dans les mains de sa sœur, elle lui demanda de lui en donner. Léa lui en donna et en récompense, elle tomba de nouveau enceinte et accoucha de Issa’har (Voir livre de Béréchit, Paracha de Vayétsé).
C’est donc par le mérite des mandragores de Réouven que Issa’har est né.
Or, Issa’har représente le génie de la connaissance de la Torah.
En effet, 200 chefs de Sanhédrin
(tribunal rabbinique suprême, seule et unique autorité à pouvoir prononcer une condamnation à mort selon les lois de la Torah) sont issus de la tribu de Issa’har.
Le mérite de la Torah – qui s’exprime de manière particulière chez Issa’har – nous a fait obtenir la délivrance d’Hachem, et allumer les Nérot ‘Hanouka.
C’est pourquoi, Les mandragores répandent leur parfum et c’est grâce à eux que s’est réalisé la suite du verset à nos portes se montrent les plus beaux fruits qui représente les Nérot ‘Hanouka qui viennent diffuser à tous la lumière supérieure.

Nous pouvons encore expliquer une notion qui nous touche tout particulièrement en ce moment, en cette période où il y a une plus grande union au sein du peuple d’Israël. Cette union possède un sens très profond, car Hachem aime lorsque la paix règne au sein de Son peuple, en particulier à ‘Hanouka.

Voici les paroles du prophète Yirméya (24-1 et 2) :
« Hachem m'invita à regarder, et voici, deux tonneaux (Doudaïm) de figues … L'un des tonneaux contenait des figues de tout point excellentes, … l'autre, des figues tout à fait mauvaises, si mauvaises qu'elles n'étaient pas mangeables. »
(Le terme hébreu employé ici pour dire « tonneau » est « Doud », qui est le même terme pour désigner la « mandragore » en hébreu).
Nos maîtres commentent ce verset dans la Guémara ‘Erouvin (21b) :
Les figues excellentes représentent les véritables Justes. Les figues mauvaises représentent les véritables impies.
Nos maîtres poursuivent et disent :
Peut-être penserions-nous que les véritables impies n’ont aucun moyen de réparation, et plus précisément selon les termes de la Guémara « Ils n’ont plus la moindre chance », à l’instar de ces figues détériorées ?
Sache qu’il n’en est rien, car il est dit : « Les mandragores (Doudaïm) répandent leur parfum », ce qui signifie que les uns comme les autres sont appelés à répandre un parfum.

A la lueur de cet enseignement, nous pouvons rejoindre celui de notre maître le Rav z.ts.l, précédemment cité :

En effet, « Les mandragores répandent leur parfum » font allusion aux mandragores de Réouven par le mérite desquels Issa’har est né. Issa’har représente le fondement de l’érudition de la Torah au sein du peuple d’Israël.
Mais les mandragores représentent aussi à la fois les Justes et les Impies du peuple d’Israël
(comme nous l’enseigne le verset de Yirméyahou cité précédemment et commenté par nos maîtres).
Tout ceci vient nous apprendre un fondement :
Pour que la paix au sein du peuple d’Israël est un sens éternel, il est tout à fait approprié de rapprocher tous les membres du peuple d’Israël vers la Torah, et d’exploiter les étincelles de sainteté qui brilles dans les cœurs, afin de motiver à un renforcement dans la Torah et dans la crainte du Ciel, afin que cette paix ne soit pas une simple paix entre gens quelconques, mais une paix de qualité entre gens de Torah et qui craignent le Ciel.

Et si nous avons le mérite que Les mandragores répandent leur parfum, les Justes et les impies, si chacun se renforce grâce à l’autre, alors ces « mandragores » donneront un bon parfum, les gens éloignés de la Torah au sein du peuple d’Israël se rapprocheront de la Torah, ils aimeront la Torah, ils aimeront les érudits de la Torah.
De même, du côté des gens de Torah, l’amour se multipliera envers l’ensemble du peuple d’Israël, sans haine, ni division.
Par le mérite de tout cela, nous obtiendront qu’à nos portes se montrent les plus beaux fruits, à l’instar des Nérot ‘Hanouka qui éclairent l’extérieur, ainsi le bon renom du peuple d’Israël se fera connaître à travers le monde. Israël sera une grande lumière pour les nations, et nous mériteront la rédemption totale, ainsi que l’allumage des Nérot de la Ménorah dans le Temple et l’allumage des Nérot ‘Hanouka, car la fête de ‘Hanouka ne disparaîtra jamais.

Chabbat Chalom!