Dvar Torah pour vendredi 4 Kislev 5784 17 novembre 2023

Toledot

Commentaires du Gaon Rabbi Ya’akov SASSON Chlita
(Petit-fils de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l, et directeur de notre site Halacha Yomit)

Notre Paracha nous raconte comment Rivka Iménou – après les prières de son mari Its’hak Avinou afin qu’elle ait le mérite de tomber enceinte – constatant les difficultés lors de sa grossesse, comprit qu’il était question d’une grossesse de jumeaux, et le texte dit :

« Comme les enfants s'entre poussaient dans son sein, elle dit : " Si cela est ainsi, pourquoi dois-je vivre ceci ! " Et elle alla consulter Hachem ».

Rachi explique que Rivka se dit : « Si la souffrance de la grossesse est si difficile, « pourquoi dois-je vivre ceci ?, pourquoi dois-je désirer et prier pour une grossesse ?! »

Mais les choses sont extrêmement difficiles à comprendre !
En effet, si Rivka est restée si longtemps stérile et qu’elle supplia autant Hachem afin de mériter une grossesse, même si elle subit à présent une grande souffrance, il n’est pas raisonnable de vouloir pour autant que la grossesse s’achève !
De nombreuses femmes souffrent avant de mériter une grossesse, et continuent de souffrir même durant les mois de leur grossesse, mais elles ne désireraient jamais pour autant que leur grossesse soit interrompue.
Il est donc évidement inconcevable que la Tsaddeket Rivka – qui désire des enfants afin d’établir une lignée pour le peuple d’Israël – puisse vouloir l’interruption de sa grossesse sans avoir atteint son objectif!

Rabbénou ‘Haïm Ben ‘Attar – le Or Ha-‘Haïm Ha-Kadoch – explique parfaitement les choses :

Rivka a effectivement prié pour une grossesse, mais elle désirait évidement une grossesse réussie, qui aboutirait sur une naissance.
Mais lorsqu’elle constata que les enfants « s’entre poussaient en elle » - et pour être plus précis, tentaient de « s’écraser » mutuellement – elle comprit que - visiblement – sa grossesse n’allait absolument pas tenir, car au contraire, les jumeaux ont généralement pour nature d’être complaisants l’un envers l’autre, et ils ne cherchent pas à se nuire mutuellement. Elle sentit qu’il y avait une sorte de « guerre » en elle, et elle en fut donc étonnée : Pourquoi obtenir une telle grossesse qui aboutira sur une déception ?!

C’est pourquoi, elle alla « consulter Hachem », elle alla demander que l’on prie pour elle, et qu‘on lui indique quel sera l’aboutissement de sa grossesse, car sinon, « Pourquoi dois-je vivre ceci ?! », comme si elle désignait son ventre en disant le mot « ceci », pourquoi « ceci » ?! A quoi cette grossesse est-elle destinée ??
Lorsqu’elle fit part de toutes ses interrogations dans la Maison d’Etude de Chem, Hachem lui répondit : qu’il y avait « deux nations en elle », et c’est pour cela qu’ils se poussent mutuellement, mais en définitif, la grossesse sera réussie, et elle aura le mérite de parvenir à une bonne naissance en bonne santé et en paix.

Nous devons nous pencher sur une marque de grandeur de la personnalité de Rivka.
En effet, nous constatons que lorsque Rivka désirait une grossesse, elle pria Hachem avec son mari afin qu’Hachem lui donne une grossesse.
Mais lorsqu’elle se trouve dans une grande détresse, lorsque les enfants se bousculent en elle et qu’il semble que la rigueur divine s’abat sur elle, elle a l’intelligence de comprendre qu’elle se doit de faire quelque chose de particulier, qu’elle doit augmenter les prières de manière particulière, et elle va donc « consulter Hachem », elle se tourne vers D.ieu, afin d’apprendre et de comprendre ce qu’elle doit faire de plus afin d’améliorer sa situation.

Il y a environ deux semaines, nous avons tous appris la nouvelle de la libération de l’une des otages (la jeune fille, soldat de Tsahal, Ori Bat Margalite MEGUIDECH qu’Hachem lui accorde une excellente vie) des mains des assassins du ‘Hamas.
Après sa libération, son père et sa mère – des gens précieux, qui ont une Emouna (une foi) pure, propre aux Séfaradim qui ont en eux un amour d’aHachem brûlant comme le feu – ont expliqué leur heureux étonnement : comment ont-ils mérité un si grand miracle ?! Parmi tous les otages (qu’Hahcem les délivre tous, rapidement et en bonne santé, Amen), leur fille a été la première à être délivrée, et en bonne santé Barou’h Hachem ?? Comment expliquer une telle chose ?? En particulier, du fait que de nombreux parents d’otages ont œuvré par tous les moyens possibles afin de ramener leurs proches, en faisant appel à des politiques et par des actions diplomatiques, ou autre.
Mais ces gens, les parents de Ori, ne se sont absolument pas distingués par ce genre d’actions, et ils ont malgré tout mérité la délivrance en premier, d’une manière quasiment surnaturelle, car ni l’otage ni aucun soldat n’ont été atteints, ni durant la captivité ni durant l’opération de sauvetage. Quel est le secret de la chose ?

Lorsque la mère de Ori s’est tenue devant la presse, elle déclara une seule chose :
« Merci Maître du monde !! Il n’existe rien d’autre que Toi !! »

En réalité, durant trois semaines, les membres de la famille de Ori se sont démenés, mais qu’ont-ils fait ?
Ils ont agi de la manière la plus efficace :
La prière et les supplications à chaudes larmes ! Ils ont augmenté les mérites !
Ils se sont renforcé dans l’observance du Chabbat ! Ils ont organisé une « Hafrachat ‘Halla (prélèvement de la ‘Halla) avec des prières de nombreuses femmes qui pleuraient ! Ils ont inauguré un nouveau Séfer Torah et l’ont introduit dans la chambre de leur fille captive ! Ils ont invité des dizaines de Avré’him (étudiants de la Torah) afin qu’ils étudient avec assiduité à proximité de la maison familiale ! Ils sont allés consulter des Rabbanim connus et ont demandé leur bénédiction !
Ils ont véritablement « manifesté » ! Pas devant des êtres humains « preneurs de décisions », mais devant le Maître du monde ! Ils ont véritablement retourné les mondes supérieurs ! De telles prières du fond du cœur, de telles actions pour éveiller la miséricorde ont été acceptées ! La délivrance est arrivée !

Nous apprenons donc quelle est la force de la prière !
Et en particulier, quelle est la force d’un éveil spirituel particulier !
Lorsqu’une personne se trouve dans une difficulté précise, elle se met à prier encore et encore, et si elle constate que la difficulté augmente et qu’elle entre dans une détresse encore plus grande, elle doit comprendre que ce n’est non seulement pas le moment de désespérer et de s’affaiblir dans la prière, mais au contraire, elle se doit d’augmenter encore et encore les mérites et les prières, d’implorer davantage la miséricorde divine sans relâche, jusqu’au moment où Hachem écoutera les prières, qu’il pardonne et qu’il prenne en pitié !

Hachem est bon et prodigue le bien à tous !
Même lorsque – par nos nombreuses fautes – arrivent de mauvais décrets, Hachem écoute encore les prières !
Nous avons entendu le témoignage d’une femme, habitant un Kibbouts, et qui n’observait absolument pas le Chabbat :
Lors de l’attaque des terroristes, cette femme séjournait dans le Mamad (chambre forte), et plusieurs miracles et merveilles lui sont arrivés ! Les terroristes n’ont pas réussi à forcer sa porte alors qu’ils avaient tiré dessus à plusieurs reprises (ils avaient même fait de sa maison une position afin de combattre les soldats d’Israël) !
Elle avait même de l’eau et une couverture ! Elle eut même la présence d’esprit de fuir par la fenêtre de la pièce au bon moment !
Et lorsqu’on lui demanda plus tard : « Que s’est-il passé pendant tout ce temps ? »
Elle répondit : « J’ai prié D.ieu par toutes les manières que je connaissais ! Je l’ai appelé avec tous les termes que je savais : « Hachem ! » Hakadoch Barou’h Hou ! » « Elokim ! » « Reubbi ! » (en arabe), de toutes les manières possibles ! J’ai supplié encore et encore ! Je suis resté assise durant des heures et j’ai supplié D.ieu afin qu’il me protège, et je ne savais absolument pas que j’étais si croyante en D.ieu !

J’ai véritablement ressenti de quelle manière on me protégeait depuis le Ciel ! »

Nous constatons que même dans les ténèbres les plus profondes, en des temps d’une terrible obscurité, les bontés d’Hachem sont incessantes, car Sa pitié est sans fin !
En particulier, lorsqu’on se trouve en guerre face à une nation vile, les arabes qui entourent notre pays – comme expliqué dans la Guémara Kétoubot (66b) : Même si des particuliers tombent – par nos nombreuses fautes - dans leurs mains, Hachem ne donne pas tout le peuple d’Israël dans les mains de cette nation immonde (comme expliqué dans la Guémara ‘Haguiga 13b).
Nous devons donc nous renforcer et nous souvenir que la délivrance n’appartient qu’à Hachem, et qu’il en soit Sa volonté que tout le peuple d’Israël ait le mérite de se repentir sincèrement dans le calme et la tranquillité !

Que depuis le ciel, Hachem prenne en pitié et que l’on entende de bonnes nouvelles, des délivrances et des consolations, « Tsion sera racheté par le jugement, et ses repentants par la Tsédaka ! » (Yécha’ya 1-27).

Chabbat Chalom