Dvar Torah pour vendredi 9 Iyar 5784 17 mai 2024

EMOR

Commentaires rédigés par le Gaon Rabbi Ya’akov SASSON Chlita,
directeur de notre site Halacha Yomit, et digne petit-fils de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l

Notre Paracha nous enseigne au sujet des Cohanim :
קְדֹשִׁים יִהְיוּ לֵאלֹקיהֶם וְלֹא יְחַלְּלוּ שֵׁם אֱלֹקיהֶם כִּי אֶת אִשֵּׁי ה' לֶחֶם אֱלֹקיהֶם הֵם מַקְרִיבִם וְהָיוּ קֹדֶשׁ. (ויקרא כא-ו)

Ils doivent rester saints pour leur D.ieu, et ils ne profaneront pas le nom de leur D.ieu; car ce sont les sacrifices d’Hachem, c'est le pain de leur D.ieu qu'ils ont à offrir: ils doivent être saints. (Vaykra 21-6).

La Torah donne une mise garde aux Cohanim, en leur ordonnant de se distinguer du reste du peuple par une sainteté supérieure (en ne contractant pas une impureté mortuaire), car ils sont sanctifiés à Hachem.
De ce fait, ils se doivent d’être plus saints que le reste du peuple.

Pourquoi la Torah introduit cette mise en garde par les termes : « Dis au Cohanim, enfants de Aharon, tu leur diras … » ? Il était suffisant d’écrire : « Dis aux Cohanim » !
Rachi commente : « Afin de mettre en garde les adultes pour les enfants. » (Que les adultes disent aux enfants).
La Torah ordonne et met en garde de manière explicite les Cohanim adultes afin qu’ils veillent à ce que leurs enfants aussi ne se rendent pas impurs au contact ou en présence d’un mort (car un Cohen n’est pas autorisé à se rendre impur par un mort. Par exemple, en étant présent dans un cimetière, ou dans la même maison qu’un mort).

Certains expliquent encore les propos de Rachi « Afin de mettre en garde les adultes pour les enfants. » ainsi :
Les adultes sont mis en garde de se conduire dans une sainteté et une pureté supérieures, afin que les enfants apprennent d’eux comment se comporter.

Mais si l’on médite sur ces versets, une difficulté subsiste :
Le texte dit aux Cohanim dans un premier temps : « Ils doivent rester saints », ce qui signifie être à un niveau supérieur au reste du peuple.
Puis, le texte dit encore aux Cohanim : « et ils ne profaneront pas le nom de leur D.ieu ».
Pourtant, la « profanation » est l’antithèse de la « sainteté ». En effet, si une personne n’est pas sainte, cela ne signifie pas pour autant qu’elle est profanée.
Pourquoi la Torah ordonne-t-elle aux Cohanim non seulement de rester saints, mais aussi de ne pas profaner le Nom d’Hachem ?

En réalité, la Torah nous apprend ici un élément fondamental :
Sur le chemin de l’élévation de l’homme dans le Service d’Hachem, il n’y a pas de place aux compromis ! Il n’y a pas de « juste milieu » que l’homme pourrait choisir !
Cela ne serait absolument pas qualifiable de « Service d’Hachem » !

Par ses actes, soit l’homme « sanctifie le Nom d’hachem », soit -  à D.ieu ne plaise – « profane le Nom d’Hachem ».
C’est pour cela que la Torah vient nous prévenir : « Ils doivent rester saints », car s’ils ne sont pas saints, ils profanent le Nom de leur D.ieu !     

Le chemin de la Torah ne connait aucun compromis, il est impossible d’introduire la moindre réforme dans les Mitsvot, de renoncer à une partie d’entre elles.
Constatons nous-mêmes : ceux qui ont tenté de prétendre que certaines Mitsvot ne concernaient que les gens d’un haut niveau de piété, ou qui ont tenté d’abolir totalement certaines Mitsvot, ont tous fini par s’écarter totalement de la Torah.
C’est à ces gens que s’adresse notre verset : « et ils ne profaneront pas le nom de leur D.ieu ».

Le peuple d’Israël prononce chaque jour le « Chéma’ », dans lequel il est dit :
וְהָיָה, אִם-שָׁמֹעַ תִּשְׁמְעוּ אֶל-מִצְו‍ֹתַי, אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוֶּה אֶתְכֶם, הַיּוֹם--לְאַהֲבָה אֶת-ה' אֱלֹקיכֶם, וּלְעָבְדוֹ, בְּכָל-לְבַבְכֶם, וּבְכָל-נַפְשְׁכֶם. (דברים יא-יג).
Or, si vous écoutez les lois que je vous impose en ce jour, aimant Hachem votre Dieu, le servant de tout votre cœur et de toute votre âme. (Dévarim 11-13).
Et immédiatement après :
הִשָּׁמְרוּ לָכֶם, פֶּן יִפְתֶּה לְבַבְכֶם; וְסַרְתֶּם, וַעֲבַדְתֶּם אֱלֹהִים אֲחֵרִים, וְהִשְׁתַּחֲוִיתֶם, לָהֶם. (שם טז).
Prenez garde que votre cœur ne cède à la séduction, que vous ne deveniez infidèles, au point de servir d'autres dieux et de se prosterner à eux. (Ibid.16).

Ces deux versets nous montre eux-aussi la finesse de cette nuance entre les deux extrêmes : « servir Hachem de tout son cœur et de toute son âme » et « prendre garde à ce que notre cœur ne se laisse pas séduire ».
Tout ceci, parce qu’il n’y a pas de « juste milieu » dans le Service d’Hachem, car si l’homme se soumet à son Yétser Hara’ (son mauvais penchant) ne serait-ce que sur une chose qui lui semble « petite », il finira par aller et trébucher sur les fautes les plus graves !

Bien évidemment, nos propos signifient que même « s’il n’existe pas d’homme juste sur terre, qui fera le bien sans fauter », malgré tout, même si un homme trébuche – à D.ieu ne plaise – sur un interdit, il peut encore s’élever de nouveau dans le Service d’Hachem.
Mais s’il trébuche dans son cœur sur des fautes en rapport avec les conceptions, en adoptant une conception renégate envers la Torah, même s’il n’est pas réellement un renégat, mais qu’il émet un commentaire inexact sur la pratique des Mitsvot, en essayant d’assouplir l’obligation de la pratique des Mitsvot au moyen de faux arguments -  comme ceux qui méprisent les gens méticuleux dans la pratique des Mitsvot, ou comme celui qui est complètement immergé dans la faute et qui ne désire absolument pas se repentir – de telles personnes sont vouées à la perte d’un point de vue spirituel.

C’est le sens de l’enseignement de nos maîtres, selon lequel Hachem n’exila pas son peuple ni ne détruit le Temple – pas même à cause des fautes de la débauche, du l’idolâtrie ou du meurtre. Mais pour quelle raison les a-t-il châtiés ? « Parce qu’ils ont abandonné ma Torah ». Parce qu’ils ont transgressé la faute de ne pas consacrer du temps à l’étude de la Torah Bitoul Torah).

Cela signifie qu’un homme se trouvant à un niveau tellement bas, au point de commettre des fautes terribles, la réclamation essentielle contre lui ne sera pas vis-à-vis des graves fautes qu’il commet, puisqu’il n’y a plus grand-chose à attendre d’un homme descendu si bas.
La réclamation – dans toute la rigueur du jugement – se fera sur le fait qu’il s’est laissé lui-même la possibilité de dégringoler sur une pente raide, en ne consacrant pas du temps à l’étude de la Torah, car s’il avait continué à fixer quotidiennement des moments pour étudier la Torah, il est certain qu’il ne serait pas tombé dans l’Abîme.

Nous devons avoir une exigence toute particulière à nous préserver afin de servir Hachem de la façon la plus parfaite, car si - à D.ieu ne plaise – nous nous donnons la possibilité de descendre de niveau ne serait-ce que légèrement, nous ne pouvons pas savoir où nous arriverons, qu’Hachem nous préserve.
Mais celui qui craint constamment Hachem, et s’efforce de préserver son niveau spirituel, en augmentant encore et encore le service de son Créateur, il lui est assuré une réussite dans le Service d’Hachem, et il connaîtra le bien dans ce monde comme dans l’autre.

Chabbat Chalom !