Divré Torah rédigé par le Gaon Rabbi Zévadya Ha-Cohen Chlita - Chef des tribunaux rabbiniques de Tel Aviv - pour Halacha Yomit
Ce Chabbat se nomme « Chabbat Chouva » sur le nom de la Haftara que nous lisons ce Chabbat, qui débute par les mots « Chouva Israël » (Repens-toi Israël).
Ce Chabbat représente une préparation à Yom Kippour, sur lequel il est dit dans la Torah: « Car en ce jour, Il (Hachem) vous expiera afin de vous purifier, de toutes vos fautes devant Hachem, vous serez purifiés ».
Notre maitre le RAMBAM explique l’essentiel du repentir en ces termes:
« En quoi consiste le repentir? Le fauteur doit abandonner sa faute, la chasser de sa pensée, décider dans son cœur de ne plus récidiver, comme il est dit: « L’impie abandonnera sa voie ». De même, il doit regretter le passé, comme il est dit: « Car après m’être repenti, j’ai regretté (le passé) », et il devra prendre à témoin Celui qui connait les choses cachées (Hachem) qu’il ne reviendra jamais plus à cette faute. Il doit aussi avouer et détailler explicitement ses fautes.
Juste avant cet enseignement, le RAMBAM écrit:
« Yom Kippour est le moment propice au repentir pour tous, pour le particulier comme pour la collectivité. Il est l’aboutissement du pardon et de l’expiation d’Israël.
Par conséquent, chacun est tenu de se repentir et d’avouer ses fautes le jour de Yom Kippour. »
Ainsi, lors de la Né’ila, l’individu arrive en étant entièrement pur et propre, et il mérite d’être scellé pour une vie bonne et paisible. Ceci est l’essentiel et l’entité même de ce jour puissant et redoutable, Yom Kippour.
Certes, nous demandons aussi dans nos prières ce jour-là des choses personnelles, comme « scelles-nous dans le Livre de la Vie, inscris-nous dans le Livre de la bonne subsistance etc … ». Certains ajoutent même des demandes personnelles selon les besoins, santé, Parnassa, avoir des enfants, bons mariages pour les enfants ou pour soi-même etc …
Mais nous devons nous rappeler que l’essentiel de ce grand jour est le repentir et l’engagement pour le futur.
Bien évidemment, afin de vivre une vie de Torah convenable, nous avons besoin aussi de santé, de Parnassa et du reste, et c’est pourquoi il est approprié de prier pour ces choses-là. Mais tout ceci n’est qu’accessoire au repentir et aux bonnes actions, ainsi qu’à l’accomplissement des Mitsvott de la Torah.
Un jour, un grand Admour (chef spirituel ‘Hassidique) très connu reçu la visite de l’un de ses ‘Hassidim la veille de Yom Kippour, qui était venu prendre une bénédiction de son Rebbe pour une bonne Paranassa, pour la richesse et la réussite dans ses affaires. Le Rebbe se mit en colère contre lui et lui dit:
« C’est tout ce que tu demandes?! Ne sommes-nous pas veille de Yom Kippour?! » Il s’énerva et le chassa.
Le ‘Hassid eut honte et se réfugia dans un coin de la pièce.
Un moment plus tard, un autre ‘Hassid se présenta devant le Rebbe en lui demandant des conseils sur des choses personnelles, et demanda ensuite une bénédiction au Rebbe. Le Rebbe le bénit de tout son cœur, afin qu’il mérite une bonne Parnassa et la réussite dans ses affaires, la richesse et la pleine réussite.
Le premier ‘Hassid - qui fut chassé par le Rebbe – s’étonna et se tourna vers le Rebbe en lui demandant: « Rabbi! Pourquoi t’es-tu comporté si agréablement envers mon ami, et pourquoi l’as-tu béni d’une bonne Parnassa, alors que je me suis présenté devant toi avec une demande similaire et tu m’as chassé avec humiliation?? »
Le Rebbe lui répondit:
« Je vais te dire à quoi la chose est-elle comparable. A un commerçant en diamants qui avait acheté de l’or, des diamants et des joyaux très précieux au magasin d’un vendeur de bijoux connu. Lorsqu’il s’apprêta à charger sa marchandise sur son charriot, il constata que les roues du charriot coinçaient par manque d’huile.
Il se tourna vers le vendeur et lui demanda s’il avait un peu d’huile pour graisser les roues du charriot. Immédiatement, le vendeur accéda à sa demande et lui donna de l’huile pour les roues du charriot.
Un autre cocher simple se trouvait sur place et observa la scène.
Il se tourna lui aussi vers le vendeur de bijoux et lui demanda lui aussi un peu d’huile pour son charriot. Le vendeur lui dit:
« Ici c’est un magasin de bijoux, pas un garage pour réparer les charriots! Je ne te donnerai pas d’huile! »
Le cocher lui demanda: « Mais à celui qui était là juste avant moi tu as donné de l’huile généreusement et gratuitement! Pourquoi agis-tu ainsi avec moi?! »
Le vendeur de bijoux lui répondit:
« Celui qui était là avant toi m’a acheté de la marchandise pour une somme de 100 000 $, et il m’a demandé un peu d’huile afin d’emporter toute sa marchandise là où il le désire. Mais toi qui ne désire uniquement de l’huile pour le charriot, tu dois aller dans un garage, là-bas ils te vendront l’huile pour réparer le charriot, mais pas chez moi. »
« Il en est de même – dit le Rebbe au ‘Hassid déçu -. Le ‘Hassid qui est venu il y a juste un moment, est venu prendre des conseils sur l’éducation de ses enfants, et sur l’acceptation du joug de la Royauté Divine au sein de son foyer, sur la pratique de la bonté et des Mitsvott. Ce n’est qu’à la fin qu’il m’a demandé une bénédiction pour une bonne Parnassa, afin de pouvoir accomplir toutes ses ambitions spirituelles. Un tel homme peut réellement demander une bénédiction la veille de Yom Kippour.
Mais toi - qui n’a recherché que la richesse et la réussite dans les affaires - tu ne peux pas réclamer une bénédiction! »
Ceci est dans la pratique la véritable morale que nous devons retenir à l’approche de Yom Kippour, dont l’essentiel est le repentir et l’acceptation du joug de la Royauté Divine et le joug de la Torah. Ce n’est que pour les besoins de tout ceci que nous demandons aussi pour notre santé, pour notre Parnassa et pour tous les autres bons décrets.
Chana Tova! Que tout le peuple d’Israël soit inscrit et scellé dans le Livre de la Vie!