Dvar Torah pour vendredi 25 Tammuz 5783 14 juillet 2023

Parasha de Matot-Mass’é

Matot
La vengeance contre Midian et la reconnaissance
« Réalise la vengeance des Bené Israël contre Midian, ensuite tu rejoindras tes pères. » (Bamidbar 32-2)

Sifré
Cela indique que la mort de Moshé est retardée par la guerre contre Midian, et malgré cela, Moshé va et agit avec joie.

Quelle pureté de cœur de la part de Moshé Rabbenou!!

Hashem vient d’informer Moshé Rabbenou que sa mort « dépend » de la réalisation de son ultime mission: mener une guerre punitive contre Midian, et en d’autres termes, tant qu’il n’aura pas rempli cette mission, il ne meurt pas. C’est d’ailleurs pour cela que le texte affirme que le peuple a fourni à contre cœur les soldats pour mener cette bataille, sachant pertinemment que la mort de leur maître – Moshé Rabbenou – dépendait de la réalisation de cette tâche.
Mais Moshé Rabbenou quand à lui, ne tient compte d’aucun paramètre et se hâte de faire partir le peuple à la bataille ordonnée par Hashem.

Qu’est ce qui motive Moshé Rabbenou à agir de la sorte?
La réponse à cette question se trouve dans le verset suivant:
« Moshé parla au peuple en ces termes: fournissez des hommes pour l’armée, afin qu’ils partent en campagne contre Midian, afin de réaliser la vengeance d’Hashem contre Midian. » (Bamidbar 32-3)
Le Midrash souligne la modification que l’on trouve dans les propos de Moshé Rabbenou: « la vengeance d’Hashem » alors que dans le verset précédent, nous constatons qu’Hashem lui ordonne de réaliser « la vengeance des Bené Israël ».

Moshé Rabbenou vit dans l’ordre de mener une guerre punitive contre Midian, un moyen de venger la honte et le blasphème du Nom d’Hashem que Midian a causé en incitant les Bené Israël à la débauche, beaucoup plus que les dramatiques conséquences sur le peuple, à savoir la mort de 24 000 personnes du fait de la colère d’Hashem.
Vue d’une telle façon, il n’était donc pas question pour Moshé Rabbenou de retarder la réalisation de cet ordre, même si cela doit activer le moment de sa mort. Il s’est donc empressé d’accomplir – dans la joie – la volonté de son Créateur.

Ces propos nous amènent à un étonnement supplémentaire:
Si la réalisation de cet ordre était si importante aux yeux de Moshé Rabbenou, comment se fait-il qu’il délègue Pin’hass et El’azar pour diriger la bataille, alors que l’ordre d’Hashem était explicite: « Réalise la vengeance des Bené Israël contre Midian… » ce qui signifie « Réalise par toi-même ».?

Cette question a déjà été abordée par les Sages du Midrash Rabba et Tan’houma.
En effet, sur le verset « Moshé les envoya… » nos Sages demandent:
Hashem demande à Moshé de réaliser la vengeance par lui-même, et il délègue d’autres personnes pour le faire?!

En réalité, Moshé Rabbenou a grandit à Midian.
Il se dit: Il n’est pas « légal » que je frappe moi-même celui qui m’a prodigué du bien.
Le proverbe dit: « Ne jette pas la pierre dans le puits duquel tu as bu. »

Nous pouvons apprendre d’ici combien est précieuse la qualité de la reconnaissance.

Comment Moshé Rabbenou peut à la fois exprimer autant d’empressement à accomplir un ordre Divin, même si l’accomplissement de cet ordre signifie pour lui la fin de sa mission sur terre, et simultanément, il se retient d’accomplir cet ordre par lui-même – bien que l’ordre était explicite « Réalise la vengeance des Bené Israël contre Midian… ». Tout ceci pourquoi? Par reconnaissance.

De plus, qu’est ce que peuvent représenter les habitants de Midian, et quel est le sens du bien qu’ils ont prodigué à Moshé Rabbenou, face au fait qu’ils ont incité Israël à la débauche et provoqué la mort de 24 000 Bené Israël par la colère d’Hashem? Ce crime n’est-il pas dramatique face à la « bonté » qu’ils ont prodiguée à Moshé Rabbenou?!

Malgré tout, le sentiment de « ne pas jeter la pierre dans le puits duquel il a bu » prend le dessus sur tous les calculs et ne laisse pas Moshé Rabbenou sortir lui-même en guerre contre ses bienfaiteurs.

L’empressement à accomplir les Mistvot d’Hashem ne doit pas faire d’ombre aux règles du savoir vivre!!

Mass’é
Mass’é Béné Israël – les étapes: Faire Teshouva sans devenir amnésique!
« Voici les différents voyages que les Béné Israël ont effectué lorsqu’ils ont sortis d’Egypte, par la main de Moshé et d’Aharon. » (Bamidbar 33 – 1 Début de notre Parasha)

Rashi
L’énumération de toutes ces étapes est comparable à un roi dont l’enfant est malade et que son père emmène dans un endroit lointain afin de le soigner. Sur le chemin du retour, le roi montre à son fils tous les endroits par lesquels ils sont passés à l’aller, en lui rappelant: ici,  nous avons dormis ; ici, nous nous sommes rafraîchis ; ici, tu as eu mal à la tête…

Question: Quel rapport y a-t-il entre les exemples choisis par Rashi et les Béné Israël? N’avaient-ils pas le droit de dormir ou de se rafraîchir?

Réponse: Ici, nous avons dormis est une allusion au fait que les Béné Israël dormaient le matin de Matan Torah (le don de la Torah) et qu’ Hashem fut dans l’obligation de les réveiller.

Ici, nous nous sommes rafraîchis est une allusion au refroidissement spirituel que Amalek à implanter au sein du peuple d’Israël. (Le texte dit au sujet de l’attaque de Amalek: « Asher Kar’ha … » qui signifie: « qui t’a refroidit »)

Ici, tu as eu mal à la tête est une allusion à la faute du Veau d’Or par laquelle tu as émis des « douleurs » en se qui concerne ta « tête », ta Emouna (ta foi).

Même lorsqu’on a fait Teshouva (repentir) et que l’on est parvenu à un niveau spirituel et à un niveau de pratique du judaïsme assez élevé, il est bon de ne pas oublier ce que l’on a été dans le passé, afin de toujours garder à l’esprit une volonté de progression.

Chabbat Chalom!

Dvar Torah adapté et rédigé par le Rav David A. PITOUN