Commentaires rédigés par le Rav David PITOUN, pour Halacha Yomit
Béhar - L’étude de la Torah et le travail
וַיְדַבֵּר ה' אֶל-מֹשֶׁה, בְּהַר סִינַי לֵאמֹר. דַּבֵּר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, וְאָמַרְתָּ אֲלֵהֶם, כִּי תָבֹאוּ אֶל-הָאָרֶץ, אֲשֶׁר אֲנִי נֹתֵן לָכֶם--וְשָׁבְתָה הָאָרֶץ, שַׁבָּת לַה'. שֵׁשׁ שָׁנִים תִּזְרַע שָׂדֶךָ, וְשֵׁשׁ שָׁנִים תִּזְמֹר כַּרְמֶךָ וְאָסַפְתָּ, אֶת-תְּבוּאָתָהּ. וּבַשָּׁנָה הַשְּׁבִיעִת, שַׁבַּת שַׁבָּתוֹן יִהְיֶה לָאָרֶץ--שַׁבָּת, לַה': שָׂדְךָ לֹא תִזְרָע, וְכַרְמְךָ לֹא תִזְמֹר. (ויקרא כה-א-ד)
Hachem parla à Moché au Mont Sinaï, en ces termes : « Parle aux enfants d'Israël et dis-leur: Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne, la terre sera soumise à un chômage en l'honneur d’Hachem. Six années tu ensemenceras ton champ, six années tu travailleras ta vigne, et tu en recueilleras le produit.
Mais, la septième année, un chômage absolu sera accordé à la terre, un Chabbat en l'honneur d'Hachem. Tu n'ensemenceras ton champ ni ne tailleras ta vigne. »
(Vaykra 25-1-4 Début de notre Paracha)
Le Kéli Yakar explique que le devoir de Chémita (repos de la terre d’Israël durant la 7ème année) a pour vocation de renforcer la foi en Hachem dans le cœur de l’homme, afin qu’il sache que le monde et ce qu’il contient appartiennent à Hachem, et qu’IL en est le seul dirigeant.
Ce devoir symbolise le fait de ne pas se consacrer à son travail de façon démesurée, au point d’en délaisser l’étude de la Torah.
En effet, celui qui a foi en Hachem, place également sa confiance en Lui.
Cette confiance place l’individu dans un état de quiétude et de repos permanant, dans son corps comme dans ses biens matériels.
Dans ces conditions, l’homme peut se consacrer à l’étude de la Torah, sans se laisser perturber par des soucis professionnels.
C’est aussi ce que nous retrouvons dans une Michna du Pirké Avot de cette semaine :
עֲשָׂרָה נִסִּים נַעֲשׂו לַאֲבוֹתֵינוּ בְּבֵית הַמִּקְדָּשׁ ... וְלֹא כִּבּוּ גְשָׁמִים אֵשׁ שֶׁל עֲצֵי הַמַּעֲרָכָה
(אבות פרק ה משנה ה)
10 miracles se produisaient pour nos ancêtres dans le Temple… (et l’un d’eux) La pluie n’a jamais éteint le feu de l’autel des sacrifices (celui de l’extérieur).
(Avot chap.5 Michna 5)
Rabbi David Ha-Naguid (le petit fils du RAMBAM) explique dans son livre Midrach David, que même lorsqu’il tombait des pluies diluviennes sur le feu de l’autel de l’extérieur, le feu de l’autel ne s’éteignait pas. L’eau et le feu – les deux opposés – faisaient la paix afin d’accomplir la volonté Divine, afin d’accomplir ce qui est dit dans la Torah :
אֵשׁ, תָּמִיד תּוּקַד עַל-הַמִּזְבֵּחַ--לֹא תִכְבֶּה. (ויקרא ו-ו)
Un feu permanant brulera sur l’autel. Il ne s’éteindra jamais. (Vaykra 6-6).
Cela vient également nous apprendre que l’on ne doit pas se laisser emporter par la vie professionnelle, et qu’il est impératif de s’imposer des moments fixes et réguliers pour l’étude de la Torah.
En effet, la pluie se dit en hébreu « גשם » (Guéchem) qui est de la même racine que le mot « גשמיות » (Gachmiyout) qui signifie « matérialité ».
La Torah est toujours représentée par le feu, comme il est dit :
הֲלוֹא כֹה דְבָרִי כָּאֵשׁ, נְאֻם-ה'. (ירמיהו כג-כט)
Voici ma parole qui est comme le feu, parole d’Hachem. (Irrméya 23-29).
La pluie n’a jamais réussi à éteindre le feu dans le Temple.
Ainsi, la vie professionnelle ne doit jamais réussir à éteindre le feu de l’étude de la Torah !
Bé’houkotaï - Israël et son ascendance
Dans cette Paracha, sont contenues des réprimandes (To’ha’hott) qu’Hachem suspend au-dessus d’Israël s’il ne marche pas dans le chemin de la Torah.
וְזָכַרְתִּי, אֶת-בְּרִיתִי יַעֲקוֹב; וְאַף אֶת-בְּרִיתִי יִצְחָק וְאַף אֶת-בְּרִיתִי אַבְרָהָם ... (ויקרא כו-מב)
Je me souviendrais de mon alliance avec Ya’akov, et également de mon alliance avec Its’hak, ainsi que de mon alliance avec Avraham … (Vaykra 26-42)
Dans son livre Vayomer Avraham, le Gaon Rabbi Avraham Morde’haï PATAL Ha-Lévy z.ts.l (beau-père de notre grand maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l) demande :
En quoi ce verset représente-t-il une réprimande ?!
N’a-t-il pas plutôt l’aspect d’une consolation pour Israël ?
Il répond par une image :
Deux voleurs sont attrapés en flagrant délit.
Lorsqu’ils sont conduits devant le juge, celui-ci demande à chacun d’entre eux son nom, son origine, sa famille etc…
Le premier des deux voleurs répond qu’il est le fils d’untel qui purge actuellement une peine de prison pour vol.
Le deuxième répond qu’il est le fils de Rav untel, qu’il étudie dans telle Yéchiva et qu’il vit avec ses parents dans telle ville, dans un quartier où vivent de grands Rabbanim.
Le juge condamne le premier voleur à seulement 6 mois de prison, accompagnés d’une amande de 100 $.
Mais il alourdit la peine du deuxième voleur et le condamne à 1 an de prison, accompagné d’une amande de 200 $.
Très étonné de cette différence, le deuxième voleur demande au juge :
« Pourquoi mon ami bénéficie d’une peine relativement légère, alors que ma peine est très lourde et représente le double de la sienne ?! »
Le juge répondit :
« Ton ami est voleur fils de voleur. Il a évolué toute sa vie dans un environnement de voleurs. Par conséquent, on ne peut donc pas réellement l’incriminer. Par contre, toi, tu as grandi parmi les sages, dans la maison de ton père qui est un homme juste et intègre. Comment es-tu malgré tout arrivé à commettre le vol ?! Tu mérites donc une peine plus sévère que ton ami. »
« Je me souviendrais de mon alliance avec Ya’akov » signifie donc : Lorsque je me souviens qui était votre père Ya’akov qui vous a élevé, et avec qui j’ai établi mon alliance, « et également de mon alliance avec Its’hak » : Lorsque je me souviens qui était votre grand-père Its’hak ! « de mon alliance avec Avraham » : Lorsque je me souviens qui était votre arrière-grand-père Avraham, comment ne puis-je pas vous infliger une lourde punition ??!
Nous comprenons à présent pourquoi ce verset est inclus dans les réprimandes de notre Paracha.
Si chaque juif prend véritablement conscience au moment de la faute, qu’il est le digne descendant d’Avraham, d’Ist’hak et de Ya’akov, il est à espérer qu’il ne fautera pas.
Chabbat Chalom !