Commentaires rédigés par le Rav David PITOUN, pour Halacha Yomit, à partir du livre Vayomer Avraham du Gaon et Tsaddik Rabbi Avraham M. PATTAL Ha-Lévi z.ts.l,
beau-père de notre grand maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l
La femme Sota
Définition : Un homme, épris de jalousie à l’égard de sa femme, la prévient de ne pas s’isoler avec un homme précis. La femme désobéit à son mari et s’isole avec cet homme en question, mais on ne sait pas s’ils ont réellement commis l’adultère qui rendrait la femme interdite à son mari (et à son amant).
Dans ce cas, le mari doit conduire sa femme – accompagnée d’une simple offrande de farine - au Temple de Jérusalem, auprès du Cohen Gadol qui écrira le Nom d’Hachem sur un parchemin, qu’il effacera ensuite en le trempant dans de l’eau Sainte. Puis, la femme soupçonnée d’adultère devra boire cette eau. Si elle est innocente, l’eau ne lui fera rien d‘autre que de lui apporter fécondité et facilité à enfanter. Si par contre, elle a réellement commis l’adultère, l’eau fera gonfler son corps jusqu’à ce qu’elle meurt en éclatant.
... אִישׁ אִישׁ כִּי-תִשְׂטֶה אִשְׁתּוֹ, וּמָעֲלָה בוֹ מָעַל. (במדבר ה-יב)
Un homme dont la femme s’est égarée et a commis une faute envers lui. (Bamidbar 5-12)
Lorsque la Torah nous relate les lois de la femme Sota, elle termine en disant :
... וְנִקָּה הָאִישׁ, מֵעָוֹן; וְהָאִשָּׁה הַהִוא, תִּשָּׂא אֶת-עֲוֹנָהּ. (שם לא)
… le mari sera quitte de toute faute, et la femme portera sa faute. (Ibid.31)
Nos maîtres commentent ce verset ainsi : Lorsque le mari est « quitte de toute faute », qu’il n’a rien à se reprocher à lui-même, l’eau Sainte vérifiera l’innocence de la femme. Mais si le mari n’est pas lui-même innocent de toute faute, s’il a lui-même commis l’acte de débauche, l’eau ne sera pas à même de vérifier l’innocence de la femme.
Selon cela, il faut interpréter ainsi le verset cité précédemment :
Un homme dont la femme s’est égarée et a commis une faute envers lui.
La faute de l’épouse (lorsqu’elle n’est pas vérifiable par les eaux) provient de « la faute du mari ».
Selon la loi de la Torah, une femme mariée qui commet l’adultère, est condamnable à mort par ‘Henek (strangulation).
Or, nous constatons que la condamnation à mort de la femme Sota – lorsqu’il s‘avère qu’elle est réellement coupable – est provoquée par le gonflement de son corps jusqu’à son éclatement.
Question : Pourquoi y a-t-il une différence entre le mode de condamnation à mort d’une femme mariée qui commet l’adultère, et le mode de condamnation à mort d’une femme d’abord soupçonnée d’un adultère, qui s’est finalement avéré ?
Réponse : La femme mariée qui commet l’adultère, n’est condamnée à la strangulation que seulement si elle a été préalablement vue par 2 témoins qui l’ont surprise sur le point de commettre cet adultère, et qui l’on mise en garde de ne pas le commettre.
En effet, selon la Torah, il n’y a condamnation à mort que lorsqu’il y a eu prévention de l’accusé par 2 témoins.
Cette femme mariée qui commet donc l’adultère au vu et au su de tout le monde, de façon totalement libre, sans la moindre retenue vis-à-vis de quiconque, mérite de mourir en public. (Strangulation)
Ce qui est différent pour la femme Sota, soupçonnée d’avoir commis l’adultère.
Elle a agi dans l’isolement, en considérant que « L’œil qui voit » (Hachem) ne voit pas (‘Hass Véchalom !), comme le dit le verset, par allusion :
... וְנֶעְלַם מֵעֵינֵי אִישָׁהּ, וְנִסְתְּרָה ... (שם יג)
… la chose fut dérobée des yeux de son mari, et elle se cacha… (Ibid.13).
Elle s’est dérobée des yeux de son mari, et elle se cacha d’Hachem.
C’est pour cette raison qu’elle mérite une mort non seulement public mais aussi violente puisque – d’une certaine manière – elle a défié Hachem en osant prétendre (à travers son acte) qu’Hachem ne la verra pas !
Voici là une grande leçon pour nous tous ! Qu’Hachem accepte notre repentir !
Celui qui croit pouvoir commettre librement ses actes dans l’intimité, en disant : « Je peux tout à fait commettre les ‘Averot que je désire ! Qui pourrait me voir ! »
Aucune chose n’échappe à Hachem, comme il est dit :
אִם-יִסָּתֵר אִישׁ בַּמִּסְתָּרִים וַאֲנִי לֹא-אֶרְאֶנּוּ, נְאֻם-ה' ... (ירמיהו כג-כד)
Si un homme irait se cacher dans la plus profonde des cachettes, ne le verrais-je pas ?! Parole d’Hachem. (Yirméyahou 23-24)
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Un voleur décida de cambrioler une maison qui se trouvait à l’intérieur d’une autre maison. Lorsqu’il termina son cambriolage, le voleur sortit de la maison intérieure, et réussit à déjouer la vigilance du garde. Mais lorsqu’il voulut sortir de la maison extérieure, le garde qui se trouvait à l’entrée l’attrapa et lui dit :
« Tu as pu ridiculiser le garde de l’intérieur, mais moi, tu ne me ridiculiseras pas ! »
C’est ce que dit Hachem à l’amant de cette femme mariée :
« Tu as ridiculisé son mari qui ne t’as pas remarqué, mais Moi je ridiculise les Récha’im ! »
En effet, le Midrach commente le verset cité précédemment :
Si un homme irait se cacher dans la plus profonde des cachettes, ne le verrais-je pas ?! Parole d’Hachem.
Ne le verrais-je pas ?! Signifie : ne ferais-je pas en sorte que ses actes soient visibles par tous ?!
C’est ce qu’Hachem provoque en éveillant la jalousie dans le cœur du mari, afin que la femme boive l’eau Sainte à travers laquelle les actes de la femme ainsi que de l’amant, sont dévoilés aux yeux de tous, puisque tout le monde saura que cet homme a commis l’adultère avec cette femme mariée.
C’est aussi de cette façon que l’on peut interpréter le verset de notre Paracha cité au début de nos propos :
Un homme dont la femme s’est égarée et a commis une faute envers lui.
Envers lui : Envers le mari, tu peux – toi l’amant - mentir et commettre des fautes, mais à moi, tu ne peux pas mentir, car je vais divulguer tes actes.
Histoire (tirée du Midrach)
Il y a avait 2 sœurs jumelles.
L’une d’entre elles était mariée à un homme qui la soupçonnait d’adultère, et lui demandait de monter avec lui au Temple de Jérusalem, afin de boire l’eau Sainte pour vérifier son innocence.
La femme alla trouver sa sœur jumelle, en lui disant :
« Mon mari désire que je l’accompagne au Temple de Jérusalem, afin de boire l’eau Sainte, mais il se trouve que je ne suis pas innocente puisque je l’ai trompé. »
Sa sœur lui proposa d’y aller à sa place et de boire cette eau.
La sœur se hâta de préparer ses affaires, et alla jusqu’à Jérusalem où elle but l’eau Sainte, qui la définit comme étant pure.
A son retour, les 2 sœurs étaient tellement contentes l’une et l’autre de se revoir qu’elles s’enlacèrent et s’embrassèrent, mais l’haleine de celle qui avait bu l’eau Sainte, était tellement imbibée de l’odeur de l’eau, que sa sœur – en respirant cette odeur – mourut sur le coup.
Chabbat Chalom !