Commentaires rédigés par le Rav David PITOUN, pour Halacha Yomit
A’haré Mott - La récompense aux Mitsvot
וּשְׁמַרְתֶּם אֶת-חֻקֹּתַי וְאֶת-מִשְׁפָּטַי, אֲשֶׁר יַעֲשֶׂה אֹתָם הָאָדָם וָחַי בָּהֶם: אֲנִי, ה'. (ויקרא יח-ה)
Vous observerez mes lois et mes jugements, que l’homme doit accomplir et avec lesquels il doit vivre, je suis Hachem. (Vaykra 18-5)
Rachi : Je suis Hachem. Je suis fidèle à ma parole et j’octroie une récompense.
Question : Pourquoi est-il nécessaire de préciser une chose aussi évidente que le fait qu’Hachem récompense l’accomplissement des Mitsvot ? N’est-il pas évident qu’Hachem ne néglige la récompense de personne ?!
Le Gaon Rabbi Avraham Mordé’haï PATAL (Ha-Levy) z.ts.l (beau-père de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l) répond dans son livre Vayomer Avraham :
Il est écrit dans Kohelet :
כָּל-עֲמַל הָאָדָם, לְפִיהוּ ... (קהלת ו-ז)
Tout le labeur de l'homme est au profit de sa bouche. (Kohelet 6-7)
Nos maîtres enseignent dans le Midrach Rabba à propos de ce verset :
Rabbi Chémouel Bar Amé dit : Tous les efforts que l’homme peut fournir dans ce monde pour amasser des Mitsvot et des bonnes actions, ne suffiront même pas pour le souffle qui sort de sa bouche.
Explication : On ne doit pas faire l’erreur de croire qu’une récompense nous revient pour les Mitsvot et les bonnes actions que l’on accomplit dans ce monde, car toutes ces Mitsvot ne suffisent pas pour mériter la bonté dont Hachem nous gratifie en nous maintenant seulement en vie dans ce monde.
Tel est donc le sens du verset de Kohelet :
Tout le labeur de l’homme – Tout l’effort que l’homme investit dans l’étude de la Torah et dans l’accomplissement des Mitsvot, n’est que pour « le profit de sa bouche » – n’est que pour pouvoir mériter le simple souffle qui sort de notre bouche, c'est-à-dire la vie.
La récompense que l’homme reçoit n’est donc qu’une exceptionnelle faveur octroyée par Hachem, et non un dû.
Autre explication de notre verset de la Paracha cité plus haut :
Il existe des Mitsvot que l’homme est naturellement prédisposé à accomplir, même s’il n’en avait pas reçu l’ordre, comme l’interdiction de consommer le sang ou les insectes, qui représentent de façon naturelle des choses dégoûtantes pour l’être humain. De même pour d’autres Mitsvot, comme respecter ses parents ou pratiquer le bien, qui sont des Mitsvot vers lesquelles l’homme est naturellement attiré, et qu’il aurait accompli même sans en recevoir l’ordre.
Il y avait donc matière à croire que sur de telles Mitsvot, Hachem ne donne aucune récompense.
C’est pourquoi le verset insiste en disant : « Je suis Hachem » et je rétribuerais même de telles Mitsvot.
Il faut donc expliquer le verset de façon différente :
« que l’homme doit accomplir » – qu’il accomplit même sans en recevoir l’ordre.
« et avec lesquels il doit vivre » - qu’il accomplit et en retire un plaisir, comme ‘Oneg chabbat ou Sim’hat Yom Tov.
Sur toutes ces Mitsvot, le texte dit : « Je suis Hachem » et je rétribuerais même de telles Mitsvot.
Kédochim - Lachon Hara ou échange standard ?!
לֹא-תֵלֵךְ רָכִיל בְּעַמֶּיךָ ... (ויקרא יט-טז)
Tu ne véhiculeras pas la médisance au sein de ton peuple … » (Vaykra 19 – 16)
Talmud Yéroushalmi Chabbat (chap.1 Halacha 2) :
Rabbi Chim’on Bar Yo’haï dit : « Si je m’étais trouvé sur le Mont Sinaï lors du Don de la Torah, j’aurais demandé à Hachem qu’il crée 2 bouches chez l’être humain :
Une bouche pour prier et étudier la Torah, et une bouche pour tous les autres besoins humains. » Puis, il se ravisa : « En possédant une seule bouche, l’homme fait tant de dégâts par son Lachon Hara’, à fortiori s’il en possède deux ! »
‘Hovot Halevavot (Cha’ar Ha-Kéni’a chap.7) :
Lorsqu’on dit du Lachon Hara’ sur une personne, on prend toutes les fautes de cette personne, et cette personne se voit attribuer tous nos mérites.
Lorsqu’on se présentera devant Hachem après 120 ans, certains d’entre nous seront agréablement surpris de constater des mérites sur des actions qu’ils n’auront jamais accomplies. A ce moment-là, on leur dira: « Ces actions ont été accomplies par untel qui a dit du mal de toi. »
De même, les personnes qui auront dit du Lachon Hara’, s’étonneront en constatant l’absence de certains mérites sur des actions qu’ils auront réellement accomplies.
On leur dira : « Tu as perdu ces mérites le jour où tu as dit du mal d’untel. »
Ces mêmes personnes seront également stupéfaites de constater qu’on leur impute des fautes qu’ils n’auront jamais transgressées. On leur répondra : « Ces fautes ont été commises par untel sur lequel tu as dit de la médisance ! »
Il est rapporté dans le Maguid Mécharim (le journal personnel dans lequel MARAN l’auteur du Beit Yossef et du Choul’han ‘Arou’h a compilé toutes ses conversations avec le Mal’a’h Ha-Maguid, l’ange qui lui parlait) sur Vayak’hel :
L’ange – le « Maguid » - confie à MARAN :
« Le fait que l’on attribue les fautes d’une personne à celle qui a dit du mal d’elle, et que l’on retire les mérites de celui qui dit du mal pour les attribuer à sa victime, tout ceci est vrai et fondé ! Si les gens avaient conscience de cela, ils seraient beaucoup plus heureux lorsqu’on dit du mal d’eux, heureux comme lorsqu’on leur offre des cadeaux en or ou en argent ! »
On raconte au sujet du ‘Hafets ‘Haïm (Rabbi Israël Meïr Ha Cohen z.ts.l de Radin – Lituanie) :
Un jour, un Rav alla trouver le ‘Hafets ‘Haïm et lui dit :
« Je prononce régulièrement de très longs discours de Torah devant une grande assemblée, mais je ne ressens pas réellement que mes paroles ont de l’impact sur mes auditeurs. »
Le ‘Hafets ‘Haïm lui répondit :
« Je suis très étonné de ce que tu me dis. En effet, le Gaon de Vilna n’a-t-il pas écrit qu’en récompense à chaque instant pendant lequel un homme ferme sa bouche (s’empêche de médire), il méritera de voir « Or Ha-Ganouz » (la Lumière originelle) ?! Les discours de Torah que tu prononces, ont la capacité d’empêcher à ce moment précis toute une assemblée de dire du mal ! Est- ce là une chose négligeable ?! »
Chabbat Chalom !