בס''ד
Divré Torah sur Tétsavé
Par le Rav David A. PITOUN
3 Divré Torah:
1. « Arrange ta personnalité et ensuite tu pourras arranger les autres. »
Et toi, tu ordonneras aux enfants d'Israël…(Shémot 27-20)
Le Gaon Rabbi Shabetaï YOUDLEWITZ z.ts.l explique notre verset ainsi:
Un jour, un élève du Rav Israël SALENTER z.ts.l rendit visite à son maitre et lui dit:
« Mon vénéré maitre ! J’envisage de me rendre en Allemagne afin de diffuser la morale au sein des communautés juives et de les mener au repentir. »
Le Rav lui dit:
« As-tu terminé avec la Russie ? »
L’élève lui répondit:
« Mon maitre a raison ! Je vais donc me rendre en Russie pour leur prodiguer de la morale. »
Le Rav lui dit:
« As-tu terminé avec la Pologne ? »
L’élève lui répondit:
« Mon maitre a raison ! »
Le Rav lui dit:
Et avec ta propre ville Radinn, as-tu terminé ? Et avec ta propre famille ? Les as-tu déjà tous ramenés à la Torah ? Et toi-même ? As-tu déjà réparé tous les défauts de ta personnalité ? »
L’élève lui répondit :
« Mon maitre a raison ! Je dois avant tout penser à me ramener moi-même vers la Torah ! »
Ceci est donc le sens de notre verset:
Et toi – L’individu se doit avant toute chose de réparer sa propre personne et servir d’exemple aux autres, et ce n’est qu’ensuite qu’il est autorisé à « ordonner aux enfants d'Israël » et à leur prodiguer de la morale, comme nos maitres l’enseignent dans la Guémara Bava Métsi’a (107b) : « Arrange ta personnalité et ensuite tu pourras arranger les autres. »
2. Le travail de la personnalité et la pratique des Mitsvot
Ils prendront pour toi une huile pure d'olives concassées, pour le luminaire, afin d'alimenter les lampes en permanence.(suite du verset)
Le Gaon Rabbi Aharon ZAKAÎ Shalita explique ainsi:
La Guémara Bava Métsi’a (85b) raconte que Rabbi ‘Hanina dit un jour à Rabbi ‘Hiya :
« Si la connaissance de la Torah venait un jour à disparaître, je la ramènerai par la force de mon Pilpoul (étude enrichie de thèses et d’antithèses). »
Rabbi ‘Hiya lui dit :
« Moi, j’ai fais en sorte que la connaissance de la Torah ne disparaisse jamais ! Et voici ce que j’ai fais : J’ai semé des graines de lin, avec lesquelles j’ai confectionné des filets et des pièges. Puis, grâce à ces filets et pièges, j’ai attrapé des cerfs dont j’ai offert la viande à des orphelins. J’ai tanné les peaux pour en faire du parchemin sur lequel j’ai rédigé les 5 livres de la Torah. Je me suis ensuite rendu dans toutes les villes qui ne possédaient pas d’enseignants pour les enfants. J’ai enseigné à 5 enfants, chacun un livre de la Torah, et j’ai enseigné à 6 autres enfants les 6 ordres de la Mishna. Je leur ai dis : Jusqu’à mon retour, que chacun enseigne à l’autre les versets de la Torah et les Mishnayot, et c’est ainsi que j’ai contribué à ce que la connaissance de la Torah ne disparaisse pas du peuple d’Israël. »
C’est pourquoi Rabbi (Rabbenou Ha-Kadosh) déclarera : « Les actes de ‘Hiya sont grands ! »
Les commentateurs demandent:
Pourquoi Rabbi ‘Hiya devait-il investir autant d’efforts depuis le début du travail ?! Ne pouvait-il pas acheter des peaux déjà travaillées pour écrire, ou bien acheter des filets et des pièges déjà fabriqués, sans avoir à semer des graines de lin pour en confectionner des filets?!
En réalité, Rabbi ‘Hiya désirait que les enfants qui allaient apprendre la Torah, puissent le faire sur des livres dont l’origine ne contenait pas le moindre défaut ni la moindre crainte d’interdit. En effet, s’il achetait des peaux ou des filets déjà conçus, il aurait été probable qu’ils proviennent du vol ou qu’ils aient servis à une quelconque transgression. Il voulait donc que tout soit intégralement pur.
C’est pour cela qu’il donna également la viande des cerfs à des orphelins, afin d’associer la Mitsva du ‘Hessed (bonté) à l’étude de la Torah, pour que les enfants purs étudient la Torah dans des livres conçus dans la pureté.
Il faut donc expliquer le verset ainsi:
Ils prendront pour toi une huile pure d'olives concassées, pour le luminaire
L’huile destinée à allumer les lumières qui doivent diffuser la lumière de la Torah, doit être pure, propre et limpide. Cela signifie que pour parvenir à la Torah, il est nécessaire de passer par des étapes de « nettoyage » et de purification de la personnalité de toute crainte de défaut ou imperfection, car la Torah qui est sainte et pure, ne peut cohabiter qu’avec la sainteté et la pureté.
La pratique des Mitsvot de la Torah doit être précédée ou du moins accompagnée en permanence, d’un travail intensif de la personnalité, car la Torah accentue tous les aspects de l’individu, les positifs comme les négatifs ! Si une personne est à l’origine envieuse, jalouse, intrigante, manipulatrice, malhonnête, agressive… la Torah développera chez elle ses principaux défauts. Si au contraire, une personne est de nature généreuse, humble, calme, pacifiste, droite et honnête … la Torah accentuera toutes les qualités de cette personne.
3. Aspirer à la sagesse
Il est dit dans notre Parasha:
« Et toi, enjoins donc à tous ceux qui possèdent la sagesse du cœur, ceux que j'ai dotés de l’esprit de sagesse, qu'ils confectionnent les vêtements d'Aharon, afin de le consacrer à mon sacerdoce. »
Hashem ordonne à Moshé Rabbenou, de confier une mission particulière à ceux qui possèdent « la sagesse du cœur ».
Cette mission constituera à confectionner les vêtements du Cohen Gadol.
Cette notion de « sagesse du cœur », revient à plusieurs reprises dans notre Parasha, et nous allons essayer de la définir.
Dans la suite des versets de notre Parasha, nous trouvons:
« J’ai placé la sagesse dans le cœur de tous ceux qui possèdent la sagesse du cœur. »
En d’autres termes, Hashem ne gratifie l’homme de la sagesse,que lorsque l’homme lui même se montre « ‘Ha’ham Lev – sage de cœur », en devenant un véritable réceptacle à la sagesse, en étant digne de recevoir la sagesse divine.
Expliquons maintenant quelle est cette « sagesse de cœur » dont il faut faire preuve afin de recevoir d’Hashem, la Sagesse par définition.
Il est raconté dans le livre Mela’him (Les Rois), au chapitre 85, de quelle façon Shélomo Hamele’h (le roi Salomon) mérita d’obtenir d’Hashem un niveau de ‘Ho’hma (la sagesse) si extraordinaire, qu’aucune personne sur terre n’atteint un tel niveau.
Grâce à quoi Shélomo accéda à une telle ‘Ho’hma?
Les versets nous le disent.
Hashem se dévoila à Shélomo dans le rêve, et lui demanda : « Que puis –je t’offrir ? » Shélomo lui répondit : « Donne à ton serviteur, un cœur qui écoute, afin de rendre la justice au sein de ton peuple, afin de différencier le bien et le mal… »
Cette demande trouva grâce aux yeux d’Hashem, et Il lui dit : « Puisque tu as réclamé cette chose, et que tu n’as pas réclamé la longévité de la vie, puisque tu as réclamé uniquement la capacité à comprendre et à écouter la justice, je te donne un cœur sage et intelligent, au point où tu n’auras pas ton pareil, ni parmi ceux qui t’on précédés, ni parmi ceux qui te suivront. »
Lorsqu’ Hashem questionna Shélomo sur ce qu’il désirait recevoir en cadeau d’Hashem, Il lui proposa de choisir parmi 3 choses des plus capitales pour un individu comme Shélomo.
La longévité de la vie
La victoire sur tous ses ennemis (chose primordiale pour un roi)
La richesse matérielle
Aucune de ces 3 choses ne séduit Shélomo Hamele’h, et il préféra réclamer un cœur sage.
Hashem lui répondit : « Je te donnerais un cœur sage et intelligent … »
Sans aucun doute, un trésor inhabituel.
Nos maîtres expliquent que Shélomo ne mérita un tel trésor de sagesse, que parce qu’il montra une grande aspiration à la sagesse, en donnant sa préférence à la sagesse, au détriment de tous les avantages matériels qu’Hashem lui proposa.
L’homme sage qu’était Shélomo, avait compris à juste titre, qu’il n’avait aucune utilité de tous les trésors de ce monde, excepté l’extraordinaire sagesse qu’il réclama d’Hashem.
Comme l’écrit notre maitre le RAMBAM (chap.7 des Hala’hot relatives au meurtrier et au devoir de se préserver):
« Pour ceux qui possèdent la sagesse et qui la réclame, une vie sans l’étude de la Torah, serait comparable à la mort. »
C’est pour cela que Shélomo Hamele’h réclama d’Hashem, la sagesse, grâce à laquelle, Shélomo accéda à tous les autres avantages.
C’est cela être « Sage de cœur », c’est justement rechercher et aspirer à la sagesse, au détriment de tout !!
Ce n’est qu’à une telle personne qu’Hashem donne la véritable Sagesse, en lui ouvrant les portes de la compréhension.
L’homme doit prendre conscience que la sagesse – comme n’importe quelle autre capacité spirituelle – ne vient pas de façon « automatique ».
L’individu de par lui-même, se doit de désirer et d’aspirer concrètement à mériter cette sagesse.
Ce n’est que lorsqu’il désirera la chose de toutes ses forces, qu’Hashem – à ce moment là – aidera l’homme et lui procurera la sagesse, bien au-delà des normes naturelles.
Nous trouvons ce phénomène chez de nombreux sages du peuple d’Israël, qui ont atteints un niveau très élevé et inestimable, de ‘Ho’hma.
Prenons en exemple le Gaon Rabbi Shabetaï Ha-Cohen (Pologne 17ème siècle) - l’auteur du célèbre commentaire Sifté Cohen (ou Sha’h) sur le Shoul’han ‘Arou’h – qui ne vécut que 38 ans, et qui malgré tout, eu le temps d’atteindre un niveau très élevé dans la ‘Ho’hma, comme cela se reflète de ses livres, dans des proportions incroyables.
De même parmi les sages de notre époque, des grands de ce monde, qui ont maitrisés parfaitement le SHASS (le Talmud) à un très jeune âge.
Nos maitres rapportent dans la Guémara NIDDA (70a):
On demanda à Rabbi Yéhoshoua’:
« Que doit faire l’homme afin de devenir sage ? »
Il répondit : « Pour cela, il faut prier CELUI à qui la sagesse appartient, comme il est dit : « Hashem donne la sagesse, et de sa bouche émanent la connaissance et l’intelligence. »
Rashi explique qu’une assiduité dans l’étude de la Torah, qui n’est pas accompagnée de Téfilot (de prières), ou bien le contraire, ne possède aucun sens.
Il faut donc s’imposer d’étudier avec assiduité, tout en implorant Hashem de nous gratifier de cette ‘Ho’hma.
Par cela, on réussira et dans l’étude de la Torah, et dans toutes les choses de ce monde.
Shabbat Shalom