Le moment de Birkat Ha-Ilanott
Il apparaît dans les propos de nos maîtres qui ont instaurés cette bénédiction, ainsi que dans les propos des décisionnaires, que le moment propice à cette bénédiction est le mois de Nissan, car c’est là où généralement les arbres bourgeonnent et sortent leurs fleurs.
Il semble par évidence que c’est exclusivement à Nissan que l’on doit réciter cette bénédiction et pas à d’autres moments.
Les pays où les arbres bourgeonnent à d’autres moments de l’année
Mais aux États-Unis, il existe un problème qui se produit certaines années, puisqu’il arrive qu’au mois de Nissan, les arbres n’aient pas encore commencé à fleurir.
D’où la question, est-il possible de réciter Birkat Ha-Ilanot au mois d’Iyar ?
L’auteur du Sefer Ha-Echkol (du RAAVAD, l’un de nos maîtres les décisionnaires médiévaux) écrit à la page 68 :
« …pas exclusivement durant le mois de Nissan, mais à la 1ère fois dans l’année où l’on voit la fleur de l’arbre… »
Ainsi écrit également le RYTBA (Rabbénou Yom Tov Ben Avraham Al ACHVILI, un autre grand décisionnaire médiéval) dans ses commentaires sur la Guémara Roch Hachana (11a), et voici ses propos:
« …pas seulement pendant le mois de Nissan, mais en réalité, chaque région selon la période de bourgeonnement de ses arbres… » Fin de citation.
C’est ainsi qu’écrivent de nombreux autres décisionnaires.
Par conséquent, notre grand maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l écrit qu’il est permis à chaque région de réciter Birkat Ha-Ilanot selon la période dans laquelle se produit le bourgeonnement des arbres, puisqu’il n’y a pas de Din exclusif à Nissan, mais seulement concernant le bourgeonnement du printemps qui a lieu généralement au mois de Nissan.
Sur quel type d’arbre doit-on réciter cette bénédiction ?
On récite Birkat Ha-Ilanot uniquement sur des arbres fruitiers, et non sur des arbres stériles qui ne donnent aucun fruit. Cependant, si l’on a récité la bénédiction sur des arbres stériles (par ignorance ou par accident - Bédi’avad), on ne doit pas recommencer la bénédiction lorsqu’on verra des arbres fruitiers.
Selon certains décisionnaires, on ne doit réciter cette bénédiction que lorsqu’on voit au moins 2 arbres en bourgeon.
Selon d’autres décisionnaires, on peut réciter cette bénédiction même sur un seul arbre.
En cas de force majeure, notre maître le Rav z.ts.l tranche qu’il est possible de réciter cette bénédiction sur un seul arbre.
Malgré tout, la personne qui récite la bénédiction sur de nombreuses espèces (en 1 seule fois) est digne de louanges.
Des arbres greffés
Il y a une divergence d’opinions Halachique concernant des arbres que l’on a fait pousser en greffant 2 espèces différentes ensemble, comme un cédratier (l’arbre qui donne le Etrog) que l’on aurait greffé avec un citronnier, ou autre exemple similaire :
Certains décisionnaires tranchent qu’il est interdit de réciter Birkat Ha-Ilanot sur de tels arbres, puisque leur existence va à l’encontre de La Volonté du Créateur (puisqu’il est interdit selon la Torah de planter un arbre constitué de 2 graines d’espèces différentes), il n’est donc pas compatible de remercier Hachem pour cela.
Certains autres décisionnaires sont d’avis qu’il est permis de réciter Birkat Ha-Ilanot sur de tels arbres, puisque la bénédiction traite de la globalité de la création, et l’on peut donc réciter Birkat Ha-Ilanot sur des arbres greffés.
Bien qu’en réalité, on ne peut empêcher une personne qui récite de sa propre initiative Birkat Ha-Ilanot sur de tels arbres (sans poser la question au préalable), malgré tout, si une personne demande au préalable, Lé’haté’hila (à priori) il ne faut pas autoriser la récitation de la Birkat Ha-Ilanott sur des arbres greffés, en raison du principe de SAFEK BERA’HOT LEHAKEL (chaque situation où il y a un doute si l’on doit faire une bénédiction ou pas, on ne doit jamais la faire, et une divergence d’opinion Halachique constitue un doute).
Cependant, il existe un important argument pour autoriser lorsqu’il s’agit d’arbres pour lesquels il n’est pas évident d’interdire leur greffe, comme les arbres produisant des agrumes que l’on trouve de notre époque, comme le Etrog, le citron, l’orange amère ou le pamplemousse, car selon l’opinion de notre maitre le Rav z.ts.l (voir Chou’t Yabiya’ Omer vol.5 chap.19, et Halichot ‘Olam vol.2 page 200), il est permis de solliciter un non juif pour greffer ces types d’arbres précis les uns avec les autres.
Selon cela, il est certain que leur existence ne va pas à l’encontre de La Volonté du Créateur, et il est donc possible de réciter Birkat Ha-Ilanot sur ce type d’arbres greffés, au même titre que l’on récite la bénédiction de Chéhé’héyanou lorsqu’on en consomme les fruits, comme nous l’avons longuement développé à une autre occasion.
Des arbres « ‘Orla »
Par contre, il est permis de réciter Birkat Ha-Ilanot sur des arbres qui sont encore dans leur cycle des 3 premières années depuis leur plantation (‘Orla), et même si normalement de tels arbres sont interdits au profit, étant donné qu’ils n’ont pas été plantés dans l’interdiction, il est permis de réciter la bénédiction sur ces arbres.
Réciter Birkatt Ha-Ilanott en dehors de la ville
Le Gaon Rabbi ‘Haïm PALLAG’I z.ts.l (Turquie 19ème siècle) écrit dans ses ouvrages Lev ‘Haïm (vol.2), et Mo’ed Lé’hol ‘Haï (chap.1) qu’il faut à priori réciter cette bénédiction exclusivement en dehors de la ville, conformément aux termes de la Guémara et du RAMBAM, selon lesquels cette bénédiction a été instaurée pour celui qui « sort pendant Nissan », et de ce fait, il n’est pas juste de réciter cette bénédiction lorsqu’on se trouve à l’intérieur de la ville.
De nombreux grands d’Israël des générations récentes avaient adopté cette opinion, et parmi eux, les Guéonim Rabbi Yéhouda TSADKA, Rabbi Mansour BEN CHIM’ON, Rabbi Ben Tsion ABBA CHAOUL, Rabbi Yossef ‘ADESS, et Rabbi Yéhouda MO’ALEM, z.ts.l, qui étaient les grands sages de la Yéchiva de PORAT YOSSEF à Jérusalem.
Ils voyageaient chaque année vers la ville de Beit Chémech, et ils y récitaient Birkat Ha-Ilanot.
Cependant, dans la pratique, de nombreux autres grands décisionnaires ne partagent pas l’opinion du Gaon Rabbi ‘Haïm PALLAG’I sur ce point.
Qui plus est, Rabbi ‘Haïm PALLAG’I lui-même écrit que son grand-père – qui était l’un des grands de sa génération – récitait cette bénédiction dans la cour de sa maison.
De même, les grands Rabbanim de la ville de Kouchta (Istanbul) récitaient cette bénédiction chez eux en regardant les arbres par la fenêtre.
De même, notre grand maitre le Rav z.ts.l récitait lui aussi cette bénédiction à côté de chez lui, et ne sortait pas à l’extérieur de la ville pour la réciter, ni lui, ni les gens de son entourage.