Lorsque l’on mange un repas accompagné de pain, on est tenu de réciter Birkat Hamazon sur le lieu du repas. On ne doit donc pas se rendre à un autre endroit pour y réciter le Birkat Hamazon, mais seulement rester sur le lieu du repas, afin d’y réciter le Birkat Hamazon, et s’en aller ensuite.
Si l’on a quitté ce lieu sans avoir récité Birkat Hamazon:
Si l’on a agi volontairement, en sachant que l’on est tenu de réciter là où l’on a mangé, dans ce cas, on a l’obligation de retourner sur le lieu du repas afin de réciter Birkat Hamazon, et il est interdit de réciter Birkat Hamazon là où l’on se trouve. Toutefois, si on l’a récité dans le 2ème endroit, bien que l’on a agi de façon contraire au Din, on est quitte (Bédi’avad), et l’on ne récite pas de nouveau le Birkat Hamazon à l’endroit initial.
Si l’on a agi involontairement, par exemple lorsque l’on part en oubliant de faire Birkat Hamazon, et que l’on s’en souvient là où l’on se trouve à présent, ce cas fait l’objet d’une Mah’loket (divergence d’opinions Halah’ique) parmi les Poskim Rishonim (les décisionnaires de l’époque médiévale) si la personne est tenue de revenir à l’endroit initial ou pas. Voici comment MARAN rapporte leurs opinions dans le Choulh’an ‘Arouh’ (O.H chap.184 paragr.1):
Si l’on a quitté l’endroit du repas (sans réciter le Birkat Hamazon), lorsque l’on a agi involontairement, selon le Rambam et Rabbénou Yona, on récite là où l’on s’en rend compte. Mais selon le ROSH, on doit retourner sur le lieu du repas.
Les Poskim discutent afin d’établir selon lequel de ces 2 avis, MARAN tranche cette Halah’a.
Dans le cas où l’on a quitté le lieu du repas involontairement sans réciter Birkat Hamazon, pouvons-nous le réciter là où l’on se trouve à présent, conformément à l’opinion du Rambam et de Rabbénou YONA, ou bien sommes-nous tenus, même dans ce cas, de retourner sur le lieu du repas pour le réciter, conformément à l’opinion du ROSH?
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l écrit que MARAN pense comme le Rambam et Rabbénou YONA sur ce point, car ils représentent la majorité contre l’opinion du ROSH qui est seul.
C’est pourquoi, on n’est pas tenu de revenir à l’endroit initial afin d’y réciter le Birkat Hamazon. Qui plus est, hormis le fait que sur ce point, le Rambam et Rabbénou Yona représentent la majorité, nous pouvons aussi ajouter le fait que la rédaction du Choulh’an ‘Arouh’ repose essentiellement sur l’opinion du Rambam. D’ailleurs, MARAN écrit lui-même dans Shout Avkat Roh’el, un autre de ses ouvrages, que « le Rambam est le plus important des Poskim, et que toutes les communautés d’Erets Israël, des pays d’Orient et du Maghreb, se comportent selon son opinion, et l’ont accepté sur eux comme leur maître. » (Notre maître le Rav z.ts.l s’est longuement étendu sur ce point dans son livre)
Par conséquent, l’essentiel va selon l’opinion du Rambam, et dans le cas où l’on a involontairement quitté le lieu du repas sans avoir récité Birkat Hamazon, on peut le réciter là où l’on se trouve. Toutefois, une personne qui veut s’imposer de retourner sur le lieu du repas, même dans une situation involontaire, la Bénédiction reposera sur cette personne.
Conclusion: On est tenu de réciter le Birkat Hamazon là où l’on a mangé. Si par erreur, on a quitté le lieu du repas sans avoir réciter le Birkat Hamazon, le Din est le suivant:
Si l’on a agi volontairement, on est tenu de revenir à l’endroit initial afin d’y réciter le Birkat Hamazon.
Si l’on a agi involontairement, selon le strict Din, on n’est pas tenu de revenir à l’endroit initial, mais celui qui s’imposera la rigueur de revenir à l’endroit initial même lorsqu’il a agi involontairement, sera digne de la Bénédiction.