Halacha pour vendredi 23 Iyar 5784 31 mai 2024

La Halacha est dédiée :
Pour la guérison totale de Gabriel Ben Sultana (Teboul), Max Mordé'haï Ben Oraïda (Mimouni), Raoul Chaoul Ben Yéchou'a (Assouline), parmi tous les malades d'Israël

Bé’houkotaï

Commentaires rédigés pour Halacha Yomit, par le Gaon Rabbi Zévadya COHEN Chlita,
chef des tribunaux rabbiniques de Tel Aviv

Notre Paracha nous enseigne :
אִם-בְּחֻקֹּתַי, תֵּלֵכוּ; וְאֶת-מִצְו‍ֹתַי תִּשְׁמְרוּ, וַעֲשִׂיתֶם אֹתָם. וְנָתַתִּי גִשְׁמֵיכֶם, בְּעִתָּם; וְנָתְנָה הָאָרֶץ יְבוּלָהּ, וְעֵץ הַשָּׂדֶה יִתֵּן פִּרְיוֹ. וְהִשִּׂיג לָכֶם דַּיִשׁ אֶת-בָּצִיר, וּבָצִיר יַשִּׂיג אֶת-זָרַע; וַאֲכַלְתֶּם לַחְמְכֶם לָשֹׂבַע, וִישַׁבְתֶּם לָבֶטַח בְּאַרְצְכֶם. וְנָתַתִּי שָׁלוֹם בָּאָרֶץ ... (ויקרא כו-ג, ד, ה, ו)

Si vous marchez selon mes lois, si vous gardez mes préceptes et les exécutez, je vous donnerai les pluies en leur saison, et la terre livrera son produit, et l'arbre du champ donnera son fruit. Le battage de vos grains se prolongera jusqu'à la vendange, et la vendange durera jusqu'aux semailles; vous aurez du pain à manger en abondance, et vous demeurerez en sécurité dans votre pays. Je ferai régner la paix dans ce pays … (Vaykra 26-3, 4, 5, 6).

La Torah nous fait donc une promesse selon laquelle, si nous accomplissons les Mitsvot et nous étudions la Torah, nous aurons le mérite d’avoir une bonne économie, la paix dans le pays, une sécurité matérielle et sociale.

Mais le Gaon Rabbénou Yossef ‘HAÏM z.ts.l (auteur du Ben Ich ‘Haï) demande :
Pourquoi la Torah emploie-t-elle le terme « marcher » selon les lois d’Hachem ?
Quel rapport y a-t-il entre le terme « marcher » et le fait d’accomplir les Mitsvot ?
Il aurait été plus approprié d’employer le terme « observer », ou le terme « écouter », ou bien le terme « accomplir » ! Pourquoi le terme « marcher » ?

Pour répondre à sa question, Rabbénou Yossef ‘HAÏM cite une anecdote :
Dans une grande ville, pleine de sages et d’érudits, situé aux bords d’un grand fleuve, vivait un juge, tyran et orgueilleux, qui était aussi très grand de taille et obèse.
Tout le monde l’appelait « le juge Touvya ».
Toute personne convoquée chez lui, tremblait de peur, sachant que ce juge était réputé pour être très exigeant et très sévère. Les châtiments qu’il infligeait aux accusés étaient les plus durs, sauf lorsqu’on lui glissait de l’argent dans sa poche, où il assouplissait le châtiment.
Son nom était source de mépris dans la bouche de tous les habitants de la ville.
La haine des habitants envers lui augmentait de jour en jour, et les plaintes auprès de ses supérieurs - concernant son travail, son aptitude à juger et sur les pots-de-vin qu’il recevait – se multipliaient, au point où une enquête secrète fut ouverte contre lui, à son insu.
En définitif, ses supérieurs jugèrent que les plaintes contre lui étaient justifiées, et qu’il devait être poursuivi par la justice.
La nouvelle de sa destitution et de son inculpation arriva jusqu’aux oreilles du juge Touvya.
Par son orgueil, il décida de fuir la ville et de ne pas attendre le moment où il sera arrêté et amené devant la justice.
Il se leva tôt le matin, ramassa quelques affaires et se dirigea vers le fleuve, afin de fuir la ville avant qu’il ne soit arrêté.
Lorsqu’il arriva au bord du fleuve, il s’arrêta car il ne savait pas nager.
Etant très corpulent et assez gros, il savait que dès qu’il pénètrerait dans le fleuve, il coulerait à pic, comme du plomb dans des eaux profondes !

Pendant, qu’il était sur le bord du fleuve, un habitant de la ville arriva. Il était très fort physiquement. Il vit le juge sur le bord du fleuve, hésitant et ne sachant pas quoi faire.
Il lui demanda :
« Voulez-vous traverser le fleuve ? »
Le juge répondit :
« Oui, mais je ne sais pas nager. »
L’habitant de la ville proposa immédiatement au juge de le porter sur ses larges épaules, et de lui faire traverser le fleuve.
Le juge accepta la proposition avec joie, et il s’installa sur les épaules de l’habitant de la ville.
Celui-ci pénétra dans le fleuve, en nageant rapidement, tout en portant le gros juge sur ses épaules.
Pendant qu’il nageait, l’habitant de la ville demanda au juge :
« Comment se fait-il que vous quittez la ville, et que vous n’êtes pas au tribunal, comme au quotidien ? »
Le juge – qui était très déprimé de sa situation – commença à raconter tout ce qu’on avait comploté contre lui, et qu’il était sur le point d’être destitué avec humiliation, et de ce fait, il avait décidé de ne pas attendre, et de fuir la ville.
En entendant cela, le naïf habitant de la ville demanda avec stupéfaction :
« Vous n’êtes plus juge de la ville ??! »
Le juge répondit :
« Non, malheureusement je ne suis plus juge de la ville. »
Dès  qu’il entendit cette réponse, l’habitant de la ville jeta immédiatement le juge Touvya dans l’eau du fleuve, et l’abandonna à ses cris !
Touvya se débattait afin de ne pas se noyer, et avec des forces insoupçonnées, il arriva sur l’autre berge du fleuve, dans la honte, totalement épuisé.
Les nombreux habitants qui avaient assisté à la scène, se tournèrent vers celui qui l’avait porté dans le fleuve et lui demandèrent :
« Tu l’as porté sur la majeure partie du fleuve, comment se fait-il qu’en arrivant quasiment à l’autre berge, tu l’as laissé tomber dans le fleuve ? »
Le visage de l’habitant devint sérieux et il leur dit :
« Je vais vous dire la vérité. Vous savez que ce juge est d’un poids très lourd, et qu’il est très difficile de le porter. Mais tant que je savais qu’il était le juge de la ville, j’avais un intérêt à m’investir pour lui. J’ai donc accepté de le porter, et malgré toute la difficulté, j’ai ressenti que cela en valait la peine, et J’ai réussi à le porter.

Mais à l’instant où il m’a dit qu’il n’était plus juge, il est devenu soudain très lourd, au point où je n’arrivais plus à le garder un seul instant sur moi, et je n’avais pas d’autre choix que de le jeter à l’eau ! »

Cette histoire nous apprend un grand fondement dans la vie de l’homme.
Tout acte réalisé par l’homme, et à travers lequel l’homme voit une importance et un certain intérêt, il le réalise dans la facilité, sans ressentir de difficulté dans sa réalisation.
Par contre, lorsque l’homme réalise un acte dans lequel il ne voit pas de nécessité ni d’importance particulières pour lui, il le réalise dans la plus grande des difficultés.
C’est pourquoi, dans l’accomplissement des Mitsvot, l’homme doit d’abord reconnaître l’importance de la réalisation de la volonté du Créateur, car tout notre objectif dans le monde est de procurer satisfaction à notre Créateur et d’accomplir Sa volonté.
C’est alors que l’homme ressentira la facilité dans l’accomplissement des Mitsvot.

C’est pour cela que la Torah emploie le terme « marcher » pour décrire l’accomplissement des lois d’Hachem, car l’homme doit d’abord ressentir qu’il « marche main dans la main » avec les Mitsvot, dans la facilité, sans ressentir que l’accomplissement des Mitsvot pèse au-dessus de lui avec difficulté. Lorsqu’il connait l’importance de l’accomplissement des 613 Mitsvot, et qu’il ressent que la Torah et les Mitsvot « marchent » avec lui, il en sera apaisé et il prendra conscience que le Livre des lois qu’Hachem lui a donné, n’est là que pour lui apporter du bien, comme il est dit :
וּבָחַרְתָּ, בַּחַיִּים ... (דברים ל-יט)
Et tu choisiras la vie … (Dévarim 30-19)
Nous mériterons alors les Bénédictions citées dans notre Paracha, Amen.

Chabbat Chalom !

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