Le RAMBAM écrit (chap.30 des règles de Chabbat, règle 15) - en s’appuyant sur les propos de nos maîtres dans la Guémara Chabbat (118a et b) - : Celui qui observe le Chabbat de façon conforme à la Halacha, qui l’honore et qui le délecte selon ses possibilités, se verra offrir une récompense dans ce monde ci, supérieure à celle qui l’attend dans le Monde Futur, car il est dit :
אָז, תִּתְעַנַּג עַל-ה', וְהִרְכַּבְתִּיךָ, עַל-בָּמֳתֵי אָרֶץ; וְהַאֲכַלְתִּיךָ, נַחֲלַת יַעֲקֹב אָבִיךָ--כִּי פִּי ה', דִּבֵּר.
(ישעיה נח-יד)
Alors tu te délecteras en Hachem, et je te ferai dominer sur les hauteurs de la terre, et jouir -de l'héritage de ton aïeul Ya’akov... C'est la bouche d’Hachem qui l'a dit. (Yécha’ya 58-14)
L’obligation de ‘Oneg Chabbat
Il est expliqué dans la Guémara Péssa’him (65b) qu’hormis la nécessité d’étudier la Torah pendant Chabbat – et celle de prier bien sûr – l’homme est tenu de délecter et d’honorer le Chabbat selon ses possibilités, à travers la nourriture, la boisson et les beaux vêtements.
Le Maguen Avraham (O.H 242 note 1) cite le ‘Olat Chabbat selon qui, si quelqu’un désire délecter le Chabbat en passant l’intégralité du jour à manger et boire ou autre, durant tout le jour de Chabbat, il est autorisé à le faire, à la condition de ne surtout pas négliger les heures des prières.
Mais le Maguen Avraham réfute ses propos, et il écrit qu’il est expliqué dans les enseignements de nos maîtres que le jour du Chabbat, il faut « aussi » délecter le Chabbat, mais il n’est pas convenable de passer la durée du Chabbat à manger et boire et à prendre du plaisir uniquement. Il faut également étudier la Torah.
Dans nos foyers, les femmes et les jeunes filles ont l’usage de lire de nombreux chapitres de Téhilim pendant Chabbat.
Le Gaon Rabbi ‘Haïm PALLAG’I écrit dans son livre Kaf Ha-‘Haïm (à ne pas confondre avec le Kaf Ha-‘Haïm Sofer) (chap.36 note 52) au nom de Rabbénou Chélomo Ibn GABIROL (Espagne 11ème siècle) que celui qui délecte le Chabbat, méritera la longévité de la vie.
Le Yalkout Réouvéni (sur Parachat Vaykra) rapporte au nom du Zohar Ha-Kadoch, que celui qui ne délecte pas le Chabbat - alors qu’Hachem lui a procuré les moyens de le faire – est considéré comme un voleur vis-à-vis d’Hachem, qui lui a donné l’argent nécessaire afin qu’il puisse délecter le Chabbat, et il ne le fait pas. Celui qui a déjà trébuché sur cette faute, peut la réparer en s’adonnant davantage à l’étude de la Torah et à la pratique des Mitsvot.
Il est rapporté dans les Tikouné Ha-Zohar (Tikoun 21) que celui qui a la possibilité de délecter le Chabbat et ne le fait pas, les lettres du mot « ענג » (qui signifie « délice ») s’inverseront pour lui et formeront le mot « נגע » (qui signifie « plaie »), ce qui provoquera la destruction de son foyer et la perte de son argent (לא אליכם).
Les anges du Service Divin
Il est expliqué dans les enseignements de nos maîtres (Chabbat 119b) que les anges du Service Divin viennent au foyer de chacun le jour de Chabbat, et ils examinent la table dressée.
C’est pourquoi, le Kaf Ha-‘Haïm (Sofer) écrit (242 note 2) - en se référant au Zohar Ha-Kadoch (Pékoudé 252b) - qu’il faut veiller à ne pas placer d’objet humiliant sur la table.
Même si quelqu’un est assis seul à sa table, il ne doit pas placer les aliments d’une manière qui n’est pas honorable.
Les femmes
Les femmes sont elles aussi soumises au devoir de ‘Oneg Chabbat. (Kaf Ha-‘Haïm 242 note 1 au nom du Péricha 280 et du Péri Méguadim dans Michbétsot Zahav ibid.).
La plupart des femmes ont un mérite particulier sur ce point, car elles prennent particulièrement à cœur la Mitsva de ‘Oneg Chabbat, en préparant de dignes plats, en dressant la table et en ordonnant la maison, hormis la Mitsva d’allumer les Nérot de Chabbat, qui est une Mitsva très précieuse, et qui fait elle aussi partie de la Mitsva de ‘Oneg Chabbat.
La Sim’ha (la joie) le jour de Chabbat
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l écrit (voir Chou’t Yé’havé Da’at vol.1 chap.37 page 78 nouvelle édition ; Yalkout Yossef Chabbat vol.1 chap.242-10 page 48 nouvelle édition) que les décisionnaires débattent afin de définir s’il y a oui ou non un devoir de Sim’ha le jour de Chabbat (s’il y a oui ou non un devoir de consommer de la viande et du vin).
Par conséquent, du point de vue de la Halacha, il n’y a pas une véritable obligation de consommer de la viande et du vin le jour de Chabbat, mais il est malgré tout convenable pour celui qui a les moyens d’acheter de la viande et du vin, de le faire en l’honneur de Chabbat, s’il les apprécie.
Le « Maguid Mécharim »
MARAN Rabbénou Yossef KARO z.ts.l, l’auteur du Beit Yossef et du Choul’han ‘Arou’h, était le Grand de sa génération, un génie mondial de la Torah, un homme d’un très haut niveau de piété et de sainteté. Un ange l’assistait et lui dévoilait les secrets de la Torah. Il le guidait à travers des conseils, et les paroles de cet ange ont été éditées dans le livre « Maguid Mécharim ».
Parmi les paroles qu’il lui prodigua, il mit en garde MARAN de ne pas manger exagérément le jour de Chabbat. (Maguid Mécharim cité par le Kaf Ha-(Haïm ibid. fin note 5).
Ainsi, chacun doit avoir la vigilance de ne pas manger à outrance le jour de Chabbat, car on est susceptible de regretter cette consommation exagérée.
En effet, dans la Guémara Sanhédrin (101a), nos maîtres commentent un verset :
כָּל-יְמֵי עָנִי רָעִים (משלי טו-טו).
Les jours du pauvre sont tous mauvais (Michlé 15-15).
Car le pauvre est souvent affamé.
Mais la Guémara demande : Il y a pourtant les jours de Chabbat et de fêtes, où même les pauvres consomment des aliments agréables ?! Pourquoi le texte dit : Les jours du pauvre sont tous mauvais ?!
Et la Guémara répond : Lorsqu’on modifie ses habitudes alimentaires, on le regrette.
Or, le pauvre ne mange pas beaucoup durant la semaine, et soudain le jour de Chabbat, il augmente sa consommation, et il en souffre par la suite.
De même, Rabbi ‘Haïm PALLAG’I met en garde dans son livre Kaf Ha-‘Haïm (chap.36 note 52) de ne pas manger exagérément le jour de Chabbat, car on pourrait le regretter par la suite.
Or, celui qui accomplit une Mitsva et la regrette ensuite, est susceptible de perdre le mérite de cette Mitsva.
Le Chla Ha-Kadoch (Chéné Lou’hout Ha-Bérit – Rabbi Yécha’ya Ha-Lévy HOROWITZ – 16ème et 17ème siècle - Prague et Israël) fait remarquer (sect. Sujets des prières du Chabbat) que nos maîtres n’ont pas dit « Celui qui SE DELECTE pendant Chabbat », mais « Celui qui DELECTE le Chabbat ».
Ceci afin de nous apprendre que l’homme doit penser lorsqu’il mange le jour de Chabbat, qu’il donne du plaisir au Chabbat en l’honneur de Chabbat et non en son propre honneur et pour son propre plaisir.
D’ailleurs, les termes du verset cité au début de nos propos, sont très précis :
וְקָרָאתָ לַשַּׁבָּת עֹנֶג ...
Si tu considères le Chabbat comme un délice …
Ce qui signifie : Tu dois « inviter » le plaisir en l’honneur du Chabbat.
Le Gaon Rabbénou Yossef ‘HAÏM (auteur du Ben Ich ‘Haï) écrit – dans son livre Ben Ich ‘Haïl (Kountress Chéné Eliyahou page 272) - que si l’on a la pensée « en l’honneur du Chabbat », et aussi pour son propre profit, on accomplit malgré tout le devoir de ‘Oneg Chabbat, mais cela ne constitue pas véritablement l’accomplissement de la Mitsva au summum de sa qualité, tant que l’on ne dédie pas l’intégralité de ses actes pour la seule gloire d’Hachem.