Commentaires rédigés pour Halacha Yomit, par le Gaon Rabbi Zévadya COHEN Chlita,
Chef des tribunaux rabbiniques de Tel Aviv
Le texte de notre Paracha nous relate l’achèvement des 7 jours d’inauguration du Michkan, et le début de la réalisation des sacrifices dans le Michkan.
La joie était très grande, comme le texte nous dit :
« Moché et Aharaon se rendirent dans le Ohel Mo’ed (tente d’assignation) ; ils sortirent et bénirent le peuple, ; la Gloire d’Hachem se montra à tout le peuple. Un feu sortit devant Hachem, il consuma le sacrifice ‘Ola, ainsi que les graisses se trouvant sur l’autel, le peuple vit et cria de joie, et ils tombèrent sur leurs faces. » (Vaykra 9-23 et 24).
C’est alors que se produisit un événement qui assombrit la joie présente dans le Michkan :
La mort des 2 enfants de Aharon, Nadav et Avihou, comme le texte dit dans la suite des versets :
« Les enfants de Aharon - Nadav et Avihou – prirent chacun sa pelle, ils y placèrent du feu, ainsi que des encenses (Kétoret), ils présentèrent devant Hachem un feu étranger, qu’Hachem n’avait pas ordonné. Un feu sortit devant Hachem et les consuma, ils moururent devant Hachem. »
La chose peut nous sembler très étonnante :
Pourquoi Hachem inflige un tel châtiment si sévère aux enfants de Aharon exclusivement en un tel jour de joie où tout le peuple d’Israël est béni par Moché et Aharaon, où un feu Céleste sort en présence de tout le peuple et consume les sacrifices dès le premier jour où ils sont offerts, pourquoi Hachem ne repousse pas le châtiment à un autre jour, afin de ne pas ternir la joie du peuple en un si grand jour ?!
Afin de comprendre, il est nécessaire de citer une image rapportée par le Gaon Rabbi Avraham PATAL Ha-lévy z.ts.l (beau-père de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l) dans son livre Vayomer Avraham.
Un roi constata un jour la densité de la population de son pays, et il décida de construire une ville nouvelle et moderne dans une grande forêt de son pays.
Il convoqua immédiatement une équipe des meilleurs ingénieurs et architectes du monde, afin qu’ils créaient la ville nouvelle selon les technologies les plus avancées au monde.
Ensuite, le roi convoqua une équipe d’entrepreneurs qui commencèrent les travaux de la nouvelle ville.
Au bout de 5 années de dur travail, la nouvelle ville émergea avec des maisons luxueuses, de larges avenues, de magnifiques jardins, ainsi que des bâtiments publics pour la satisfaction des habitants.
Après la commercialisation de la ville, les habitants du royaume se précipitèrent vers la nouvelle ville, et en très peu de temps, tous les immeubles de la ville furent occupés.
Le roi se rendit à la nouvelle ville pour la visiter. Il demanda aux responsables de la ville :
« Que manque-t-il d’autre dans la ville ? »
Les dignitaires de la ville glorifièrent le roi pour son œuvre, mais ils lui signifièrent que la ville souffrait encore du manque d’un cabinet médical et d’un médecin pour soigner les habitants de la ville.
Le roi répondit immédiatement à la demande, et fit construire un cabinet médical moderne.
On décida de nommer à la tête du cabinet médical un grand professeur parmi les meilleurs médecins du royaume.
En 6 mois, la construction du cabinet médical fut achevée, et le roi annonça le grand événement de l’inauguration du prestigieux cabinet médical.
Tous les habitants de la ville, ainsi que ses dignitaires et les ministres du royaume furent conviés à la cérémonie d’inauguration, et l’invité d’honneur était l’honorable professeur parmi les meilleurs médecins du royaume, qui allait diriger le cabinet médical.
Au cours de la cérémonie d’inauguration, le roi et ses ministres prirent la parole, et en fin de soirée, le professeur fut honoré lui aussi à prendre la parole.
Il se leva et déclara devant le roi, les ministres et les habitants de la ville, qu’il était disposé à soigner à l’instant même et de manière totalement gratuite toute personne malade présente dans l’assemblée, ou qui ne se sentait pas bien.
Un des habitants se leva immédiatement et informa que depuis son arrivée à la cérémonie, il avait des douleurs à la tête et avait besoin d’un traitement pour les maux de tête.
Le professeur convia cet homme à monter sur l’estrade, et en présence de tous les habitants il lui donna un comprimé contre les maux de tête.
Mais à la stupéfaction de tous, l’homme tomba subitement et mourut immédiatement après avoir avalé le comprimé !
Le roi exigea des explications au professeur, qui s’exécuta immédiatement :
« Majesté ! J’ai vu la grande fête en mon honneur, j’ai entendu le peuple dire dans leur grande joie : « A présent, nous pouvons faire tout ce que nous désirons ! Nous pouvons manger et boire, nous amusé sans craindre quoi que ce soit, car nous avons un grand médecin dans la ville, et il nous soignera pour toute détresse ! » J’ai immédiatement redouté que les habitants de la ville ne veilleraient pas sur leur santé et feront tout ce qui leur passera par la tête, en invoquant le prétexte : nous avons un grand médecin qui nous guérira de toutes nos maladies et nos douleurs ! Ce qui aurai créé une situation mauvaise et pas souhaitable. J’ai donc repéré cet homme malade et j’ai décelé qu’il était en phase finale.
Je lui ai administré un comprimé qui lui serait nocif et lui provoquerait la mort, afin que tout le monde comprenne que le médecin n’est pas toujours la solution, et que chacun se doit de préserver sa santé correctement. »
La morale : Le peuple d’Israël constata qu’il y avait à présent le Michkan et les sacrifies, et certains d’entre eux dirent : « Nous pouvons à présent commettre des fautes et faire tout ce qui nous passe par la tête, au maximum nous offrirons un sacrifice et nos actes seront pardonnés, car il y a le Michkan, il y a les Cohanim, il y a les sacrifices !
C’est pourquoi, Hachem infligea le châtiment aux enfants de Aharon exclusivement ce jour-là, afin de montrer qu’il n’y a pas la moindre protection à qui ce soit !
Celui qui commet une faute est châtié immédiatement !
Même s’il y a le Michkan, les sacrifices et les Cohanim, et même s’il s’agit des enfants de Aharon !
Chacun – petit ou grand - se doit de se montrer vigilant vis-à-vis du respect d’Hachem, et ne pas se fier aux sacrifices, qui n’ont essentiellement pour vocation que d’expier les fautes involontaires.
Puissions-nous avoir le mérite qu’Hachem implante dans notre cœur Son amour et Sa crainte, afin de réaliser Sa volonté de manière sincère, Amen.
Chabbat Chalom !