Halacha pour vendredi 21 Adar 5784 1 mars 2024

La Halacha est dédiée :
Pour la guérison totale de Gabriel Ben Sultana (Teboul), Max Mordé'haï Ben Oraïda (Mimouni), Raoul Chaoul Ben Yéchou'a (Assouline), parmi tous les malades d'Israël

Ki Tissa

Commentaires tirés des enseignements de notre grand maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l

Dans notre Paracha, nous lirons l’événement du Veau d’or.
Qui ne s’afflige pas en lisant cet événement ??
Comment une telle chose a pu arriver, après l’événement du Don de la Torah que nous avons lu dans la Paracha de Yitro, et qui a eu lieu le 6 Sivan ??
L’évènement du Veau d’or s’est produit le 17 Tamouz, ce qui signifie seulement 40 jours après le Don de la Torah ! « Tandis que le roi demeure sur son divan, mon parfum exhale son arome. » (Chir Ha-Chirim 1-12). Tandis qu’Hachem donnait la Torah, Israël sentait déjà l’odeur du Veau d’or ! Comment une telle chose est possible ?! Comment nos ancêtres ont-ils pu faire une chose pareille ?! Ont-ils perdu l’esprit ?!
Même si nos maîtres enseignent que c’est le « ‘Erev Rav » (mélange ethnique qui s’est joint à Israël lors de la sortie d’Egypte) qui a incité à réaliser le Veau d’or, cela reste malgré tout difficile à comprendre : Comment les Béné Israël ont-ils pu garder le silence ?!

En réalité, les Béné Israël se dirent : Moché Rabbénou est parti. Nous avons vu de quelle manière il conversait avec Hachem. Moché était notre intermédiaire avec Hachem.
A présent, nous n’avons plus Moché. Si nous désirons prier Hachem, nous ne le pouvons plus, car nous ne sommes pas dignes d’une telle chose. Un simple soldat ne peut pas s’adresser au ministre de la défense ou au roi, car il y a des grades selon lesquels chacun doit s’adresser à celui qui est juste au-dessus de lui dans la hiérarchie.
Nous aussi vis-à-vis du Roi Hachem, nous avons besoin d’un intermédiaire qui parle pour nous.

Les Béné Israël savaient que le Trône Céleste est incrusté de 4 effigies :
Le taureau, le lion, l’aigle et l’homme.
Ces 4 effigies sont allusionnées dans un verset des Téhilim (68-18) :
רֶכֶב אֱלֹקִים, רִבֹּתַיִם אַלְפֵי שִׁנְאָן
Les chars d’Hachem se comptent par myriades et milliers d’anges.
Les lettres hébreux du mot « שנאן » sont les initiales des mots :
שור, נשר, אריה, נאמן 
Taureau, aigle, lion, « Nééman ».
Le terme « Nééman » - qui signifie « fidèle » - désigne l’homme.

Les Béné Israël se sont dit : nous ne sommes pas aptes à parler au lion.
Nous choisirons donc le moins important parmi eux, et c’est le taureau.
Confections nous un taureau qui sera notre intermédiaire avec Hachem.

Mais ils ne possédaient pas beaucoup d’or, car au début, Aharon leur dit :
« Détachez les pendants d'or qui sont aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles et apportez-les-moi. » (Chémot 32-2 dans notre Paracha).
Lorsque les Béné Israël vinrent trouver leurs épouses, celles-ci refusèrent de leur donner leurs bijoux, et elles leur dirent : « Vous êtes des imbéciles ! Vous venez de recevoir la Torah, et vous désirez réaliser un veau d’idolâtrie ?!! »
C’est pourquoi, le texte dit uniquement au sujet des hommes :

Tous se dépouillèrent des pendants d'or qui étaient à leurs oreilles et les apportèrent à Aharon. (Ibid.2)
Ces bijoux masculins étaient peu nombreux, et de ce fait, ce n’est pas un taureau qui sortit mais seulement un petit veau.

Les Béné Israël nourrissaient le veau avec la Man.
Ils renonçaient à leur propre nourriture et préféraient la donner au veau.
Ils s’amusaient, comme il est dit : le peuple se mit à manger et à boire, puis se livra à des réjouissances. (Ibid.6)
C’est pourquoi, Hachem entra dans une grande colère envers eux et envisagea de les détruire.
« Si Moché, son élu, ne se fût placé sur la brèche devant lui, pour détourner sa colère prête à tout détruire. » (Téhilim 106-23).
Moché Rabbénou est celui qui pria Hachem afin qu’il pardonne au peuple d’Israël.
Mais que dit-il à Hachem ?
« Pourquoi Hachem, ton courroux menace-t-il ton peuple, que tu as tiré du pays d'Égypte avec une si grande force et d'une main si puissante ? » (Chémot 32-11).
Que signifie cet argument de Moché à l’égard d’Hachem ??! Que veut-il lui dire ??
Qu’il pardonne à son peuple parce qu’il les a fait sortir « avec une si grande force et d'une main si puissante » ??!
Au contraire ! Justement, si Hachem a tant fait pour le peuple d’Israël, ils doivent davantage accomplir sa volonté ! La faute du Veau d’or est donc de la pure ingratitude !
Quel est donc le sens des propos de Moché Rabbénou ?

Expliquons la chose par une image.
Un homme riche et respectable venait de perdre subitement son épouse (qu’Hachem nous en préserve). Il resta seul.
Au bout d’un an, il se dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Béréchit 2-18).
Il sollicita les services d’un marieur et lui demanda de lui trouver une digne épouse.
Quelques jours plus tard le marieur se présenta devant le riche veuf et lui dit :
« Je me trouvais récemment à la station centrale d’autobus, et je suis entré dans un restaurant pour manger. J’ai constaté que le restaurant était tenu par une femme.

Je l’ai observée et j’ai vu qu’elle était une femme pudique et intelligente. Je me suis dit qu’elle te correspondait ! Peut-être irais-tu au restaurant afin de la voir ? »
Le riche veuf accepta et se rendit au restaurant. Il s’assit et commanda à manger.
Il vit que la patronne du restaurant se comportait avec pudeur, pureté et crainte du Ciel.
Elle lui plut, et il retourna auprès du marieur en lui demandant de faire le nécessaire pour organiser la rencontre.

Le marieur alla trouver la femme et lui dit :
« Untel est intéressé à te rencontrer en vue d’un mariage. Qu’en penses-tu ? »
La femme répondit que le projet lui plaisait, mais qu’elle avait de lourdes dettes, du fait qu’elle avait beaucoup investi dans son restaurant, et qu’elle devait dans l’immédiat rembourser ses dettes. Elle estima que d’ici 6 mois la chose pourrait se faire.
C’est pourquoi, elle demanda que l’homme patiente 6 mois, et ensuite ils pourront se marier.

Le marieur retourna auprès du riche veuf et lui répéta les propos de la femme, qu’il devait patienter 6 mois. Le riche veuf accepta. Mais au bout de deux jours, il regretta. Il appela de nouveau le marieur et lui dit :
« Quel est le problème ?? Elle a des dettes ? Je paierais toutes ses dettes ! »
Le marieur se rendit de nouveau auprès de la femme et lui répéta les propos du riche veuf.
La femme accepta et confia le cahier des dettes au marieur, afin qu’il le donne au riche veuf.
Celui-ci déclara : « J’accepte de rembourser toutes ses dettes dès l’instant où nous nous serons rencontrés et nous aurons pris la décision de nous marier. »

Les jours passèrent et les deux intéressés décidèrent de se rendre aux bureaux du conseil religieux de la municipalité de Jérusalem, afin d’ouvrir un dossier d’inscription pour le mariage.
Le riche veuf vint chercher sa fiancée au restaurant, mais afin de ne pas partir à jeun, ils se dirent qu’ils mangeraient d’abord quelque chose.
La femme se rendit en cuisine et commença à préparer une pâte afin de faire frire de bons beignets. L’homme était assis et attendait, jusqu’à perdre patience car il craignait que les bureaux du conseil religieux de la ville allaient fermer, et qu’ils seraient forcés de repousser le mariage d’un jour. Il dit à la femme :
« Laisse tomber ! Allons-y ! Il n’est pas nécessaire de manger ! »
La femme accepta, mais elle prit quand même un sachet dans lequel elle mis les beignets qui n’avaient pas encore été fris. L’homme lui demanda :
« Pourquoi prends-tu ces beignets ? »
Elle lui répondit :
« Comme ça. »
Elle prit les beignets avec elle et ils se rendirent aux bureaux du conseil religieux de la ville.

Lorsqu’ils arrivèrent, ils virent une pancarte indiquant une grève des employés municipaux, et de ce fait il n’y avait pas d’accueil du public aujourd’hui !
L’homme se frappa la tête : « Quelle poisse ! »
Mais il n’en resta pas là. Il se rendit au domicile du Grand Rabbin de la ville et lui dit :
« Monsieur le Rabbin, nous sommes de gens qui craignent le Ciel, et il nous est impossible d’ouvrir présentement un dossier d’inscription de mariage. De plus, selon la loi, il est interdit de fixer une date de mariage moins d’un mois après l’ouverture du dossier. C’est pourquoi, je vous demande de rédiger un courrier pour moi, afin que l’on nous inscrive dès demain matin, et que l’on nous autorise à nous marier d’ci seulement une semaine ! »
Le Rav accepta et il rédigea un courrier dans ce sens qu’il adressa à l’employé municipal préposé aux inscriptions au mariage.
Le lendemain, les fiancés arrivèrent auprès de l’employé municipal, et la date du mariage fut fixée une semaine après. Les fiancés s’en réjouirent.

La femme dit à son fiancé :
« Le mariage est dans une semaine, et je n’ai pas de vêtements dignes de cet événement ! Je dois m’acheter de beaux vêtements pour le mariage et les 7 jours de réjouissance ! »
Son fiancé lui dit :
« Aucun problème ! A Tel Aviv il y a le grand magasin « Kol Bo Chalom » où tu trouveras tous les vêtements que tu désires ! Allons-y et je paierais tout ! »
Ils se rendirent au magasin. La femme trouva des vêtements qui lui plaisaient.
Elle entra dans la cabine d’essayage afin d’essayer les nouveaux vêtements.
Elle posa ses anciens vêtements sur une chaise. Son fiancé prit les anciens vêtements et les mis dans sa sacoche. La femme lui demanda :
« Pourquoi prends-tu ces vêtements ? »
Il lui répondit :
« Qu’est-ce que cela peut te faire ? Ces vêtements ne sont plus dignes de toi ! Tu as besoin de beaux vêtements neufs, et non de ces chiffons usés ! »
La femme accepta.

Le mariage fut célébré dans la joie et le luxe. Les Grands Rabbins étaient présents, ainsi que d’autres personnalités. Tout se déroula de manière paisible.
Mais au milieu des 7 jours de réjouissance, une dispute éclata entre les nouveaux mariés.
Lui criait depuis un coin de la maison, et elle criait à son tour depuis un autre coin.
Le mari se précipita et prit sa sacoche. Il l’ouvrit et en sortit les vieux vêtements de son épouse. Il lui dit :
« Regarde ! Comment me parles-tu ?? » Et tout en saisissant les vêtements, il ajouta :
« Tu portais des chiffons ! J’ai fait de toi une reine ! Et c’est comme ça que tu me parles ??! »

La femme se précipita elle aussi et attrapa dans sa main le sachet contenant les beignets qui n’avaient pas eu le temps de frire correctement. Elle lui dit :
« Toi aussi regarde ! Qui a couru après qui ?? Même pour manger ça tu n’as pas pris le temps !! C’est moi qui a voulu de toi ou le contraire ?? Pourquoi cries-tu ?? »
Le mari se calma immédiatement et comprit qu’il était allé trop loin dans ses propos.
Il fit la paix pour toujours avec sa nouvelle épouse.

Il en est de même entre Hachem et Israël.
Hachem se mit en colère contre Israël. Moché se présente devant lui et lui dit :
« Tu as dit : Ils (les égyptiens) les asserviront et les feront souffrir durant 400 ans, mais en définitif, Israël ne fut asservi que 86 ans, (car Hachem modifia le compte et recalcula les 400 ans d’une manière totalement différente). Ensuite, je me suis présenté devant Pharaon et je lui ai dit en ton nom : « Laisse partir mon peuple afin qu’il me serve ! » Pharaon n’accepta pas, car Israël doit être esclave durant 400 ans ! Et toi – le maître du monde – tu as infligé à Pharaon une plaie après l’autre, « avec une si grande force et d'une main si puissante », et tu as sorti ton peuple d’Egypte. Qui court après qui ?? Tu t’es hâté de délivrer Israël, il n’est donc pas juste de te mettre en colère contre eux ! »

Moché Rabbénou est le « berger fidèle », et ses propos ont donné des fruits.
Hachem lui répond : « Je pardonne selon ta parole. »

Chabbat Chalom

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