Il est enseigné dans une Michna du traité Sotta (41a) qu’une fois tous les 7 ans, après l’achèvement de la Chémita (la 7ème année), s’accomplissait la Mitsva de « ‘Hak’hel » lors de la fête de Soukkot.
Tout le peuple d’Israël – hommes, femmes et enfants – se rendait à Jérusalem, et écoutait le roi lire dans la Torah.
Avec l’aide d’Hachem, si nous avons le mérite que vienne le Machia’h, se déroulera la Mitsva de Hak’hel l’année à venir (5783) le 1er jour de ‘Hol Ha-Mo’ed (demi-fête) de Soukkot.
Voici les propos de la Michna au sujet de la sortie du Séfer Torah et de sa lecture lors de cet évènement:
L’administrateur prenait le Séfer Torah et le donnait au responsable des appelés à la Torah, qui le donnait au suppléent du Cohen Gadol, qui le donnait lui-même au Cohen Gadol, et le Cohen Gadol donnait le Séfer Torah au roi.
Le roi se levait, recevait le Séfer Torah et lisait en étant assis.
Le roi Agrippas se leva, reçu le Séfer Torah et le lut en restant debout.
Les sages firent son éloge (parce qu’il avait lu en étant debout et non assis).
Lorsqu’il arriva au verset (au sujet de la nomination du roi d’Israël) « Tu ne pourras pas nommer au-dessus de toi un homme étranger », ses yeux versèrent des larmes.
Ils lui dirent: « N’aie crainte Agrippas! Tu es notre frère! Tu es notre frère! »
Explication: Agrippas avait une mère juive, mais un père de la descendance de Hérode qui était un esclave qui s’est emparé de la royauté d’Israël.
C’est pourquoi, lors de la lecture de la Torah, lorsqu’Agrippas arriva au verset dans lequel est formulée l’interdiction de nommer un roi non-juif sur Israël, il fut ému et des larmes coulèrent de ses yeux, car il savait qu’il n’était pas digne d’être roi puisque son père était esclave. Le peuple lui dit : « Ne sois pas penné Agrippas! Tu es notre frère, car ta mère était juive. »
Mais en réalité, il était interdit de nommer Agrippas en tant que roi sur Israël, car il faut nommer exclusivement un juif dont le père est lui aussi juif.
De ce fait, lorsqu’ils lui ont dit « Tu es notre frère », ces propos constituaient de la flatterie hypocrite envers le roi, car en réalité ceci n’est pas en accord avec la volonté d’Hachem.
Voici ce qu’enseignent nos maitres dans la Guémara:
On enseigne au nom de Rabbi Nathan: « Au moment où ils dirent à Agrippas « Tu es notre frère », un dur décret fut promulgué contre Israël, car ils avaient flatté Agrippas de façon hypocrite ».
Nos maitres s’étendent longuement sur la gravité l’interdiction de flatter une personne de manière hypocrite, contre la volonté de la Torah.
Nos maitres disent dans la Guémara:
Rabbi El’azar dit: Toute personne possédant la flatterie hypocrite, amène la colère sur le monde. Qui plus est, sa prière n’est pas entendue.
Toute personne qui possède la flatterie hypocrite, tombera dans le Guéhinam.
Nos maitres apprennent tout ceci à partir d’analyse de différents versets.
Nos maitres les décisionnaires médiévaux se sont interrogés:
Pourquoi une si grande colère sur Israël fut-elle entraînée simplement parce qu’ils flattèrent Agrippas de manière hypocrite?
Les Tossafott expliquent que le grand châtiment pour la flatterie hypocrite s’abat sur le flatteur parce qu’il flatte une personne sur une chose qui va à l’encontre de la volonté d’Hachem, comme ils ont flatté Agrippas à l’encontre de la volonté d’Hachem, « … et ceci représente le châtiment de la flatterie hypocrite sur un point de transgression … », car le flatteur exprime sa flatterie envers la personne par crainte envers cette personne, il ne prend donc pas en considération la crainte envers Hachem, et il agit comme si – ‘Hass vé-Chalom » - Hachem ne voit pas ce qui est fait.
Nous apprenons donc que l’essentiel de l’interdiction de la flatterie hypocrite consiste à flatter une personne qui commet des fautes.
Par exemple, lorsque quelqu’un fait l’éloge d’un homme d’affaire en lui disant qu’il est un brillant homme d’affaire, alors qu’il sait pertinemment que l’autre fait des affaires avec des choses interdites par la Halacha. Il s’agit là de la flatterie interdite.
De même, lorsque quelqu’un fait des éloges à une personnalité publique en sa présence, alors qu’il sait qu’il s’agit d’un Racha’ (un impie), il s’agit là de flatterie, car en flattant de telles personnes, on se dérobe au respect d’Hachem, et l’on donne des honneurs à celui qui Le met en colère.
Cependant, il y a malgré tout une certaine réserve sur la question.
En effet, notre maitre le Rav z.ts.l cite – dans son livre ‘Anaf ‘Ets Avott (page 192) – les propos du Maharach ELGAZI dans son livre Mé’oulefett Sapirim, selon qui il n’y a pas d’interdiction de flatter un Racha’ lorsque le but est de le rapprocher de la Torah.
Le Maharach ELGAZI apprend cela à partir d’un enchainement de versets.
(Voir Chou’t Yabiya’ Omer vol.2 sect. O.H chap.15).
Par conséquent, s’il y a une réelle nécessité, il est permis de flatter une personne qui commet des fautes, car ainsi on pourra la rapprocher de la Torah.
Mais évidemment, même dans un tel cas, il ne faudra pas flatter la personne sur des choses interdites qu’elle réalise.
En conclusion: Il est interdit de flatter des impies. Si l’on flatte un impie sur une chose qui est contraire à la volonté d’Hachem, il s’agit là d’une des plus graves interdictions, comme nos maitres l’enseignent dans la Guémara (Ibid.):
La catégorie des flatteurs ne contemplera pas la Ché’hina (présence Divine).