Il y a environ deux semaines, nous avons appris qu’il est interdit de courir pendant Chabbat. Nous avons expliqué que nos maitres apprennent cette interdiction d’un verset du livre du prophète Yécha’ya (chap.58):
« Si tu cesses de fouler aux pieds le Chabbat, de vaquer à tes affaires en ce jour qui m'est consacré, si tu considères le Chabbat comme un délice, la sainte journée d’Hachem comme digne de respect, si tu le tiens en honneur en t'abstenant de suivre tes voies ordinaires, de t'occuper de tes intérêts et d'en faire le sujet de tes entretiens ».
Dans la Guémara Chabbat (113a), nos maitres commentent ce verset ainsi:
« Si tu le tiens en honneur en t'abstenant de suivre tes voies ordinaires » - Ta manière de te déplacer pendant Chabbat ne doit pas être comme celle des jours de semaine.
C’est pourquoi, on ne doit pas courir pendant Chabbat, aussi bien une course légère qu’une course rapide. C’est ainsi que tranchent le RIF et le ROCH, ainsi que le TOUR et MARAN dans le Choul’han ‘Arou’h (chap.301).
Nous avons aussi fait mention des propos du SAMAG, ainsi que ceux de MARAN dans le Choul’han ‘Arou’h et des décisionnaires, selon lesquels les jeunes adolescents (à fortiori des enfants) qui prennent du plaisir en courant pendant Chabbat, sont autorisés à le faire.
En effet, nos maitres n’ont interdit de courir pendant Chabbat que pour la plupart des gens, pour qui le fait de courir représente une fatigue.
Mais pour des jeunes adolescents – ou de notre époque, les gens qui courent à titre de jeu ou pour qui le fait de courir est une satisfaction – sont autorisés à courir pendant Chabbat.
De même, les petites filles qui ont l’usage de sauter à la corde, sont autorisées à le faire pendant Chabbat, car elles le font à titre de satisfaction.
Cependant, les décisionnaires des derniers siècles débattent afin de définir s’il est malgré tout souhaitable et correct de courir pendant Chabbat même pour sa satisfaction personnelle.
En effet, le Baït ‘Hadach écrit qu’il ne faut pas trancher à priori la permission de courir pendant Chabbat. Ce n’est que lorsque de jeunes adolescents courent de leur propre initiative pendant Chabbat qu’il ne faut pas leur en faire la remarque, afin de ne pas gâcher leur joie. Mais s’ils viennent consulter pour savoir comment agir, il faut leur répondre de ne pas courir pendant Chabbat.
Mais selon l’opinion de la majorité des décisionnaires des derniers siècles, il n’en est rien. Il est permis même à priori d’autoriser à une personne de courir pendant Chabbat, si elle tire un plaisir de sa course.
C’est ainsi que tranchent le Maguen Avraham et le Michna Béroura (ibid. note 5).
MARAN dans le Beit Yossef, ainsi que le RAMA, écrivent qu’au même titre qu’il est permis de courir pendant Chabbat lorsqu’on en tire un plaisir, ainsi il est permis de se promener pendant Chabbat, même lorsqu’on le fait à titre d’activité physique, cela reste permis car cette promenade n’indique pas visuellement qu’elle est réalisée dans un but d’activité physique et pour se renforcer, mais uniquement un aspect de promenade.
De même, il est permis de pratiquer de la musculation pendant Chabbat, même si cela implique de lever des poids et de tendre des ressorts ou autre, car toutes ces choses ne représentent aucun interdit pendant Chabbat pour des gens en bonne santé, qui ne le font que pour garder la forme. (‘Hazon Ovadia - Chabbat vol.3 page 387; Or Létsion chap.36, et autre).
Cependant, notre maitre le Gaon et Richon LéTsion Rabbi Its’hak YOSSEF Chlita écrit le Yalkout Yossef, que chacun doit avoir malgré tout la vigilance de ne pas multiplier la promenade pendant Chabbat, car les jours de Chabbat et de Yom Tov n’ont été donnés à Israël que dans le but de s’y adonner à l’étude de la Torah.
Il rapporte également au nom de Rabbi Avraham IBN ‘EZRA qu’Hachem a sanctifié le jour de Chabbat et l’a assigné afin que les âmes puissent recevoir ce jour-là un supplément de sagesse, supérieur aux autres jours.
C’est pour cette raison, que les gens qui craignent la Parole d’Hachem, même s’ils ont l’usage de courir durant les jours de semaine pour leur satisfaction, malgré tout, pendant Chabbat ils s’en abstiennent, et ils se contentent d’une simple promenade, car le jour de Chabbat – de par sa grande sainteté – n’est pas approprié à une attitude profane, mais uniquement à s’adonner au plaisir et à la quiétude de l’âme, et à l’étude de la Torah, chacun selon ses capacités.
Depuis ces dernières années, beaucoup de synagogues organisent des cours de Torah le jour de Chabbat, aussi bien par des Rabbanim, aussi bien par une étude en binôme (‘Havrouta).
De même, certains organisent aussi des cours de Torah pour le public féminin, par des Rabbaniyot.
Certaines femmes vertueuses lisent beaucoup de Téhilim pendant Chabbat.
Toutes ces démarches constituent des attitudes très justes, en particulier pour la sainteté du jour de Chabbat, afin de l’exploiter vers le véritable objectif enfoui en lui.