Question: Quelqu’un prie la ‘Amida habituelle du matin, en pensant par erreur que l’on est Roch ‘Hodech, et il mentionne « Ya’alé Véyavo ». Doit-il recommencer la ‘Amida?
Réponse: La questionne est relative à toute situation dans laquelle quelqu’un mentionne par erreur un passage de la prière qui n’est pas approprié au jour.
Par exemple, lorsque quelqu’un prie ‘Arvit un soir de semaine et mentionne par erreur « Ata ‘Honantanou » (que l’on mentionne le samedi soir à la sortie de Chabbat), ou lorsque quelqu’un récite le Birkat Ha-Mazon un jour de semaine et mentionne par erreur « Rétsé Véha’halitsénou » (que l’on mentionne dans le Birkat Ha-Mazon du Chabbat).
Nous devons définir si la mention d’un tel passage inapproprié est considérée comme une parole d’interruption au milieu de la prière ou au milieu du Birkat Ha-Mazon - auquel cas si la personne se rend compte de son erreur après avoir terminé, elle est tenue de recommencer la ‘Amida ou le Birkat Ha-Mazon - ou bien cet ajout par erreur ne représente pas une interruption?
Les propos du Or’hott ‘Haïm
Dans le Beit Yossef (chap.108), MARAN cite les propos du Or’hott ‘Haïm selon lesquels, quelqu’un ayant oublié de prier Min’ha le jour de Chabbat, et doit donc prier 2 fois la ‘Amida de ‘Arvit à la sortie de Chabbat, l’une à titre de ‘Arvit et l’autre à titre de rattrapage de Min’ha, et selon la règle il doit mentionner « Ata ‘Honantanou » dans la 1ère et non dans la 2ème. S’il a par erreur mentionné « Ata ‘Honantanou » également dans la 2ème ‘Amida, à postériori cela n’est pas considéré comme une interruption, et il est quitte de son obligation. Fin de citation des propos du Or’hott ‘Haïm.
A partir de là, MARAN déduit que toute mention par erreur d’un passage inapproprié au jour, n’est pas considérée comme une interruption dans la prière, et l’on est quitte dans ce cas de son obligation à postériori.
Les propos du Choul’han ‘Arou’h
C’est pourquoi, MARAN écrit dans le Choul’han ‘Arou’h (ibid.) que lorsque quelqu’un a mentionné par erreur « Ya’alé Véyavo » ou autre dans la ‘Amida un jour inapproprié à cette mention, cela n’est pas considéré comme une interruption dans la ‘Amida, et l’on ne doit pas recommencer pour autant.
Divergence parmi les décisionnaires sur la compréhension des propos de MARAN
Cependant, les décisionnaires des derniers siècles débattent au sujet de l’opinion réelle de MARAN sur ce point. Selon certains décisionnaires, cela concernerait uniquement une situation de « rattrapage », comme nous l’avons cité, s’il a mentionné par erreur « Ata ‘Honantanou » dans les 2 ‘Amidott le samedi soir, ce n’est pas considéré comme une interruption à postériori, mais si le cas se produit un simple jour de semaine où quelqu’un mentionnerait par erreur « Ya’alé Véyavo » un jour qui n’est pas Roch ‘Hodech, cela constituerait de façon évidente une interruption dans la ‘Amida.
Selon d’autres décisionnaires, les propos de MARAN dans le Choul’han ‘Arou’h sont relatifs à toute situation où l’on aurait par erreur mentionné un passage inapproprié dans la’Amida, et dans tous les cas on est quitte à postériori, sans devoir recommencer la ‘Amida.
La règle dans la pratique
En réalité, il semble selon le strict Din que la Halacha est tranchée selon les décisionnaires qui pensent que dans toute situation où l’on a mentionné par erreur un passage inapproprié au jour, c'est-à-dire, « Ya’alé Véyavo » un jour qui n’est pas Roch ‘Hodech, ou « Ata ‘Honantanou » ou autre, on est quitte à postériori de son devoir, et cet ajout par erreur ne constitue pas une interruption dans la ‘Amida.
Cependant, il est bon de prendre aussi en considération l’opinion selon laquelle cet ajout – même accidentel – est considéré comme une interruption, et il est recommandé dans ce cas de dire une nouvelle fois la ‘Amida sous condition de « Nédava » (prière offerte), en disant au préalable: « Si je suis tenu de recommencer la ‘Amida, que cette nouvelle ‘Amida soit considérée comme mon devoir. Si je ne suis pas tenu de recommencer la ‘Amida, que cette nouvelle ‘Amida soit considérée comme offerte ».
Pour le Birkat Ha-Mazon, il semble que l’on ne doit absolument pas recommencer.
Sources: Voir Chou’t Yabiya’ Omer vol.9 chap.94 parag.19; Halichott ‘Olam vol.1 page 180; Yalkout Yossef page 612. A partir des propos des décisionnaires qui ont déduit cette règle de celle de « Ata ‘Honantanou », et selon ce qu’écrit le Michna Béroura, que pour « Ata ‘Honantanou » cela n’est absolument pas considéré comme une interruption, et malgré cela MARAN en déduit qu’il en est ainsi pour tout ajout par erreur, il en découle donc qu’il considère que l’on ne doit pas faire de différence entre les différents ajouts par erreur, et que tous les moments se valent pour cette règle. L’essentiel à retenir est donc l’opinion du Yalkout Yossef.