Halacha pour lundi 5 Iyar 5784 13 mai 2024

La Halacha est dédiée :
Pour la guérison totale de Gabriel Ben Sultana (Teboul), Max Mordé'haï Ben Oraïda (Mimouni), Raoul Chaoul Ben Yéchou'a (Assouline), parmi tous les malades d'Israël

« Ne te dérobe jamais à ceux qui sont comme ta propre chair ! »

Il est dit dans le livre du prophète Yécha’yahou (58-7) :
הֲלוֹא פָרֹס לָרָעֵב לַחְמֶךָ, וַעֲנִיִּים מְרוּדִים תָּבִיא בָיִת: כִּי-תִרְאֶה עָרֹם וְכִסִּיתוֹ, וּמִבְּשָׂרְךָ לֹא תִתְעַלָּם. (ישעיה נח-ז).
« Partage ton pain avec l'affamé, accueille dans ta maison les malheureux sans asile; quand tu vois un homme nu, couvre-le, ne te dérobe jamais à ceux qui sont comme ta propre chair ! »

Hachem nous signifie ici Sa volonté de voir ses enfants – les Béné Israël – se prodiguer du bien les uns envers les autres, être bons envers les autres, Il désire que l’on donne de notre pain aux affamés, que l’on se soucie des nécessiteux afin qu’ils aient un logement et des vêtements, et que l’on ne se dérobe pas vis-à-vis de ceux de notre chair.
Cela signifie qu’il est une obligation particulière de donner de la Tsédaka et d’assister - en pratiquant le bien - les gens qui nous sont proches, comme des membres de la famille, proches ou éloignés. [De même, que l’on fasse du bien de manière particulière envers nos voisins et ceux qui nous sont proches, car
טוֹב שָׁכֵן קָרוֹב, מֵאָח רָחוֹק. (משלי כז-י) 

« Un voisin proche est meilleur qu’un frère lointain » (michlé 27-10), comme expliqué dans Chou’t Yabiya’ Omer vol.2 sect. E.H chap.7].

Il est rapporté dans le Talmud Yérouchalmi (Kétoubot chap.11 Halacha 3) :
Rabbi Yossé Ha-Galili était marié à une femme au fort tempérament qui le faisait particulièrement souffrir. Un jour, Rabbi El’azar Ben ‘Azarya lui rendit visite et lui dit :
« Rabbénou ! Divorce de cette femme ! Il n’est pas de ton honneur de rester avec une telle femme qui se comporte envers toi d’une manière aussi incorrecte ! »
Rabbi Yossé Ha-Galili lui répondit :
« La somme d’argent que j’ai engagé dans la Kétouba de ma femme est une très grosse somme, et je n’ai pas les moyens de payer une telle somme, c’est pourquoi je ne peux pas la divorcer. »
Rabbi El’azar Ben ‘Azarya lui dit :
« Je vais te donner cette somme et tu vas la divorcer. »
Il en fut ainsi, Rabbi Yossé paya l’intégralité de la somme de la Kétouba à sa femme et la divorça. Chacun prit un nouveau chemin dans la vie.

Rabbi Yossé poursuivit sa vie. Il étudiait la Torah dans la sainteté et la pureté.
Il eut le mérite de gagner dignement sa subsistance, au point de posséder plusieurs maisons et suffisamment d’argent pour sa subsistance et celle de sa famille.
En revanche, son ex-femme épousa un juif qui était gardien de la ville.
Mais peu de temps après, leur destin se détériora. Son nouvel époux perdit tous ses biens et devint un nécessiteux. Pire encore, il perdit la vue à ses deux yeux.
Que fit la femme ? N’ayant d’autre choix, elle emmena son mari dans les rues de la ville, et le guidait vers les portes des maisons afin de ramasser de la Tsédaka pour leur survie.

Un jour, ils allèrent vers toutes les maisons de la ville mais personne ne leur donna quoi que ce soit. Son mari lui dit :
« N’y a-t-il pas une autre rue où l’on pourrait ramasser des dons ? »
La femme répondit :
« Il y a encore une rue où habite mon ex-mari, Rabbi Yossé Ha-Galili, mais je ne peux y pénétrer car j’aurais trop honte que l’on me voit dans une telle situation. »
Lorsque son mari entendit ses propos, il se mit en colère, comprenant que c’était humiliant pour elle d’être mariée à lui. Il l’attrapa et la frappa. Elle commença à crier et lui rendit ses coups. Ainsi ils se tenaient en pleine rue, en s’humiliant mutuellement.

Rabbi Yossé Ha-Galili passa dans la rue au même moment et entendit leurs voix, s’humiliant en public. Il les prit tous les deux et leur octroya une maison parmi les maisons qu’il possédait. Il les nourri et leur fourni leur subsistance durant toute leurs vies, (car Rabi Yossé quitta ce monde bien après eux), comme il est dit : « Ne te dérobe jamais à ceux qui sont comme ta propre chair ! » (Yécha’ya 58-7), et nos maitres commentent ce verset : il s’agit là de l’ex-femme d’un homme, même après l’avoir divorcée elle s’appelle encore « sa chair » (car s’il désirait épouser la sœur de son ex-femme, on leur dirait qu’ils sont interdits l’un à l’autre, car elle est la sœur de « sa chair ».

Il est également rapporté dans les enseignements de nos maitres (Midrach sur Vaykra Paracha de Béhar):
A l’époque de Rabbi Tan’houma, il y eut une grande sécheresse.
Le monde avait besoin que la pluie descende du ciel. L’assemblée vint trouver Rabbi Tan’houma et lui dit:
« Rabbénou ! Décrète un jour de jeûne afin que tout le monde jeûne et que la pluie descende ! »
Rabbi Tan’houma décréta un jeûne mais la pluie ne descendit pas.
Il décréta un autre jeûne, mais elle ne descendit toujours pas.
Il prit la parole en public et demanda que chacun aille et accomplisse la Mitsva de Tsédaka au maximum de ses possibilités (Torat ‘Haïm sur traité ‘Avoda Zara 5a), afin de faire obtenir des mérites au peuple d’Israël pour qu’ils soient dignes de recevoir la pluie.

Un des élèves de Rabbi Tan’houma se leva et prit de l’argent qu’il conservait dans sa maison.
Il sorti dans la rue. Son ex-femme le rencontra. Elle s’approcha de lui et lui dit :
« Fais moi gagner aujourd’hui de la Tsédaka, car depuis que je suis sorti de chez toi, je n’ai jamais connu le bien. »
Voyant son ex-femme dans une situation très difficile, au point de n’avoir même pas de vêtements dignes et étant dans la pire détresse, l’élève eut pitié d’elle et lui donna une importante somme d’argent de ce qu’il avait dans la main, et il s’en alla.

Au moment où cet élève parla avec son ex-femme dans la rue, un homme se tenait à proximité et les observait. Il alla chez Rabbi Tan’houma et lui dit :
« Rabbi ! Comment peux-tu rester là assis dans la maison d’études alors qu’une transgression est commise ?! »
Rabbi Tan’houma lui demanda :
« Qu’as-tu vu ? »
L’homme lui dit :
« J’ai vu untel (ton élève) parler avec son ex-femme dans la rue, et il lui a même donné de l’argent. »

Rabbi Tan’houma envoya chercher l’élève.
Lorsqu’il arriva, Rabbi Tan’houma lui dit :
« Mon fils, ne sais-tu pas que le monde souffre ?! Les hommes sont dans la souffrance, les animaux sont dans la souffrance, et toi tu vas trouver ton ex-femme et tu lui donnes de l’argent ?! Ne sais-tu pas qu’il n’est pas convenable de se comporter ainsi ?! »
L’élève répondit à Rabbi Tan’houma :
« N’est-ce pas toi qui a commenté : « Ne te dérobe jamais à ceux qui sont comme ta propre chair ! » : il s’agit là de l’ex-femme d’un homme ? N’est-ce pas toi qui a demandé que chacun sorte et accomplisse la Mitsva de Tsédaka ? C’est pourquoi j’ai pris ce que je possédais et je suis sorti pour chercher une Mitsva, lorsque mon ex-femme m’a rencontré et m’a dit : « Fais moi gagner de la Tsédaka aujourd’hui car depuis que je suis sorti de chez toi je n’ai jamais connu le bien de toute ma vie. », lorsque je l’ai vue dans un tel état, sans vêtements dignes et dans une grande détresse, j’ai eu pitié d’elle et je lui ai donné de l’argent, comme il est dit : « Ne te dérobe jamais à ceux qui sont comme ta propre chair ! ».

A cet instant, Rabbi Tan’houma leva le visage au ciel et dit :
« Maitre du monde ! Un homme fait de chair et de sang, dont la nature est de se comporter avec cruauté envers son ex-femme, qu’il n’a aucun devoir de nourrir, et qui pourtant, l’ayant vue dans une grande détresse, l’a prise en pitié et lui donna. Nous, qui sommes Tes enfants, les enfants de ceux que tu as choisis, Avraham, Its’hak et Ya’akov, et dont notre subsistance est à Ta charge, à fortiori ! »
A cet instant précis, la pluie tomba.

Nous apprenons de tout ceci à quel point l’homme doit améliorer ses actes et corriger ses pulsions, car même lorsque quelqu’un l’a fait souffrir et l’a blessé (et il n’y a quasiment pas plus douloureux qu’une dispute dans un couple), malgré tout, lorsqu’il a vu son ex-femme dans la détresse au point de nécessiter de l’aide, il se mobilisa pour lui venir en aide.
Que le mérite des saints Tanaïm nous protège, Amen.

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