Question: Est-il possible de Cachériser un four pour Péssa’h?
Réponse: Notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l a traité ce sujet à divers endroits de ses ouvrages (Chou’t Yabiya’ Omer vol.5 sect. Y.D chap.7 ; et autres …), et il s’agit d’un sujet très complexe d’un point de vue Halachique, et nous nous contenterons de les résumer.
En effet, pendant la cuisson dans le four, les aliments produisent de la vapeur qui adhère aux parois du four qui vont l’absorber. Ensuite, lorsqu’on va cuire un autre aliment dans le four, ces mêmes vapeurs absorbées précédemment vont être rejetées et absorbées dans les aliments cuits présentement dans le four.
A partir de là, nous apprenons que durant toute l’année, il est interdit d’utiliser le même four pour des aliments viandes et pour des aliments lactés, sans Cachériser systématiquement le four entre les deux types de cuissons.
De plus, comme nous l’avons expliqué antérieurement, toute chose ayant absorbé le goût d’un aliment – comme une marmite dans laquelle on a cuisiné de la viande par exemple – son procédé de Cachérisation correspond à son mode d’absorption du goût alimentaire. Le mode de Cachérisation d’une marmite est donc la Hag’ala, l’immersion de la marmite dans un très grand ustensile contenant de l’eau bouillante qui se trouve encore sur le feu. Grâce à la Hag’ala, la marmite va rejeter le goût des aliments interdits qu’elle a absorbé auparavant.
MARAN écrit dans le Choul’han ‘Arou’h (chap.451) que les ustensiles qu’on a utilisé directement avec le feu (les ustensiles qui grillent le ‘Hamets directement au feu sans liquides), ont pour procédé de Cachérisation le feu lui-même. C’est ce que l’on appelle le « Liboun ». Par exemple : des grilles ou des broches que l’on utilise avec le ‘Hamets directement sur le feu, il faudra pour les Cachériser les passer à la flamme, jusqu’à rougissement, même si leur utilisation n’implique pas forcément qu’ils rougissent à ce stade, leur mode de Cachérisation est celui-ci.
Selon cela, il semblerait que le four devrait être passé lui aussi à la flamme, chose impossible dans la pratique.
Cependant, concernant les fours de nos jours, étant donné que l’on n’utilise pas réellement les parois du four, mais uniquement des plaques de four (plateaux), les parois du four n’ont absorbé que les vapeurs alimentaires et ne sont pas entré en contact direct avec l’aliment lui-même. Et puisque le four n’a absorbé le goût des aliments qu’au moyen de la vapeur, son mode de Cachérisation devrait être son réchauffement à la température maximale, et cela devrait suffire pour le Cachériser.
Mais en réalité, cela fait l’objet d’une divergence d’opinion parmi les décisionnaires:
Selon certains, nos fours de notre époque nécessitent eux aussi un procédé de Cachérisation par le feu, et par conséquent ils interdisent d’utiliser le four pour Péssa’h, ils achètent un four spécifique pour Péssa’h.
Selon d’autres, il est également très difficile dans la pratique de nettoyer correctement un four de la moindre particule de ‘Hamets, et ils imposent eux aussi de ne pas utiliser le four pour Péssa’h, sauf s’il s’agit d’un modèle de four « Pyrolyse », mais ils interdisent les autres modèles de fours ordinaires.
Mais dans la pratique, selon le strict Din, concernant un four ordinaire dans lequel on a cuit des aliments ‘Hamets durant l’année, notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l écrit qu’il existe un moyen de le Cachériser. Son fils, notre maitre le Gaon et Richon Lé-Tsion Rabbi Its’hak YOSSEF Chlita a lui aussi écrit sur ce sujet (Yalkout Yossef vol.3 page 360) et il tranche en ces termes:
« Un four à cuisson : il faut le nettoyer le plus minutieusement possible, et ne pas s’en servir durant 24 heures. Ensuite, il faut l’allumer à la température maximale et le laisser chauffer durant 20 minutes, de sorte que la forte température détruira les quelques vapeurs présentes dans le four. »
Ainsi, de cette manière, selon l’opinion de notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l, il sera possible d’utiliser le four même pour Péssa’h.
(Mais par contre il faudra passer les plaques du four à la flamme jusqu’à rougissement. Il est d’usage d’utiliser des plaques spécifiques pour Péssa’h, ou bien des plaques jetables. Certains décisionnaires autorisent à les immerger dans la Hag’ala).