Question: J’ai l’exigence d’acheter de nombreuses choses particulières en l’honneur de Chabbat, afin de faire honneur au Chabbat, mais mon épouse se met en colère en disant que je dépense trop en l’honneur de Chabbat, et qu’il ne nous reste plus d’argent pour les autres besoins du foyer. Qui a raison?
Réponse: il est certes une grande Mitsva de faire honneur au Chabbat et de le délecter. Cependant, il faut peser les choses avec grande sagesse.
Rabbi Yéhouda Hé-‘Hassid écrit dans Séfer Ha-H’assidim (chap.863):
« On ne doit pas dire: « Je vais acheter des délices pour le Chabbat », alors que l’on sait que cela va engendrer une discorde avec son épouse, ou avec ses parents. Ceci illustre parfaitement le verset: « Un pain ranci rempli de quiétude, est préférable à une maison pleine d’offrandes de discorde » (Michlé 17). De même, il est écrit: « Tu nommeras le Chabbat – délice – pour sanctifier Hachem de manière honorable, et tu l’honoreras … », car tel est le véritable honneur que l’on exprime envers le Chabbat, en ne se disputant pas pendant le Chabbat. » Fin de citation des propos du Séfer Ha-‘Hassidim.
Il est rapporté dans les Tikouné Ha-Zohar (Tikoun 48 page 85a) au sujet du verset écrit dans la Torah: « Vous n’allumerez point le feu dans tous vos foyers le jour du Chabbat » (Chémot 35). Toute personne qui se met en colère pendant Chabbat, est comparable à celui qui allume le feu du Guéhinam pendant Chabbat.
En effet, nos maitres enseignent (Chabbat 23b) que lorsqu’une personne ne possède pas les moyens matériels pour acheter à la fois le nécessaire pour les Nérot de Chabbat et à la fois le vin pour le Kiddouch, il doit privilégier les Nérot, car la lumière empêche les discordes dans la maison. Comment quelqu’un pourrait renverser les choses et causer ainsi la discorde dans son foyer pendant un jour aussi saint?!
Notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l cite à ce sujet (dans ‘Hazon Ovadia-Chabbat vol.1 page 20) les propos de notre maitre le ‘HYDA dans son livre ‘Avodatt Ha-Kodech (Moré Bé-Etsba’ note 140) que la veille de Chabbat, à l’approche de Min’ha (l’après-midi du vendredi) est un moment dangereux où l’on est exposé aux risques de disputes entre les époux, ainsi que parmi les domestiques. Les forces de l’impureté (la Sitra A’hara, le Yétser Ha-Ra’) s’investit énormément afin d’attiser et de fomenter une dispute. C’est pourquoi, chaque juif qui craint Hachem, doit surmonter son penchant de toute rigueur, colère ou discorde, et au contraire, afficher un visage radieux qui recherche la paix.
Il est raconté dans la Guémara Guittin (52a) que le Satan (Yétser Ha-Ra’) s’immisçait entre deux personnes, et chaque vendredi soir elles se querellaient.
Un jour, Rabbi Méïr était de passage dans cet endroit, et il les retint durant 3 Chabbatott, jusqu’à ce qu’ils firent la paix. Ils entendirent le Satan s’exclamer:
« Malheur à moi car Rabbi Méïr m’a fait sortir de ma maison ».
Que le sage entende et en tire leçon.