Le soir du 25 Tévet 5776 (1976), s’est déroulée une cérémonie en hommage aux 7 jeunes hommes assassinés sur la place Tsion à Jérusalem, lors d’un attentat commis par des meurtriers arabes.
A cette occasion, notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l prononça un discours dont le contenu est plus précieux que l’or, et qui mérite d’être cité encore aujourd’hui.
« Nos maitres enseignent: La disparition de jeunes gens est aussi douloureuse que la destruction du Temple.
A fortiori lorsqu’il s’agit de jeunes gens d’une grande valeur, qui ont observé correctement la Torah et les Mitsvot.
Je n’ai pas de consolation assez forte dans la bouche envers les familles endeuillées car chaque fils tombé dans cet horrible attentat représente à lui seul un univers entier! Seul Celui qui guérit les débris du cœur et qui soigne leur tristesse pourra les consoler, comme il est dit: « Comme la mère qui console son fils, ainsi je vous consolerais, et au sein de Jérusalem vous serez consolés ».
Il est également dit: « Je passerais au-dessus de toi et je te verrais baigner dans tes sangs. Je te dirais: Vis par ton sang! Vis par ton sang! ».
Le fait que les termes « Vis par ton sang! » soient doublés signifie une vie de construction et de conception, mais aussi une vie de Torah, comme il est dit: « Sans ta Torah j’aurais été perdu dans ma misère ».
Il est dit dans le livre du prophète Yérmiya (31-14,15 et 16):
Ainsi parle Hachem: Une voix retentit dans Rama, une voix plaintive, d'amers sanglots. C'est Ra’hel qui pleure ses enfants, qui ne veut pas se laisser consoler de ses fils perdus! Or, dit Hachem, que ta voix cesse de gémir et tes yeux de pleurer, car il y aura une compensation à tes efforts, dit Hachem, ils reviendront du pays de l'ennemi. Oui, il y a de l'espoir pour ton avenir, dit Hachem: tes enfants rentreront dans leur domaine.
Il est nécessaire d’expliquer: Pourquoi répéter la notion du retour?
Pourquoi « ils reviendront du pays de l'ennemi » et « tes enfants rentreront dans leur domaine »? N’est-ce-pas le même sujet?
En réalité, il existe deux sortes de retour à Tsion (Jérusalem).
Un premier retour qui consiste à sortir des pays ennemis, des pays arabes qui nous ont toujours persécutés, par des décrets et des pogroms, en Irak, en Egypte, en Syrie et en tout endroit. « Je ne connais plus ni paix, ni sécurité, ni repos: les tourments m'ont envahi. » (Iyov 3-26), et jusqu’à présent, avec la création de l’Etat d’Israël, ils ont ajouté la peine sur la souffrance, par différents meurtres, par l’assassinat de jeunes gens si précieux, les martyres tombés au champ d’honneur dans les guerres d’Israël.
L’histoire qui est derrière nous est imbibée du sang d’innocents.
Même dans le lointain Yémen, où se produisent des choses atroces sur des orphelins juifs dont les pleurs montent jusqu’au ciel, parce qu’on les a pris de force pour les convertir à l’islam, ainsi que d’autres nombreux malheurs qui nous frappent. C’est pourquoi le prophète dit d’abord: « ils reviendront du pays de l'ennemi », ce qui signifie qu’Israël méritera de monter en Erets Israël en quittant les pays ennemis, mais cela ne suffit pas car on ne sera pas encore parvenu au repos et à l’héritage, jusqu’au retour spirituel vers la Torah et les Mitsvot, un retour vers nos sources, vers notre prestigieuse tradition. Ce n’est qu’à ce moment que le texte dit: « Oui, il y a de l'espoir pour ton avenir, dit Hachem: tes enfants rentreront dans leur domaine. » En effet, c’est lorsqu’Israël accomplit la volonté d’Hachem qu’ils sont appelés « enfants » (Kiddouchin 36a), et c’est sur ce point que le texte dit: « tes enfants rentreront dans leur domaine. »
En nous enseignant que la disparition de jeunes gens est aussi douloureuse que la destruction du Temple, nos maitres ont voulu nous transmettre un message:
Par la destruction du Temple, Israël a bénéficié d’un sauvetage car c’est par la destruction physique du Temple qu’Israël fut épargné de la colère divine qui s’est abattue sur du bois et de la pierre, comme il est dit dans Téhilim: « Cantique de Assaf: les nations ont envahi ton héritage … », or le terme qui introduit ce psaume qui fait allusion à la destruction du Temple est « cantique » alors qu’il aurait été plus juste de le commencer par le terme « lamentation ». Mais en réalité, il s’agit là d’une véritable glorification adressée à Hachem qui a préféré déverser sa colère sur l’édifice du Temple plutôt que sur son peuple.
La destruction du Temple constitue donc une certaine délivrance pour Israël.
Même s’il est vrai qu’Hachem – si l’on peut s’exprimer ainsi - pleure et s’afflige sur la perte du Temple, comme le dit Hachem: « Malheur car j’ai détruit ma maison et j’ai brûlé mon palais », et de même pour la disparition de jeunes hommes d’Israël, en particulier lorsqu’ils n’avaient pas atteint l’âge de 20 ans, puisque le Zohar Hakadoch nous enseigne que les personnes décédées avant l’âge de 20 ans sont confiées aux anges, et chaque Chabbat et jour de Roch ‘Hodech, on les amène auprès d’Hachem et il les bénit. Lorsque le tourment s’abat sur le monde, Hachem observe ces jeunes hommes et il prend le monde en pitié.
Ceci est donc le parallèle entre la disparition de jeunes hommes d’Israël et la perte du Temple, car leur disparition n’était pas – à D.ieu ne plaise - sans la moindre utilité, puisque grâce à eux Hachem pardonne les fautes de son peuple, et ces jeunes hommes expient les fautes de toute la génération. C’est grâce à eux qu’Hachem prend pitié du monde entier, et qu’il se comporte envers le monde avec bonté et pitié.
Malgré tout ceci, il ne faut surtout pas croire que la disparition de ces jeunes hommes n’est pas difficile aux yeux d’Hachem, bien au contraire, « Est précieuse aux yeux d’Hachem la mort de ses hommes pieux », et Hachem – si l’on peut s’exprimer ainsi – est dans la peine en raison de leur mort.
Mais Il nous consolera et consolera tout Israël par la Rédemption finale et par la Résurrection des morts, rapidement et de nos jours, Amen.
Halacha du jour: Il est permis et même juste de dire une Hachkava et mentionner les âmes des soldats de Tsahal tombés au champ d’honneur, même s’il s’agit de non-juifs, comme les soldats druzes par exemple, en particulier ceux qui ont sacrifié leurs vie pour le bien du peuple d’Israël.