Halacha pour vendredi 20 Nissan 5781 2 avril 2021

La Halacha est dédiée :
Pour la guérison totale de Gabriel Ben Sultana (Teboul), Max Mordé'haï Ben Oraïda (Mimouni), Raoul Chaoul Ben Yéchou'a (Assouline), parmi tous les malades d'Israël

Le 7ème jour de Pessa’h - L’ouverture de la Mer Rouge

Sanctifier le Nom d’Hashem: « Ne vous battez pas, il y en aura pour tout le monde ! »
Moshé étendit son bras au-dessus de la mer. Hashem conduisit la mer par un vent d’Est puissant durant toute la nuit. Il mit la mer à sec et divisa les eaux. (Shémot 14-21)

Le Mé’am Lo’ez sur Béshala’h (page 318) rapporte au nom de la Guéméra Sota (36b et 37a), de la Méhilta, du Pirké Dé-Ra bbi Eli’ezer et du Midrash Sho’har Tov (chap.76 et 114) une divergence d’opinions entre Rabbi Méïr et Rabbi Yéhouda sur la dispute qu’il eut entre les Shévatim (les 12 tribus d’Israël) au moment d’entrer dans la mer.
Selon Rabbi Méïr, chaque tribu déclarait : « C’est moi qui me jetterait le premier à la mer ! »
Pendant qu’ils se disputaient, la tribu de Binyamin se jeta à la mer avant tout le monde. La tribu de Yéhouda leur jeta des pierres, mais chacun des deux mérita une bonne récompense. A quoi la chose est-elle comparable ? A un roi qui avait deux fils. Une nuit, Il demanda au plus jeune de le réveiller au lever du soleil, et au plus grand de le réveiller à midi. Au matin, le plus jeune alla pour réveiller son père dès le lever du soleil. Son frère arriva et lui dit : « Moi, j’ai reçu l’ordre de ne le réveiller qu’à midi ! » Le plus jeune lui répondit : « Quand à moi, il m’a ordonné de le réveiller dès le lever du soleil ! » Pendant qu’ils se disputaient, leur père se réveilla et leur dit : « Puisque chacun d’entre vous avait une bonne intention, en tenant à respecter ma volonté, vous aurez tous les deux une bonne récompense. »
Il en est de même pour la tribu de Binyamin et celle de Yéhouda.
Parce qu’il s’est jeté à la mer en premier, la tribu de Binyamin mérita que le Temple de Jérusalem siège sur son territoire. Parce que Yéhouda se disputa avec Binyamin pour entrer dans la mer en premier, les rois d’Israël sortiront de Yéhouda. Tout ceci est l’opinion de Rabbi Méïr.
Mais selon Rabbi Yéhouda, chaque tribu refusa d’entrer dans la mer en premier, tant qu’une autre tribu n’y entrait pas. Na’hshon Ben ‘Aminadav - le prince de la tribu de Yéhouda - se jeta en premier. Il fut suivi par sa tribu, et ensuite toutes les tribus d’Israël en firent autant.

Le Mé’am Lo’ez cite une question du MAHARAM BEN ‘HABIB sur ce Midrash:
Selon l’interprétation de Rabbi Méïr, pourquoi chacune des tribus désira entrer dans la mer en premier ? S’agit-il de passer une porte que l’on ne peut passer à plusieurs au même moment ?! La mer est assez grande pour qu’ils s’y jettent tous en même temps ! De plus, pourquoi Binyamin se jette-t-il en premier ? Ne devait-il pas plutôt faire honneur à ses aînés ?!

En réalité, la réponse à toutes ces interrogations se trouve dans un verset antérieur (versets 15 et 16 du même chap.) dans lequel Hashem s’adresse à Moshé en lui disant:
« …Parle aux Béné Israël et qu’ils se mettent en route. Et toi, lève ton bâton, étends ton bras au dessus de la mer et divise-la, afin que les Béné Israël viennent dans la mer dans la terre sèche. »

On constate que les termes « Béné Israël » apparaissent deux fois dans ce verset, et il est certain que la deuxième fois peut sembler superflue, puisque les Béné Israël ont déjà été mentionnés au début du verset.

En fait, les membres de la tribu de Yéhouda interprétèrent le deuxième « Béné Israël » comme voulant signifier « les notables parmi les Béné Israël ». Ils se dirent qu’ils devaient pénétrer en premiers dans la mer, et ensuite le reste des tribus, car lorsqu’il s’agit de sanctifier le Nom d’Hashem, il est important que les plus grands montrent l’exemple, puisque leur mérite est plus grand. Hashem parla de façon voilée afin que chacun ramène les choses à lui-même. Or, chaque tribu possédait une supériorité sur l’autre. Réouven était l’aîné, Lévy était celui qui avait été choisi par Hashem pour servir dans le Temple, et ainsi de suite pour chacune des tribus. Ainsi, chacun pouvait s’imaginer être le plus important, et désirait accomplir la parole d’Hashem avec empressement. La deuxième fois où Hashem emploi les termes « Béné Israël » pouvait tout à fait signifier « les plus importants parmi les tribus ».

Mais la tribu de Binyamin comprit différemment la deuxième fois où sont employés les termes « Béné Israël ».
En effet, les termes « Béné Israël » signifient littéralement « les enfants d’Israël ». Or, Binyamin est né seulement après que l’ange modifia le nom de Ya’akov et lui ajouta « Israël », et nous constatons que tous les enfants de Ya’akov Avinou sont tous nés alors que leur père ne s’appelait que « Ya’akov », excepté Binyamin qui est né après que le nom d’Israël lui fut ajouté.
C’est pourquoi lorsque les membres de la tribu de Binyamin entendirent l’ordre d’Hashem, que les « Béné Israël » viennent dans la mer dans la terre sèche », ils se dirent que ce message ne s’adressait qu’à eux, et ils se jetèrent à la mer avant tout le monde.

Chasser la monotonie dans les Mitsvot
Lorsque les Béné Israël ont vu les égyptiens périr dans la Mer Rouge, ils adressèrent un chant à Hashem, dans un esprit prophétique (la Shira ou le « Az Yashir Moshé… »).

Ensuite, il est écrit dans notre Parasha:
« Myriam la Prophétesse, sœur d’Aharon, prit le tambourin dans sa main. Toutes les femmes sortirent après elle, avec des tambourins, et dans des danses. » (Shemot 15-20)

Ceci est très étonnant.
En effet, après le passage de la Mer Rouge, tous les Béné Israël - y compris les femmes - ont entonné un chant d’une grande glorification, pour Hashem.
Qu’est ce que Myriam désire-t-elle réaliser en organisant pour les femmes, de nouveau, des chants et des danses pour Hashem, alors que toutes les femmes venaient de prendre part aux chants avec l’ensemble de tout le peuple d’Israël?

Nous pouvons également nous interroger sur la raison pour laquelle la Torah a trouvé important de s’étendre sur les détails des chants et des danses de Myriam avec les femmes. Qu’y avait-il dans les chants de Myriam et des femmes, qu’il n’y avait pas dans le chant de tout le peuple, pour que la Torah les cite en détail?

Il reste aussi à éclaircir certains autres points dans la Parasha du chant de Myriam.
En général, la Torah désigne Myriam uniquement par son prénom Myriam, sans le qualificatif de NEVIA (Prophétesse), alors qu’ici il est écrit « Myriam la prophétesse… »
En général, la Torah ne rattache pas forcément Myriam à son frère Aharon, alors qu’ici la Torah a pris soin de préciser « Myriam la prophétesse, soeur d’Aharon… »
Pourquoi?

Il est enseigné dans la Me’hilta (Midrash):
Une servante a pu voir sur la Mer Rouge, ce que même le prophète Ye’hezkel n’a vu dans sa grande prophétie.
C'est-à-dire, les images spirituelles qui ont été dévoilées aux Béné Israël, et même à leurs esclaves et leurs servantes, lors du passage de la Mer Rouge, sont plus grandes et plus extraordinaires, que toutes les visions qui sont apparues au prophète Ye’hezkel.
Le niveau spirituel qu’ont atteint les Béné Israël lors du passage de la Mer Rouge est donc très élevé, au point d’avoir la faculté de percevoir des images prophétiques.
Et c’est justement là que nous pouvons prendre conscience de la grandeur de Myriam.
En effet, lorsque les Béné Israël ont entonné leur chant lors du passage de la Mer Rouge, ils étaient tous sous l’effet de l’émotion des images qu’Hashem leur a dévoilées. Le chant et la joie se prêtaient donc à l’instant qu’ils étaient en train de vivre. Ils ne pouvaient que glorifier Hashem et le remercier du plus profond de leur coeur. Grâce à tout cela, l’esprit prophétique a résidé sur eux à cet instant.
Par contre, Myriam est celle qui a réussi à mener les filles d’Israël à un nouveau degré de prophétie, quelques instants après le miracle de l’ouverture de la Mer Rouge, lorsque l’effet des images et des apparitions prophétiques s’était légèrement estompé. Malgré tout, Myriam vient et prend le tambourin afin d’innover un goût, et elle réussit à éveiller chez les autres filles d’Israël, un sentiment de reconnaissance et l’envie de chanter à nouveau pour Hashem, au point où elles ont toutes entonné des chants, et l’esprit prophétique a de nouveau résidé sur elles.

C’est pour cela que la Torah attache une importance particulière au chant de Myriam, puisqu’elle est celle qui a réussi à élever de nouveau les filles d’Israël au niveau de prophétie, alors que les effets du Miracle de l’ouverture de la Mer Rouge commençaient à s’estomper.
C’est la raison pour laquelle Myriam est nommée ici « Myriam la Prophétesse », car elle a su porter les filles d’Israël au niveau de la Prophétie, bien qu’elles n’en avaient pas la prédisposition du point de vue du moment.
De même, la Torah la rattache à son frère Aharon, car nous savons que toute la grandeur d’Aharon Ha-Cohen réside dans le fait de réaliser des actes au quotidien, avec toujours le même élan, avec toujours la même spontanéité, avec toujours le même engouement pour les Mitsvot. Aharon allume tous les jours les Nerot de la Menorah dans le Beit Hamikdash, et il le fait à chaque fois comme si c’était le premier jour, avec la même joie de servir Hashem.
De la même façon, Myriam a réussi à stimuler chez les filles d’Israël, le sentiment de chanter et de glorifier Hashem, bien que ce sentiment s’était atténué.

Nous pouvons nous aussi exploiter l’attitude de Myriam pour notre vie de tous les jours.
Si l’on ne préserve pas une certaine « fraîcheur » dans l’accomplissement de chaque acte de Mitsva, nous ne pourrons pas accomplir les Mitsvot d’Hashem correctement.
Il suffit d’introduire dans chaque Mitsva, un peu plus « d’ingrédients », et nous pourrons alors retrouver son goût si agréable, et avancer dans le service d’Hashem.

Pour exemples:

La Prière
Si on est très vigilant chaque jour à prier correctement et avec toutes les pensées précises requises pour la Tefila devant Hashem, il est certain qu’avec le temps, cette qualité de prière est susceptible de disparaître pour chacun d’entre nous, car il est très difficile à l’être humain d’exécuter un acte au quotidien, avec la même qualité qu’au premier jour. Mais si par contre, on introduit dans notre prière quotidienne, des demandes et requêtes personnelles, et que l’on organise sa prière quotidienne de façon correcte, il est certain que les choses atteindront le coeur, et que la prière prendra un nouveau goût, et de ce fait, on se renforcera sérieusement sur la notion de prier.

Le relationnel
Même si toute personne qui craint Hashem, veille à se comporter correctement envers son épouse, il est certain que si l’on n’introduit pas un « renouveau » dans le couple, les choses vont entraîner le dégoût entre les conjoints. C’est pour cela qu’il faut veiller à offrir de temps en temps quelques cadeaux, selon le tempérament de chaque femme, afin de réjouir son cœur.

Les repas de Shabbat
Si l’on s’assoit à table chaque Shabbat, en se contentant de manger les mêmes plats, en ayant toujours les mêmes conversations futiles, c’est le signe que le respect que l’on doit à la sainteté du Shabbat, n’a pas une grande importance pour nous. Par contre, si l’on veille à innover quelque chose chaque Shabbat, à étudier un sujet régulier pour l’un des 3 repas de Shabbat, entouré des membres de la famille, en achetant un aliment particulier pour honorer un autre des 3 repas de Shabbat, en agissant ainsi, on verra qu’un nouveau goût – un goût spirituel – entre dans chaque Mitsva. Par cela, nous serons protégés par le mérite de Myriam la Prophétesse, sœur d’Aharon, celle qui représente « la Mère du renouveau » dans le service d’Hashem.

Mo’adim Lé-Sima’ha!

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