Question: Est-il permis à une personne non-voyante de pénétrer dans une synagogue avec son chien?
Réponse: Il est enseigné dans la Guémara Méguila (28a):
Nos maitres enseignent : Nous n’avons pas le droit d’avoir un comportement léger dans les synagogues. On n’a pas le droit d’y manger, d’y boire, ni d’y ajuster son apparence vestimentaire.
Il est expliqué dans les décisionnaires médiévaux qu’il y a une obligation de se comporter avec crainte vis-à-vis de la synagogue, au même titre que l’on avait ce devoir vis-à-vis du Temple de Jérusalem. Selon certains avis, cette obligation (vis-à-vis de la synagogue) est une ordonnance de la Torah.
Concernant le fait d’introduire un chien dans une synagogue, nous devons débattre afin de définir s’il y a ou pas un interdit à titre du devoir de « crainte vis-à-vis de la synagogue ». Notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l traite du problème à travers ses livres, mais nous nous contenterons de citer uniquement les conclusions des décisionnaires sur ce point.
Il est évident que la sainteté du Mont du Temple et de la ‘Azara (corridor dans le Temple où le peuple se tenait) est beaucoup plus rigoureuse que celle de nos synagogues. De ce fait, si nous trouvons une preuve selon laquelle on introduisait des animaux dans l’espace du Mont du Temple, nous pourrions en déduire qu’il serait permis de le faire également dans une synagogue.
Effectivement, tout Israël avait l’usage de pénétrer dans le Temple de Jérusalem avec des animaux afin de les offrir en sacrifices sur l’autel.
Nous avons donc une preuve qu’il n’y a pas d’interdiction d’introduire un animal dans le Temple, et il est certain qu’il n’y a donc aucun interdit à le faire dans une synagogue.
Particulièrement, du fait que la présence de l’animal dans la synagogue est un besoin pour la prière, pour permettre au non-voyant de venir à la synagogue et y prier. Or, il est enseigné dans une Michna du traité Chékalim (chap.7) qu’on introduisait des animaux sur le Mont du Temple afin de les vendre aux pèlerins qui venaient pour les 3 fêtes de pèlerinage.
Il est donc établi qu’il n’y a aucun interdit à introduire des animaux dans le Temple, et le Din est le même pour une synagogue.
Certains décisionnaire ont voulus se montrer rigoureux vis-à-vis du chien, en argumentant qu’il s’agit d’un animal rabaissant en comparaison à d’autres animaux qu’il serait possible d’introduire dans une synagogue. Malgré tout, puisque nous n’avons pas trouvé dans les propos de nos maitres les décisionnaires un élément particulièrement invalidant le fait d’introduire un chien dans une synagogue, il semble davantage que sa présence dans la synagogue ne représente pas une atteinte à « la crainte » que l’on doit avoir vis-à-vis de la synagogue, plus qu’avec tout autre animal.
Parmi tous les propos des décisionnaires qui ont traité du sujet, nous n’avons pas trouvé de différence entre le fait d’introduire un animal quelconque dans une synagogue, et le fait d’y introduire un chien.
Même le Gaon Rabbi Moché FEINCHTEIN z.ts.l écrit dans son livre Chou’t Iguérott Moché (sect. O.H chap.45) que l’on peut autoriser lorsque c’est nécessaire, lorsqu’il n’y a pas d’autre possibilité, on peut alors autoriser le non-voyant à introduire son chien à l’intérieur de la synagogue. Il cite une preuve à ses propos à partir du Talmud Yérouchalmi.
Même si certains décisionnaires ont réfuté la preuve du Iguérott Moché, malgré tout, nous savons qu’il est permis d’introduire des animaux même dans l’espace du Mont du Temple, et de même dans une synagogue, et nous n’avons pas trouvé d’argument pour interdire davantage la présence du chien que tout autre animal.
En particulier lorsqu’il n’y a pas d’autre choix et que le chien se comporte de manière calme et que l’assemblée n’est pas effrayée par sa présence, il n’y a pas d’argument valable pour se montrer rigoureux envers le non-voyant et l’empêcher de venir à la synagogue afin qu’il n’y introduise pas son chien.
C’est ainsi que tranche également le Gaon et Richon Lé-Tsion Rabbénou Its’hak YOSSEF Chlita dans son livre Yalkout Yossef (règles relatives à la sainteté de la synagogue), qu’il faut s’efforcer de laisser le chien à l’extérieur, et lorsqu’il n’y a pas d’autre choix, le non-voyant pourra l’introduire à l’intérieur de la synagogue.