Question: Un samedi-soir, lorsque nous étions en vacances pendant l’été, nous n’avions pas ni bougie ni parfums pour la Havdala à notre disposition. Pouvions-nous dans ce cas réciter la Havdala uniquement sur le vin, sans bougie ni parfums?
Réponse: Cette règle est explicite dans la Guémara Béra’hott (53a):
Rav Yéhouda dit: On ne recherche pas la flamme le samedi-soir, comme on doit à tout prix rechercher les Mitsvot. Cela signifie que lorsqu’une personne n’a pas de bougie pour la Havdala, il n’est pas nécessaire d’en rechercher une.
Elle est autorisée à réciter la Havdala immédiatement sans réciter la bénédiction sur la bougie.
A la lueur des propos de la Guémara, la règle nous est évidente au sujet de la bougie, et en absence de bougie pour la Havdala, nous sommes autorisés à réciter la Havdala même sans bougie.
Il nous reste à clarifier la question au sujet des parfums, est-on autorisé à réciter la Havdala sans parfums?
Notre maitre le RACHBA écrit dans ses commentaires au nom du RAAVAD que l’on ne recherche pas la flamme le samedi-soir, « et à fortiori, on ne recherche pas les parfums, qui ne sont là que pour le profit de l’homme. ».
Cela signifie que le RAAVAD considère que du fait que nos maitres n’ont pas imposé de rechercher la flamme lorsqu’on n’en a pas le samedi-soir, nous pouvons en déduire qu’il n’y a pas non plus de réelle obligation de rechercher les parfums lorsqu’on n’en a pas le samedi-soir, car la bénédiction de Boré Méoré Ha-Ech sur la flamme est intégralement une louange adressée à Hachem pour la découverte de la flamme (par Adam Ha-Richon lors du 1er samedi soir après la création du monde), alors que la bénédiction des Béssamim (sur les parfums) est une bénédiction pour le profit que l’homme tire des parfums. Si une bénédiction de louange pour Hachem (sur la flamme) n’est déjà pas une totale obligation (en cas d’absence de flamme) le samedi-soir, il est certain que la bénédiction des parfums n’en est pas une non plus lorsqu’on n’en a pas.
Cependant, notre maitre le Méïri écrit qu’il lui semble que ce n’est que la flamme pour laquelle nos maitres n’ont pas imposé l’obligation de rechercher lorsqu’on n’en a pas, mais concernant les parfums, il est une obligation de les rechercher, car la bénédiction sur les parfums le samedi-soir est en l’honneur du Chabbat lui-même.
En effet, il est de notoriété que cette bénédiction est fondée sur le fait qu’après Chabbat, le supplément d’âme (que chaque juif reçoit à l’entrée du Chabbat) se retire, et afin d’apaiser l’âme, nous respirons les parfums. Par conséquent, le Méïri écrit qu’il ne faut pas renoncer à la bénédiction sur les parfums le samedi-soir, et même lorsqu’on n’en a pas, il est un devoir de rechercher et d’obtenir des parfums le samedi-soir.
Il y a donc une divergence d’opinion Halachique entre le RAAVAD et le Méïri.
Sur le plan pratique, MARAN tranche dans le Choul’han ‘Arou’h (chap.297), qu’il n’y a pas d’obligation de rechercher ni la flamme ni les parfums lorsqu’on n’en a pas le samedi-soir, conformément à l’opinion du RAAVAD.
Par conséquent, selon la Halacha, lorsqu’on n’a pas de parfums ou de bougie le samedi-soir, on récite la Havdala sans parfums ou sans bougie, et on n’est pas tenu d’aller en rechercher. Mais cependant, Lé’haté’hila (à priori) il est juste pour chacun de se soucier d’avoir une flamme et des parfums le samedi-soir.
Un jour, lorsque nous nous trouvions en compagnie de notre maitre le Rav z.ts.l un samedi-soir, il n’avait pas de parfums pour la Havdala. Il demanda qu’on lui apporte un citron sur lequel il récita la bénédiction « Hannotenn Réya’h Tov Ba-Pérott » puis respira son parfum.
Une autre fois, il récita la bénédiction des parfums sur une bouteille de parfum, et il ne renonça pas facilement sur la bénédiction des parfums le samedi-soir.
« Que le sage entende et en tire la morale. »