Nous avons expliqué dans le passé l’obligation de procéder à la Nétilat Yadaïm (se laver les mains) chaque matin à partir d’un Kéli (ustensile), dès le réveil.
Nous avons aussi expliqué que lorsqu’on se réveille le matin, un esprit d’impureté réside sur les mains, parce que le sommeil représente 1/60ème de la mort.
Ce n’est que par le biais de la Nétilat Yadaïm réalisée conformément au Din que se retire l’esprit d’impureté des mains.
C’est pourquoi, il est interdit de toucher des aliments ou des boissons avant de procéder à la Nétilat Yadaïm du matin, car l’esprit d’impureté résidera aussi sur ces aliments.
Nous allons à présent traiter d’un cas fréquent.
En effet, de nombreux boulangers (juifs) ne sont malheureusement pas des gens qui ont la Crainte du Ciel, et ils ne procèdent probablement pas à la Nétilat Yadaïm le matin conformément à la Halacha. Ils touchent et manipulent la pâte lorsqu’ils la pétrissent et la préparent pour fabriquer le pain dans leurs boulangeries.
L’esprit d’impureté réside apparemment sur ces aliments et il serait donc interdit de les acheter.
Effectivement, notre maitre le ‘HYDA, ainsi que le Gaon de VILNA écrivent que des aliments touchés par quelqu’un qui ne procède pas à la Nétilat Yadaïm le matin, sont interdits à la consommation même à postériori (même Bédi’avad), car l’esprit d’impureté réside sur eux, et la chose représente un risque de danger. Il existe des preuves à leurs propos dans les enseignements des anciens décisionnaires.
Cependant, selon certains décisionnaires, il n’y a pas à craindre à cela à postériori, et ce n’est qu’à priori (uniquement Lé’haté’hila) qu’il faut avoir la vigilance de ne pas toucher des aliments avant la Nétilat Yadaïm. Particulièrement selon ce que l’on a expliqué antérieurement dans nos propos, que de notre époque, l’esprit d’impureté est moins fréquent que dans les générations passées, il y aurait donc un appui pour autoriser la consommation de tels aliments au moins à postériori.
Il existe encore un argument pour autoriser à postériori la consommation d’aliments touchés par une personne qui ne procède pas à la Nétilat Yadaïm le matin.
En effet, la plupart des gens se lavent les mains le matin (à titre d’hygiène), et même s’ils ne se lavent pas de manière conforme à la Halacha pour la Nétilat Yadaïm, malgré tout, la force de l’esprit d’impureté s’affaiblit par le lavage des mains.
Notre grand maitre le Rav z.ts.l (Chou’t Yabiya’ Omer vol.1), cite une preuve à cela.
En effet, il est expliqué dans la Guémara ‘Avoda Zara qu’ils avaient l’usage de piétiner les raisins dans le pressoir pour fabriquer le vin. Or, les Kabbalistes écrivent que l’esprit d’impureté qui réside sur les mains le matin, réside également sur les pieds. Si nous ne lavons pas systématiquement les pieds le matin pour retirer cet esprit d’impureté c’est tout simplement parce qu’il est particulièrement plus intense que sur les mains, et même la Nétila ne le retirerait pas.
Malgré tout, nous constatons qu’ils avaient l’usage de piétiner les raisins sans craindre l’esprit d’impureté, car ils se lavaient les pieds à titre d’hygiène avant de piétiner les raisins, et ce simple lavage suffisait à affaiblir l’esprit d’impureté qui pourrait passer sur les raisins.
Par conséquent, pour des pains ou autre, qu’une personne a déjà touché et probablement sans avoir procédé à la Nétilat Yadaïm le matin, on peut autoriser à postériori leur consommation.
Mais s’il s’agit d’aliments qu’il est possible de rincer, comme des fruits ou des légumes ou autre, il est juste dans ce cas de les rincer 3 fois sous le robinet, car ainsi on retire toute crainte d’esprit impure sur ces aliments.
Conclusion: Des aliments touchés par quelqu’un qui ne procède pas à la Nétilat Yadaïm le matin, sont autorisés à postériori à la consommation. S’il s’agit d’aliments que l’on peut rincer, il est juste de les rincer 3 fois sous le robinet.