Question: Nous possédons un « matelas gonflable » fait de caoutchouc, que l’on gonfle au moyen d’une pompe mécanique (non-électrique), ou en soufflant avec la bouche, est-il permis de le gonfler pendant Chabbat?
Réponse: il est enseigné dans la Guémara Chabbat (48a) qu’il est interdit d’introduire du coton ou des plumes à l’intérieur d’un coussin pendant Chabbat.
Cela signifie que lorsqu’on a un sac contenant des plumes, ainsi qu’une poche de tissu (une taie d’oreiller), il est interdit d’introduire les plumes à l’intérieur de la taie d’oreiller pendant Chabbat, à titre de l’interdiction de « Métaken Kéli » (réparer ou apprêter un objet à son utilisation).
La Guémara ajoute que Rav ‘Hasda autorisa à introduire des plumes dans un coussin pendant Chabbat. La Guémara explique qu’il y a une différence entre un coussin neuf et un coussin usagé. En effet, un coussin neuf, que l’on n’a jamais rempli de plumes, le fait d’y introduire des plumes la première fois constitue réellement un apprêtement d’objet (Tikoun Kéli) pendant Chabbat, car initialement il ne représentait pas un coussin, et présentement il est devenu un coussin utilisable.
Ce qui n’est pas le cas pour un coussin usagé, que l’on a déjà rempli de plumes initialement, et que ces plumes sont en partie tombées, il est permis de les replacer dans le coussin pendant Chabbat.
C’est ainsi que tranche MARAN dans le Choul’han ‘Arou’h (chap.340-8) en ces termes:
« Si du coton est tombé d’un coussin, il est permis de l’y replacer pendant Chabbat. Par contre, il est interdit de les placer initialement pendant Chabbat. »
Cela signifie que lorsque le coton est partiellement tombé pendant Chabbat, il est permis de le replacer pendant Chabbat. Mais lorsqu’il s’agit d’un coussin neuf que l’on n’a jamais rempli auparavant, il est interdit d’y introduire du coton (ou autre) pendant Chabbat. Ceci correspond à ce que l’on a expliqué, qu’il existe véritablement une différence sur ce point entre un coussin neuf et un coussin usagé.
A partir de là, les décisionnaires débattent au sujet d’un matelas ou d’un coussin de caoutchouc ou de plastique, que l’on a déjà gonflé avant Chabbat, et dont l’air est sorti, est-il permis de le gonfler de nouveau pendant Chabbat ou pas?
Notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l (dans ‘Hazon Ovadia-Chabbat vol.5 page 342) écrit qu’il faut comparer le coussin gonflable au coussin mentionné dans la Guémara. Etant donné qu’il a déjà été gonflé une fois et qu’il était utilisable, il n’y a donc plus d’interdiction à titre d’apprêter un objet à son utilisation pendant Chabbat, et il est permis de le gonfler de nouveau pendant Chabbat.
Notre maitre le Rav z.ts.l rapporte que telle est également l’opinion du Gaon Rabbi Chélomo Zalman OYERBACH z.ts.l, ainsi que d’autres grands décisionnaires.
Même si le Gaon Rabbi Yossef Chalom ELYACHIV z.ts.l trancha la rigueur sur ce point à titre de « Ovadinn Dé-‘Hol » (activités liées aux jours de semaine, puisque le gonflage du coussin ou du matelas fait partie des activités que l’on a l’usage de réaliser pendant la semaine), malgré tout, notre maitre le Rav z.ts.l réfute ses propos, et il cite notamment les propos du RAMBAM dans une Responsa (chap.64) selon qui « il est évident pour toute personne capable de comprendre, qu’il n’existe des choses interdites à titre d’activités liées aux jours de semaine que lorsque l’activité peut habituer à une véritable interdiction ».
Notre maitre le Rav z.ts.l cite encore les propos d’autres décisionnaires et il conclue que l’on peut autoriser la chose.
En conclusion: Un matelas ou un coussin en plastique (ou caoutchouc) que l’on gonfle avec de l’air, il est interdit de les gonfler pendant Chabbat. Cependant, s’il s’agit d’un coussin ou d’un matelas que l’on a déjà gonflé une fois et qui s’est ensuite dégonflé, il est permis de le gonfler de nouveau pendant Chabbat.