Question: Si quelqu’un se trompe un vendredi-soir et conclu la bénédiction de « Hachkivénou » selon la formule des jours de semaine, doit-il recommencer la bénédiction ? Inversement, si quelqu’un se trompe les jours de semaine et conclu la bénédiction de « Hachkivénou » selon la formule du vendredi-soir, doit-il recommencer la bénédiction?
Réponse: Dans la précédente Halacha, nous avons écrit qu’en jours de semaine nous concluons la bénédiction de « Hachkivénou » de l’office de ‘Arvit par les termes « Chomer Ett ‘Amo Israël La’ad, Amen », mais les jours de Chabbat, nous disons « Ha-Poress Soukkatt Chalom ‘Alénou Vé’Al Kol ‘Amo Israël Vé’Al Yérouchalaïm, Amen ».
Nous devons à présent débattre afin de définir comment agir lorsqu’on s’est trompé et que l’on a conclu la bénédiction le vendredi-soir selon la formule des jours de semaine, ou à l’inverse, si l’on a conclu les jours de semaine selon la formule du vendredi-soir. Doit-on de nouveau dire la bénédiction?
Les décisionnaires ont déjà abordé la question, et notre maitre le Gaon et Richon Lé-Tsion Rabbi Its’hak YOSSEF Chlita traite lui-aussi de ce problème dans son livre (chap.267), nous allons citer les principaux arguments.
Car en réalité, il ressort explicitement des propos de nos maitres dans le Talmoud Yérouchalmi (chap.4 de Béra’hott) que de leur temps, certains endroits avaient l’usage de conclure cette bénédiction les jours de semaine sous la même formule que les jours de Chabbat. Cela signifie qu’ils disaient même en semaine la formule « Ha-Poress Soukkatt Chalom … ». C’est également ce qui ressort des propos du Midrach, ainsi que des propos de notre maitre le RYTBA, et d’autres décisionnaires.
Le Méïri prouve lui aussi dans son livre Maguen Avot (page 20) que du temps de nos maitres certains disaient en jours de semaine la formule « Ha-Poress Soukkatt Chalom … », mais que cet usage ne fut pas accepté par la plupart du monde, et l’on avait l’usage comme de nos jours de conclure en jours de semaine par la formule « Chomer Ett ‘Amo Israël … », et les jours de Chabbat on disait « Ha-Poress Soukkatt Chalom … » comme nous le faisons de nos jours.
Nous avons déjà mentionné dans la précédente Halacha que dans certains endroits on concluait cette bénédiction même le vendredi-soir par la formule des jours de semaine. C’est aussi ce que rapporte le Siddour du Rav ‘Amram GAON.
Quoi qu’il en soit, il ressort des propos de tous ces décisionnaires qu’à postériori, c'est-à-dire si quelqu’un s’est déjà trompé et a conclu le vendredi-soir par la formule des jours de semaine, ou bien à l’inverse, s’il a conclu en jours de semaine comme on conclut le vendredi-soir, il ne doit pas dire de nouveau la bénédiction de « Hachkivénou », car ce type de modification de formule n’invalide pas totalement la bénédiction, même à postériori.
Il est vrai que nous n’avons pas trouvé explicitement cette décision Halachique dans les propos des décisionnaires médiévaux, jusqu’à ce que le Gaon et Richon LéTsion Chlita nous apprenne un élément nouveau dans le Yalkout Yossef sur ce sujet.
En effet, il a trouvé un des anciens décisionnaires, le Oré’hott ‘Haïm (page 61c) qui écrit en ces termes:
« Nous concluons la bénédiction de « Hachkivénou » par les termes « Ha-Poress Soukkatt Chalom … ». Si on a conclu en disant: « Chomer Ett ‘Amo Israël… », on ne recommence pas car le Rav Chalom GAON a attesté que dans la Yéchiva (en Babylonie), on ne modifiait pas, ni les jours de Chabbat, ni les jours de Yom Tov. »
Par conséquent, si l’on s’est trompé et que l’on a conclu la bénédiction de « Hachkivénou » du vendredi-soir par la même formule que les jours de semaine, on ne recommence pas la bénédiction. Idem à l’inverse, si l’on s’est trompé et que l’on a conclu en jours de semaine par la formule des jours de Chabbat, on ne recommence pas la bénédiction.
Malgré tout, si l’on se rend compte de l’erreur immédiatement après avoir conclu la bénédiction, avant que ne s’écoule le laps de temps nécessaire pour dire les mots « Chalom Alé’ha Rabbi » (environ 2 secondes), on doit rectifier uniquement les derniers mots de la bénédiction. Par exemple : si l’on a conclu le vendredi-soir par la formule « Chomer Ett ‘Amo Israël La’ad, Amen », et que l’on se rend compte immédiatement de l’erreur, on doit immédiatement dire les mots « « Ha-Poress Soukkatt Chalom ‘Alénou Vé’Al Kol ‘Amo Israël Vé’Al Yérouchalaïm, Amen ». (Michna Béroura note 9).