Question : M’est-il permis d’appeler mon père (ou ma mère) par son prénom ? M’est-il permis d’appeler un ami par son prénom en présence de mon père, lorsque le prénom de mon ami est identique à celui de mon père ?
Réponse : Il est interdit d’appeler son père ou sa mère par leur prénom.
Par exemple, si le père se nomme « Chémouel », il est interdit à son fils ou à sa fille de l’appeler « Chémouel », mais uniquement « Papa ».
Ce Din est tranché dans la Guémara, où il est expliqué que l’on doit faire preuve de crainte lorsqu’on mentionne le prénom de son père ou de sa mère, en raison de leur respect, comme lorsqu’on ressent de la crainte lorsqu’on mentionne le nom d’Hachem.
Notre maître le RAMBAM ajoute qu’il est également interdit à quelqu’un d’appeler d’autres personnes par leur prénom si celui-ci est le même que celui de son père. Par exemple, si une personne a un ami qui se nomme « Chémouel » comme son père, il lui est interdit d’appeler son ami par son prénom « Chémouel ».
On devra dans ce cas appeler l’ami par un surnom (décent) comme « Chmoulik » par exempleצ si les gens l’appellent ainsi.
Ce Din du RAMBAM est fondé par des références dans le Talmud, et ses propos sont rapportés dans la Halacha.
Cependant, l’usage sur ce point est apparemment contraire à l’opinion du RAMBAM, car tout le monde s’autorise à appeler un ami par son prénom même lorsque celui-ci est identique au prénom du père de celui qui appelle, et l’on ne craint pas de manque de respect envers le père par cela.
En réalité, le RAMBAM lui-même écrit dans une Téchouva (responsa) que ce Din n’est valable qu’en présence du père, c'est-à-dire, lorsque le père est présent, il est interdit au fils dans ce cas d’appeler son ami par son prénom, lorsque celui-ci est identique à celui de son père.
La RAMBAM ajoute que ce Din n’est valable que lorsque le père possède un prénom rare, c'est-à-dire, un prénom qui n’est pas très répandu.
Dans ce cas précis, il est interdit à une personne d’appeler son ami par son prénom lorsque celui-ci est le même que celui de son père, même en l’absence du père.
Par exemple, lorsque le prénom de son père est « Bo’az » ou « Gamliel » - qui sont des prénoms pas très répandus - et que le prénom de son ami est identique, il est interdit dans ce cas d’appeler son ami par son prénom, et ceci, même sans la présence du père.
L’usage répandu dans les communautés d’orient et du Maghreb de donner aux petits-enfants le prénom des grands-parents, la chose est parfaitement permise et juste, sans la moindre contestation, en l’honneur des grands-parents qui désirent toujours que leurs enfants donnent leurs prénoms à leurs propres enfants, et accomplir la volonté quelqu’un c’est le respecter.
Même si l’usage irakien (lieu de naissance de notre maître le Rav z.ts.l) était d’éviter de donner aux petits-enfants le prénom des grands-parents de leurs vivants, par respect envers les grands-parents, malgré tout, voici l’anecdote qui se produisit :
Lors de la Bérit Mila du premier garçon de notre maître le Rav z.ts.l (la Bérit Mila du Gaon Rabbi Ya’akov YOSSEF z.ts.l), le père de notre maître le Rav z.ts.l – Rabbi Ya’akov OVADIA z.ts.l – s’approcha de notre maître le Rav z.ts.l et lui demanda à voix basse :
« Comment as-tu prévu de nommer ton fils ? »
Notre maître le Rav z.ts.l répondit à son père :
« Avraham, sur le prénom de mon beau-père Rabbi Avraham FATAL Ha-Lévy qui est d’origine de Alep en Syrie où l’on a l’usage de donner le prénom du grand-père, même de son vivant. »
Son père répondit à notre maître le Rav z.ts.l : « Et moi ??! »
Notre maître le Rav z.ts.l dit à son père :
« Mais nous sommes d’origine d’Irak, et les irakiens ne donnent pas le prénom du grand-père lorsqu’il est encore en vie ! »
Son père dit à notre maître le Rav z.ts.l :
« Moi je n’attache aucune importance à cela ! »
C’est pourquoi, notre maître le Rav z.ts.l nomma son premier fils « Ya’akov ». (Il nomma plus tard son deuxième fils « Avraham »).
Le Mohel qui réalisa la Bérit Mila du premier fils de notre maître le Rav z.ts.l était l’un des plus grands Rabbanim originaires d’Irak, le Gaon Rabbi Tsadka ‘HOUTSINN z.ts.l, et lui aussi ne fit aucune remarque à notre maître le Rav z.ts.l.
De même, notre maitre le Rav z.ts.l nomma l’une de ses filles « Yaffa » sur le prénom de sa mère (elle était encore en vie).
En conclusion : Si le prénom du père et celui de l’ami sont identiques, si le père est présent, il est interdit au fils d’appeler l’ami par son prénom, mais en l’absence du père c’est permis, excepté lorsque le père possède un prénom rare comme « Métouchélah’ », car dans ce cas il est interdit au fils d’appeler son ami par son prénom, même en l’absence du père.