Lorsqu’il était âgé d’environ 90 ans, le Gaon Rabbi Israël Meïr Ha-Cohen de Radinn - auteur du « ‘Hafets ‘Haïm » et du Michna Béroura – appela à un rassemblement de tous les Rabbanim et dirigeants des Yéchivot des districts de Vilna, Grodna et Sovlak, afin de se réunir le 3 Sivan de l’année 5690 (1930) pour trouver des solutions pour le renforcement et le soutien des institutions de Torah d’un point de vue matériel, ainsi que pour la diffusion de la Torah au sein de la jeunesse qui se laissait entraîner sous l’influence des « Maskilim » (les intellectuels laïcs) de cette génération, et tombait dans les mains d’étrangers qui les éduquaient vers une culture laïque, comme il est de notoriété déplorable qu’à cette époque, la majorité des juifs d’Europe, de Russie et de Pologne régressèrent spirituellement de façon catastrophique, et nombreux d’entre eux abandonnèrent notre religion.
Toute l’assemblée des Rabbanim et du public saint attendait impatiemment l’arrivée du doyen de la génération, le Gaon ‘Hafets ‘Haïm, et lorsqu’il pénétra dans la salle, tout le public se leva solennellement. Le doyen de l’assemblée, le Rav Chélomo GORDON s’approcha du maitre et récita à haute voix la bénédiction de « Chéhé’héyanou » ainsi que celle de « Ché’halak Mé’ho’hmato Liréav » (comme nous l’avons expliqué dans la Halacha Yomit consacrée au sujet de la bénédiction de Chéhé’héyanou à la vision d’un être cher, ainsi que dans celle consacrée à la bénédiction de Ché’halak Mé’ho’hmato Liréav à la vision d’un grand de la génération).
Le Gaon Rabbi ‘Haïm ‘OZER ouvrit le rassemblement en précisant que ce rassemblement était l’initiative de notre maitre le saint Cohen, notre maitre le ‘Hafets ‘Haïm afin de renforcer la survie des institutions de Torah.
Le Rav poursuivit et dit:
« La Michna nous enseigne dans le traité Yoma (19b): Si le Cohen Gadol se mettait à somnoler la nuit de Yom Kippour (du fait de son âge avancé), les enfants des Cohanim claquaient dans leurs doigts (afin de le réveiller).
Comme c’est étonnant! Alors que nous - qui sommes relativement jeunes - devrions réveiller notre Cohen Gadol qui est âgé et que nous ne devrions pas le laisser somnoler, la réalité est à l’inverse ! C’est lui qui ne nous laisse pas somnoler!
Nous devons donc œuvrer ensemble pour soutenir notre sainte Torah, et que chacun d’entre nous ait une part et un mérite dans le soutien de la Torah et dans sa continuité au sein des enfants du peuple d’Israël. »
Lors de son allocution, le ‘Hafets ‘Haïm dit:
« Vous pouvez constater que malgré ma vieillesse, j’ai investi des efforts afin de me rendre auprès de vous, car on m’a convaincu qu’un bien germerait de cette initiative pour la Torah. Si ces efforts et cette fatigue semblent bénéfiques pour une personne de mon âge qui s’est déplacé de loin pour la Torah, à fortiori pour vous, et vous êtes donc tenus de tout mettre en œuvre afin que la Torah ne soit pas oubliée d’Israël.
D’ordinaire, lorsqu’un homme désire acheter une marchandise dont il ignore absolument la nature, l’homme questionne des experts. En particulier, lorsqu’on constate qu’un commerçant réputé cherche ardemment à acheter cette marchandise, nous pouvons être sûrs qu’il s’agit d’une marchandise de très bonne qualité et qu’elle vaut son prix.
Il est dit au sujet de notre sainte Torah que les anges désiraient la recevoir, comme il est dit (Téhilim 8-2) : « Place ta gloire dans les cieux … ».
Il est compréhensible que du fait que la Torah soit complètement spirituelle, les anges composés que de spiritualité soient mieux placés pour comprendre la valeur de la Torah.
Combien la joie doit-être grande du fait que Moché Rabbénou a finalement vaincu les anges (par le dialogue) et a reçu la Torah pour nous.
Vous devez augmenter les efforts pour sauver les enfants du peuple d’Israël afin qu’ils ne tombent pas dans des mains étrangères, dans des établissements scolaires laïcs où ils seront éduqués avec des méthodes et des conceptions fausses, dans le renie d’Hachem, ou dans la négligence des Ses commandements, par des gens qui ignorent totalement notre sainte Torah et la pratique de ses Mitsvot, et les enfants deviendront des renégats envers Hachem et envers Sa Torah. Malheur aux yeux qui auront une telle vision et aux oreilles qui entendront de telles nouvelles, et quelle souffrance pour les parents dans le Monde Futur lorsqu’on les sortira du Gan ‘Eden afin de constater déplorablement la dégradation spirituelle de leurs enfants, comme l’explique le Gaon de Vilna sur un verset de Michlé (29-17), lorsque l’enfant est un impie, même si son père est un Tsaddik, on le sortira du Gan ‘Eden et on le mènera au Guéhinam afin qu’il y voit son fils qu’il n’a pas éduqué dans le chemin de la Torah et dans la pratique des Mitsvot… »
Le Gaon ‘Hafets ‘Haïm poursuivit et dit:
« Il semblait évident que dans un tel rassemblement le sujet de l’éducation allait être évoqué, je me suis donc dit qu’il fallait empresser tous les Rabbanim de toutes les villes afin qu’ils redoublent de vigilance et que chacun d’entre eux fonde dans sa ville un établissement pédagogique dans le chemin de la Torah, avec de bons enseignants et éducateurs remplis de crainte du Ciel, qui apprendront aux enfants dans la plus grande pureté, car sinon, les Rabbanim se verront réclamer des comptes dans l’autre monde pour ne pas être intervenus et pour ne pas avoir prodiguer de la morale au parents des enfants, malheur à cette humiliation qui couvrira leurs visages dans le Monde Futur, parce qu’ils avaient le pouvoir de protester et qu’ils ne l’ont pas fait… »
« C’est pourquoi – conclut le ‘Hafets ‘Haïm – Mes chers frères, mes chers amis ! Allons et œuvrons ensemble avec toutes nos forces afin de sauver cette nouvelle génération d’une destruction spirituelle, et afin de l’éduquer dans la Torah et les Mitsvot, car si tu éduque le jeune selon son chemin, il ne s’en écartera pas même dans sa vieillesse. »