« Pourim Méchoulach »
La semaine prochaine, vendredi, Chabbat et dimanche (de la semaine suivante), sera célébrée la fête de Pourim, car cette année (5785) le 14 Adar tombe un vendredi, et c’est le jour où l’on fête Pourim dans la plupart des endroits du monde. Mais dans les villes qui furent entourées de muraille du temps de Yéhochoua’ Bin Noun – en particulier dans la sainte ville de Jérusalem – on célèbre Pourim à la date du 15 Adar, qui tombe cette année un Chabbat. Par conséquent, une partie des Mitsvot de Pourim sera avancée cette année à Jérusalem au vendredi (14 Adar), et une autre partie des Mitsvot de la fête sera repoussée au dimanche (16 Adar). Cette configuration s’appelle « Pourim Méchoulach » (Pourim divisée en 3), et cela ne se produit qu’une fois au bout de plusieurs années, comme nous allons l’expliquer.
Du temps de nos ancêtres et de nos maîtres, jusqu’à l’époque de Hillel le Ha-Nassi – qui vivait au temps des Amoraïm – le peuple d’Israël sanctifiait (déclarait) le nouveau mois en fixant la date de Roch ‘Hodech sur la foi du serment de témoins attestant avoir vu la nouvelle lune. Il n’y avait pas de calendriers comme à notre époque. Chaque mois, ils fixaient de nouveau la date à partir de laquelle débutait le mois.
De ce fait, les jours de Pourim pouvaient fréquemment tomber vendredi (14 Adar) et Chabbat.
Mais à partir de Hillel Ha-Nassi – qui nous a établi le calendrier tel que nous le connaissons – la fête de Pourim ne peut tomber vendredi (14 Adar) et Chabbat que très rarement. La prochaine fois que cela se produira n’est pas avant 20 ans, en l’année 5805.
Mais d’ici là - avec l’aide d’Hachem – Machia’h sera venu, et nous fixerons de nouveau les mois selon la vision de la nouvelle lune.
Les devoirs de Pourim
Il y a principalement 4 devoirs lors de la fête de Pourim, que nous allons étudier ces prochains jours, avec l’aide d’Hachem :
- La lecture de la Méguila
- Michloa’h Manott (envoi mutuel de présents alimentaires)
- Matanott La-Evyonim (envoi de cadeaux aux nécessiteux)
- Le festin et la réjouissance de Pourim.
Nous allons présentement étudier le devoir de Michloa’h Manott.
Le devoir de « Michloa’h Manott »
Il est dit dans la Méguilat Esther :
... לַעֲשׂוֹת אוֹתָם, יְמֵי מִשְׁתֶּה וְשִׂמְחָה, וּמִשְׁלֹחַ מָנוֹת אִישׁ לְרֵעֵהוּ, וּמַתָּנוֹת לָאֶבְיֹנִים.
(אסתר ט-כב).
… en faire des jours de festin et de réjouissances et une occasion d'envoyer des présents l'un à l'autre, ainsi que des dons aux pauvres. (Esther 9-22).
Il est enseigné dans la Guémara Méguila (7a) :
« d'envoyer des présents l'un à l'autre » (Michloah’ Manott) signifie :
2 mets à au moins 1 personne.
« des dons aux pauvres » (Matanot Laévionim) signifie :
2 cadeaux à au moins 2 pauvres (Un cadeau à un pauvre, et un cadeau à un autre pauvre).
(En effet, le minimum de la forme pluriel du terme « présents » correspond à 2, un présent et encore un présent. Le minimum de la forme pluriel du terme « dons » correspond à 2, un don et encore un don. De même, le minimum de la forme pluriel du terme « pauvres » correspond à 2, car il n’est pas écrit « d'envoyer un présent l'un à l'autre », ainsi que de « des dons à un pauvre. »)
La raison à ce devoir
Lorsqu’on envoie un présent à son ami, on lui exprime par ce geste toute l’affection qu’on lui porte, et ce geste implante aussi dans notre cœur toute l’estime que l’on a à l’égard de notre ami.
De plus, il existe des gens qui vivent dans la plus grande précarité, et qui éprouvent de la honte à aller solliciter la générosité des autres pour pouvoir accomplir le repas de Pourim, et lorsqu’on envoie à son ami de façon très décente, un Michloah’ Manott, il n’en éprouvera aucune honte, et accomplira le repas de Pourim dans la joie et la bonne humeur.
Puisque selon la première explication citée, tout l’objectif de la Mitsva de Michloa’h Manott est d’entretenir l’affection entre l’homme et son prochain, il faut impérativement que celui qui envoie s’identifie auprès du destinataire, car si le destinataire ne sait pas qui lui envoi ce Michloa’h Manott, celui qui l’a envoyé n’est pas quitte de la Mitsva, car le fait d’envoyer anonymement n’entretient aucune affection ni aucune fraternité.
Cette Mitsva diffère de la Mitsva de Tsédaka, car lorsqu’on donne de la Tsédaka durant toute l’année, il est une Mitsva de faire en sorte que le bénéficiaire ne sache pas d’où provient le don qu’il reçoit, et que le donateur ne sache pas non plus à qui il donne.
Alors que pour la Mitsva de Michloa’h Manott, il faut absolument que le bénéficiaire sache de qui il reçoit ce cadeau, afin que l’affection pour son prochain pénètre à l’intérieur de son cœur.
Définition du terme « Manott »
Le mot « Manott » signifie « mets ».
Autrement dit, 2 aliments différents, ou un aliment et une boisson, comme une pâtisserie et une bouteille de vin.
Aujourd’hui, l’usage est d’envoyer des douceurs pour Michloa’h Manott.
Les femmes sont elles aussi soumises à la Mitsva de Michloa’h Manott, et elles doivent accomplir cette Mitsva avec leurs amies.
Puisque l’une des raisons essentielles de la Mitsva de Michloa’h Manott est de procurer à chacun le nécessaire pour accomplir le repas de Pourim, par conséquent, une personne qui envoie différents cadeaux non-alimentaires en tant que « Michloa’h Manott », par exemple en lui envoyant des vêtements ou des draps ou autre, celui qui offre n’est pas quitte de son obligation de Michloa’h Manott.
Même si on envoie de l’argent à un ami afin qu’il puisse s’acheter de la nourriture, on ne s’acquitte pas de la Mitsva de Michloa’h Manott, car il faut envoyer exclusivement de la nourriture et de la boisson.
C’est pourquoi même si on envoie du tabac à priser ou bien des cigarettes à un ami, on ne s’acquitte pas de cette façon de la Mitsva de Michloa’h Manott.