Question: Lorsque l’officiant dit « Baré’hou Ett Hachem Ha-Mévora’h », et que l’assemblée répond « Barou’h Hachem Ha-Mévora’h Lé-‘Olam Va’ed », doit-on se lever et se courber, ou est-ce inutile?
Réponse: Les usages diffèrent sur ce point entre les Ashkenazim et les Sefaradim.
Les Ashkenazim ont l’usage de se lever lorsqu’ils entendent Barée’hou de la bouche du ‘Hazzan, et certains parmi les Ashkenazim, se lèvent même lorsqu’ils l’entendent de la bouche d’une personne monte à la Torah.
Alors que les Sefaradim n’ont absolument pas l’usage de se lever lorsqu’ils entendent Baré’hou. Qui plus est, même les maîtres les plus illustres du judaïsme Sefarade, n’ont jamais adopté cet usage.
(Lors du Kaddich et de « Baré’hou » qui précèdent l’office de ‘Arvit de vendredi soir, même les Séfaradim ont l’usage de se lever, conformément aux propos de notre maitre le ARI zal. Certains originaires de la ville de Alep en Syrie, ainsi que les originaires du Maroc n’ont malgré tout pas cet usage).
Concernant le fait de se courber lorsque l’assemblée répond « Barou’h Hachem Ha-Mévora’h Lé’olam Va’ed », certains décisionnaires médiévaux font mention d’un usage similaire.
Parmi eux, le Ma’hzor Vitri, le Ore’hot ‘Haïm et d’autres…
L’auteur du Michna Beroura rapporte que l’auteur du Maguen Guiborim s’efforce difficilement à trouver une explication à cet usage.
Le Mishna Beroura lui-même (dans Biour Hala’ha sur chap.113) apporte une source à cette tradition, à partir d’un verset dans Divré Hayamim (Tome 1 chap.29):
« David s’adressa à toute l’assemblée en leur disant : Bénissez Hashem votre D. Toute l’assemblée bénit Hashem le D. de leurs ancêtres. Ils s’agenouillèrent et se prosternèrent à Hashem et au roi ».
D’autres décisionnaires des derniers siècles citent d’autres explications à cet usage.
Cependant, le livre Mekor ‘Haïm du Gaon Rabbi ‘Haïm Yaïr BAKRA’H (l’auteur du ‘Havot Yaïr) fait remarquer que toute prosternation supplémentaire, qui n’est pas mentionnée par le Talmud, est interdite au titre de « rajout sur les endroits où nos maîtres ont instauré de se prosterner ».
L’auteur du livre Shoul’han Tahor fait la même remarque, et ajoute même que cet usage est sans fondement crédible, et a été institué par erreur.
Le Gaon Rabbi Ben Tsion ABBA SHAOUL z.ts.l pensait également qu’il ne faut pas se prosterner lors de Baré’hou, car cela entraîne le risque de transgresser l’interdit de « rajout sur les endroits où nos maîtres ont instauré de se prosterner ».
Mais le Gaon Rabbi David YOSSEF Chlita objecte sur le fait qu’il y a là un risque de transgression, car nous pouvons constater que nous avons l’usage de nous prosterner à de nombreux endroits pour lesquels, nos maîtres n’ont pas instauré de se prosterner. Par exemple, lorsqu’on dit « Vaya’avor » (les 13 attributs Divins dans les supplications quotidiennes). En effet, nous avons cet usage selon l’enseignement des Kabbalistes, et les Poskim (décisionnaires) n’ont pourtant pas craints qu’il y a avait là la transgression de l’interdit de rajouter sur les endroits pour lesquels nos maîtres ont instauré de se prosterner.
Malgré tout, les Séfaradim et les communautés orientales n’ont pas l’usage de se lever et de se prosterner lors de Baré’hou, et ils doivent préserver leur tradition en restant assis. C’est l’usage qu’ont toujours adopté les grands maîtres du judaïsme Séfarade de toutes époques.
Même notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l ne se prosternerait absolument pas lors de Baré’hou, et restait assis.
Les Séfaradim ne doivent donc pas adopter cet usage.