Le jeûne de Guédalya tombe à la date du 3 Tichré.
Pourquoi jeûne-t-on ?
Lorsque Névou’hadnétsar (Nabuchodonosor) roi de Babylonie conquit la terre d’Israël et Jérusalem, il prit Tsidkiyahou roi de Yéhouda (qui était un véritable Tsaddik, mais dont la génération commettait des fautes, comme enseigné dans la Guémara Sanhédrin 103a), ainsi que ses deux fils, et leur parla de manière dure aux yeux de tous les princes de Yéhouda.
Névou’hadnétsar égorgea ensuite les deux fils de Tsidkiyahou devant leur père.
Il égorgea également tous les notables de Yéhouda qu’il avait capturé, et il creva les yeux de Tsidkiyahou.
Il l’enchaîna ensuite et le prit en captivité en Babylonie.
Malgré cela, une importante population juive resta en Erets Israël en ces temps, et pour diriger tout le peuple restant, le roi de Babylonie nomma l’un des notables d’Israël, un homme Tsaddik du nom de Guédalya Ben A’hikam.
Tous les juifs habitants alors en Erets Israël et dans les terres voisines, émigrèrent dans la région de Yéhouda, afin d’être proches de Guédalya.
C’est alors que se leva un descendant de la dynastie royale de Yéhouda, du nom de Ichma’el Ben Natanya, qui était un impie fils d’impie (comme enseigné dans la Guémara Méguila 15a), et il se comporta envers Guédalya de manière honorable extérieurement. Lorsque soudain, il se leva et assassina Guédalya.
Ensuite, Ichma’el et ses compagnons assassinèrent de nombreux autres personnes proches de Guédalya, dans la plus grande violence.
Depuis, toute la population juive en Erets Israël fut détruite, et c’est ainsi que s’éteint la dernière braise d’Israël.
En conséquence à tout cela, le peuple d’Israël fut exilé en Babylonie.
C’est pour cela que nous observons un jeûne ce jour-là, en souvenir de tous ces évènements, et afin de nous stimuler à se repentir de manière totale.
En particulier vis-à-vis de la guerre civile qui se produisit en ces temps, car même la difficile situation dans laquelle se trouvait le peuple d’Israël, n’empêcha pas des mécréants juifs provocateurs de discorde, de se lever et de détruire le dernier espoir des juifs de vivre sur leur terre.
Hormis cela, le fait que ce jeûne se trouve au milieu des 10 Jours de Téchouva, lui confère une grande importance pour l’homme, à la condition que l’on se stimule à se repentir et à revenir vers Hachem.
Le jeûne cette année
Cette année 5785, le 3 Tichré est tombé un Chabbat, et puisqu’il est interdit de jeûner un Chabbat (excepté Yom Kippour), le jeûne a été repoussé à aujourd’hui dimanche 4 Tichré.
Le jeûne de Guédalya est soumis à toutes les règles relatives aux autres jeûnes, que vous pouvez consulter chez nous aux règles relatives au jeûne du 17 Tamouz.
Le jeûne de Guédalya – jeûne reporté
Rabbenou Yéro’ham écrit que Guédalya Ben A’hikam fut assassiné le jour de Roch Ha-Chana, mais comme il est interdit de jeûner le jour de Roch Ha-Chana en raison de Yom Tov, nos maîtres ont instauré le jeûne au lendemain de Roch Ha-Chana, le 3 Tichré. MARAN rapporte cette opinion dans le Beit Yossef (fin du chap.549).
Le Méïri écrit lui aussi que Guédalya Ben A’hikam est mentionné dans le traité Soferim, et il fut assassiné le 1er Tichré (Roch Ha-Chana), mais en raison de Yom Tov, nos maîtres fixèrent le jeûne au lendemain (3 Tichré). C’est ainsi qu’écrit également le RADAK.
Or, une Halacha est tranchée dans le Choul’han Arou’h (O.H chap.559), selon laquelle lorsqu’un jeûne public tombe un Chabbat - et pour cette raison le jeûne est repoussé au lendemain dimanche (excepté Yom Kippour) - les 3 Baalé Bérit (le père du bébé, le Mohel – celui qui pratique la circoncision – ainsi que le Sandak – celui qui porte l’enfant pendant la circoncision), sont exempts de jeûner dans ce cas là. Par exemple : Si le jeûne du 9 Av tombe un Chabbat, il est repoussé au lendemain dimanche, et dans ce cas, les Ba’alé Bérit pourront manger ce jour là.
Il y a d’autres cas pour lesquels on est plus souple lorsque le jeûne est repoussé.
Par conséquent, à la lueur de ce que nous avons rapporté plus haut au nom de Rabbenou Yéro’ham - selon qui le jeûne de Guédalya devait être instauré le jour de Roch Ha-Chana, mais qu’il fut repoussé au lendemain à cause de Yom Tov - le TAZ (Touré Zahav, Rabbi David Ha-Lévy SEGUEL, qui fut Av Beit Din de la ville de Lévov il y a environ 400 ans, et l’un des principaux commentateurs du Choul’han ‘Arou’h) écrit que le jeûne de Guédalya est systématiquement considéré comme un jeûne reporté, et de ce fait, si une Bérit Mila tombe le jour du jeûne de Guédalya, les 3 Baalé Berit, n’ont pas besoin de jeûner.
Mais on peut réfuter cette opinion car en général, nous distinguons réellement lorsqu’un jeûne a été reporté, par exemple, lorsque la date du 9 Av tombe un Chabbat, tout le monde sait qu’elle doit tomber Chabbat, mais qu’en raison de la sainteté de Chabbat, le jeûne est reporté au lendemain dimanche.
Mais pour le jeûne de Guédalya, dont le report n’est pas réellement distinct puisqu’il est reporté chaque année au 3 Tichré depuis son instauration, les 3 Baalé Berit ne sont donc pas exempts de jeûner.
Cette nuance est approuvée par le Gaon Rabbi Yéhouda ‘Ayach selon qui, il ne faut exempter les 3 Ba’alé Bérit de jeûner que lorsque la date du jeûne tombe Chabbat et que le jeûne est observé dimanche, de sorte que tout le monde sait que le jeûne est reporté.
C’est ainsi que tranche également notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l.
Par conséquent, lorsque la date du jeûne de Guédalya tombe en semaine, son statut reste le même que les autres jeûnes, et les Ba’alé Bérit ne sont pas autorisés à manger.
Cependant, cette année (5785), la date du jeûne est tombée Chabbat et le jeûne a été repoussé à dimanche, et dans ce cas, selon tous les avis, on peut se montrer plus souple pour ce jeûne, comme expliqué.