Les jours entre le 17 Tamouz et le 9 Av se nomment les jours de « Ben Ha-Métsarim » (« entre les détresses »), comme nous l’avons expliqué hier.
La bénédiction de Chéhé’héyanou pendant cette période
Il est bon d’avoir la vigilance de ne pas réciter la bénédiction de Chéhé’héyanou sur un fruit nouveau ou sur un vêtement nouveau, pendant la période de Ben Ha-Métsarim, depuis le soir du 17 Tamouz (la veille au soir) jusqu’à la sortie du 9 Av.
Il faut laisser le fruit ou le vêtement jusqu’à après le 9 Av, et il ne faut pas non plus le consommer sans réciter la bénédiction de Chéhé’héyanou.
Cette tradition prend sa source dans le Séfer Ha-‘Hassidim qui écrit qu’ils ne consommaient pas de fruits nouveaux pendant la période de Ben Ha-Métsarim, car ils disaient: Comment pouvons-nous prononcer les mots : « qui nous a fait vivre, qui nous a fait exister, qui nous a fait parvenir jusqu’à ce moment » ?! (Or, ce moment est une période de malheurs pour Israël).
C’est ainsi que tranche également MARAN dans le Choul’han Arou’h, qu’il est bon d’avoir la vigilance de ne pas réciter la bénédiction de Chéhé’héyanou pendant la période de Ben Ha-Métsarim, sur un fruit nouveau ou sur un vêtement nouveau. Même notre maître le ARI zal écrit qu’il ne faut pas réciter la bénédiction de Chéhé’héyanou pendant la période de Ben Ha-Métsarim.
Telle est l’opinion de la majorité des A’haronim (décisionnaires des derniers siècles) (‘Hazon Ovadia – Arba’ Ta’aniyot page 129).
Si une femme enceinte voit un fruit nouveau et en éprouve l’envie de le consommer, elle est autorisée à le consommer pendant cette période, en récitant la bénédiction de Chéhé’héyanou.
Pendant les Chabbatot de la période de Ben Ha-Métsarim, il est permis de réciter la bénédiction de Chéhé’héyanou sur un fruit nouveau ou sur un vêtement nouveau.
Cependant, après Roch ‘Hodech Av, il est convenable de s’imposer la ‘Houmra (la rigueur) de ne pas réciter la bénédiction de Chéhé’héyanou sur un vêtement nouveau, même pendant Chabbat. Mais sur un fruit nouveau, on peut autoriser à réciter cette bénédiction, même pendant le Chabbat qui se trouve après Roch ‘Hodech Av. (C’est ainsi que tranche notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l dans son livre Chou’t Yé’havé Da’at tome 1 chap.37).
Ecouter de la musique et danser pendant « Ben Ha-Métsarim »
Il est interdit de danser pendant les 3 semaines entre le 17 Tamouz et le 9 Av, et ceci, même sans musique.
Tout ceci concerne même les danses conformes aux exigences de la Halacha et aux usages de la pudeur chers au peuple d’Israël, lorsque les hommes et les femmes sont séparés par une paroi opaque ne leur permettant pas de se voir mutuellement.
Mais les danses mixtes sont strictement et sévèrement interdites durant toute l’année. Cette transgression gravissime de la Torah est l’une des principales causes des malheurs d’Israël. Qu’Hachem ait pitié de nous et qu’il accepte notre repentir !
Même si selon le stricte Din il est permis durant toute l’année d’écouter de la musique enregistrée ou diffusée sur un support (lecteur de disques, ordinateur, radio ou autre), malgré tout, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l écrit qu’il faut s’en abstenir au moins durant la période de « Ben Ha-Métsarim ».
Nous nous sommes déjà longuement étendus sur ce sujet antérieurement.
Cependant, lorsqu’il s’agit d’une réjouissance de Mitsva, comme un mariage (jusqu’à Roch ‘Hodech Av pour les Séfaradim), une Bérit Mila, un repas de Pidyon Ha-Ben (rachat du premier né), une Bar Mitsva, ou bien un repas en l’honneur de l’achèvement de l’étude d’un traité Talmudique (Siyoum Massé’het), il est permis d’écouter de la musique même durant cette période, car dès lors où il s’agit d’une réjouissance de Mitsva, on peut autoriser.
Chanter A cappella (sans instruments)
Chanter A cappella, sans instrument de musique, est permis durant cette période.
A fortiori pendant les jours de Chabbat de cette période, ou lorsqu’on étudie la Torah.
Même lorsque le 9 Av tombe un Chabbat (et que le jeûne est reporté au dimanche), il est permis de chanter les chants sacrés en l’honneur du Chabbat.
Un professionnel de la musique
Un musicien juif qui gagne sa vie en jouant pour des non-juifs, est autorisé à poursuivre son activité jusqu’à la semaine dans laquelle tombe le jeûne du 9 Av.
De même, un professeur de musique qui subirait une perte d’argent s’il arrêtait d’enseigner durant les 3 semaines, est autorisé à enseigner la musique jusqu’à la semaine dans laquelle tombe le jeûne du 9 Av. Cette autorisation est aussi valable pour un élève qui prend des cours de musique.
Toutefois, il est bon pour le musicien, pour le professeur de musique ainsi que pour l’élève de s’imposer la rigueur de cesser leurs activités dès Roch ‘Hodech Av.
Musique dans des crèches pour enfants ou dans les centres aérés
Des crèches pour enfants ou bien des jardins d’enfants, ou encore des centres aérés qui fonctionnent durant « Ben Ha-Métsarim », et qui doivent diffuser de la musique dans le cadre de leurs activités, sont autorisés à le faire.
Telle est l’opinion Halachique de notre maître le Rav z.ts.l, et telle est l’opinion du Gaon Rabbi Ya’akov KAMINETSKY z.ts.l.
En conclusion : On ne doit pas réciter la bénédiction de Chéhé’héyanou sur un nouveau vêtement ou un fruit nouveau pendant la période de Ben Ha-Métsarim.
Durant les Chabbatot de cette période, on peut autoriser.
Durant le Chabbat après Roch ‘Hodech Av, on doit s’imposer la rigueur vis-à-vis d’un nouveau vêtement, mais vis-à-vis d’un fruit nouveau on peut autoriser.
On ne doit pas écouter de musique pendant la période de Ben Ha-Métsarim, mais il est permis de chanter A cappella, sans instruments de musique.
Il est permis d’acheter des nouveaux vêtements pendant la période de Ben Ha-Métsarim, jusqu’à Roch ‘Hodech Av, mais on ne peut les porter qu’après la sortie du 9 Av.