La Guémara dans H’oulinn (107b) nous dit:
« Les H’ah’amim ont autorisé la serviette ( manger du pain s’en se laver les mains, mais simplement en les entourant d’un tissu) uniquement pour ceux qui consommaient la Térouma, mais ils n’ont pas autorisé la serviette pour ceux qui consommaient simplement leur nourriture en état de pureté. »
Explication : À l’époque du Temple, les Cohanim consommaient la Térouma, ce prélèvement sur la récolte que chaque juif avait l’obligation d’offrir. Cette Térouma, consommée exclusivement par les Cohanim, ne pouvait être consommée que lorsque le Cohen était pur. Pour cette raison, les H’ah’amim leur ont imposé l’obligation de se laver les mains (Nétilatt Yadaïm). Mais, si le Cohen consommait la Térouma sans la toucher avec ses mains, par l’intermédiaire d’une serviette, les H’ah’amim ne lui imposaient pas de se laver les mains. Pour les personnes qui n’étaient pas Cohen, mais qui, par volonté de s’élever dans la spiritualité, veillaient à rester purs en permanence, de façon à ne pas souiller leur nourriture, pour ces personnes, les H’ah’amim n’ont pas autorisé à consommer leur pain sans Nétilatt Yadaïm, en s’entourant les mains d’une serviette.
La raison à cette différence Halah’ique entre les Cohanim et le reste du peuple, nous est donnée par Rachi:
Les Cohanim étaient très habitués à une vigilance particulière sur leur état de pureté dans toutes leurs consommations, puisque pour eux, il serait question d’un véritable interdit, dans un cas de consommation de Térouma dans un état d’impureté. Par conséquent, il n’y avait pas à craindre qu’ils puissent rentrer en contact direct avec la Térouma en la mangeant avec une serviette, sans Nétilatt Yadaïm. Ce qui n’est pas le cas pour le reste du peuple, qui eux n’étaient pas forcément habitués à une vigilance particulière sur leur état de pureté (hormis une classe minoritaire d’individus très élevés dans la spiritualité), puisque si un juif consommait sa nourriture dans un état d’impureté, il ne commettait aucun interdit, alors qu’un Cohen qui consommait sa Térouma dans un état d’impureté, transgressait un interdit de la Torah. Il y avait donc lieu de craindre que malgré la présence de la serviette entre les mains et le pain, ils pouvaient en arrivé, accidentellement, à toucher le pain.
À la lueur de ces propos, nombreux de nos maîtres les Richonim (décisionnaires antérieurs au Choulh’an Arouh’), attestent que de notre époque, au sujet de la Nétilatt Yadaïm pour le repas, nous ne sommes pas du tout comparables au Cohanim, en ce qui concerne leur vigilance à rester purs lors de leurs consommations. L’institution de nos H’ah’amim de faire Nétilatt Yadaïm avant de manger du pain, reste donc applicable dans toute situation, sans aucune autorisation de s’y soustraire en s’enroulant les mains dans une serviette. Toute personne qui s’autoriserait à ignorer la Nétilatt Yadaïm, par ce qu’elle mange son pain avec une serviette, néglige son devoir de se soumettre aux décrets des H’ah’amim. C’est ainsi que tranchent le Tour (Rabbénou Yaakov Ben Acher Allemagne Espagne 13ème et 14ème siècle), ainsi que le Choulh’an Arouh’ (chap.163).
Tout ceci est valable même lorsqu’on doit se laver les mains pour consommer un aliment trempé dans un liquide (Davar Chétiboulo Bémachké), dont nous avons parlé dans le passé.
Conclusion: Il n’est pas autoriser de manger du pain sans se laver les mains (Nétilatt Yadaïm), même si l’on ne touche pas le pain directement, en le mangeant par exemple, avec une serviette enroulée autour. Dans toute situation, nous devons nous laver les mains avant de consommer du pain. Il existe certaines situations dans lesquelles les H’ah’amim ont autorisé de consommer du pain sans se laver les mains. Ceci sera expliqué dans la prochaine Halah’a.