Question: est-il permis de prier Hachem pour qu’il fasse un miracle et change les lois de la nature?
Réponse: En général Hachem veut que le monde suive les lois de la nature, comme nous l’enseigne nos maîtres de l’époque médiévale (Rabbénou Haï Gaonn ainsi que le Rann dans ses Dérachott). Ce n’est qu’à de rares occasions qu’Hachem modifie les règles de la nature, afin d’exprimer son affection à Israël, ainsi que pour d’autres raisons.
C’est ce qui nous est enseigné également dans le Talmud dans le traité de Ta’anitt (25a) qu’Hachem ne désire pas changer l’ordre des choses que très rarement.
Dans la précédente Halacha, nous avons mentionné la Michna qui nous dit que celui qui prie pour que sa femme qui est enceinte accouche un garçon, sa prière est en vain puisque l’enfant se trouve à un stade de développement où son sexe a déjà été décidé. Il est donc déjà garçon ou fille et on ne peut pas changer les choses. Ça serait donc prier pour qu’Hachem fasse un miracle et change l’ordre des choses, et l’on ne peut pas prier pour un miracle. La Guémara cite le cas de Léa notre matriarche, dont le fœtus s’est transformé de garçon à fille, et nos maitres enseignent à ce sujet qu’il s’agissait d’un miracle, et que l’on ne mentionne pas de miracle dans la prière. Selon tout ceci, il semble que l’homme ne doit pas prier pour obtenir un miracle.
Notre maître le Rav z.ts.l rétorque à partir de cette Guémara les paroles du Rama dans le Choulh’ann ‘Arouh’ (O-H’ 187 et 682) qui dit que celui qui oubli de réciter ‘Al Ha-Nissim dans le Birkatt Ha-Mazonn de H'anoukka (qui – selon le Din - ne doit pas réciter à nouveau le Birkat Ha-Mazonn) dira à la fin dans les « Ha-Rah’amann », « que le miséricordieux nous fasse des miracles comme il en fait à nos ancêtres à l’époque, durant ces jours », pour poursuivre la formule de ‘Al Ha-Nissim. Notre maitre le Rav z.ts.l : Comment peut-on demander à Hachem de faire des miracles, cela contredit l’enseignement de nos maîtres?
Cette réponse a également été posée par le Gaonn Béh’or Chor qui y répond de la manière suivante (dans ses commentaires sur le Talmud traité Chabbat 21b) : il faut distinguer entre un miracle qui est fait dans les règles de la nature et un miracle qui ne l’ai pas. Le miracle de la guerre des ‘Hachmonaïm, bien qu’il s’agit indiscutablement d’un miracle extraordinaire, c’est malgré tout un miracle qui reste dans le cadre des règles de la nature, car il se peut que peu de personnes arrivent à vaincre un bien plus grand groupe du fait qu’ils soient plus courageux ou qu’ils aient une meilleure stratégie. Sur de tels miracles, nous demandons à Hachem d’en faire de même avec nous.
Le Gaonn répond aussi que le particulier n’a pas le droit de demander à Hachem de lui faire des miracles en changeant les lois de la nature pour un besoin personnel, mais on peut demander à Hachem de faire de tels miracles pour l’ensemble d’Israël.
Par conséquent, si nous traitons du sujet selon ce que l’on a écrit, la réponse à notre question est qu’il est permis de prier pour un miracle qui se réalise tout en restant dans le cadre des règles de la nature, même si d’un point de vue naturel il serait très peu probable que la chose se réalise. De même, il est permis de prier même pour un miracle véritable lorsque c’est en faveur de l’ensemble du peuple d’Israël. Par contre, lorsque c’est en faveur d’un particulier, il ne faut pas prier pour obtenir un véritable miracle.
C’est pour cela qu’il est permis de prier pour la guérison totale d’un malade, même lorsque les médecins disent que ses chances de survie sont quasi inexistantes. Il est malgré tout permis de prier dans un tel cas puisque la chose peut malgré tout arriver selon la nature, même s’il s’agit d’une très faible probabilité.
De même, lorsque les armées arabes ont déclaré la guerre à Israël, même si nos chances de gagner étaient inexistantes puisqu’ils étaient bien plus nombreux que nous, malgré tout, il était permis de prier pour la délivrance d’Israël, car c’était en faveur de l’ensemble du peuple d’Israël et non en faveur d’un particulier. Or, le peuple d’Israël mérite qu’Hachem réalise pour lui des miracles et des merveilles, dans son grand amour pour son peuple.