Il est enseigné dans le Pirké Avot :
... אֵי זֶה הוּא גִבּוֹר ? הַכּוֹבֵשׁ אֶת יִצְרוֹ ... (פרק ד-משנה א)
Quel est l’homme fort ? C’est celui qui maîtrise son penchant. (Chap.4 Michna 1)
Apparemment il est plus juste de dire « Quel est l’homme fort ? C’est celui qui contrôle son mauvais penchant » et non son « penchant », car le penchant fait référence également au bon penchant, or l’homme se doit d’écouter celui-ci ?!
Il semble que l’on peut répondre à partir des propos de notre maître le Rav z.ts.l (avec lesquels il explique pourquoi la Michna emploi le terme de « son penchant » et non « le penchant »), que le Yétser Ha-Ra’ (mauvais penchant) possède plusieurs styles de stratégies, et il s’adapte selon la personne à qui il a affaire.
Par exemple s’il traite avec un Talmid ‘Ha’ham (un érudit dans la Thora), il va l’inciter à aller offrir de la Tsédaka plutôt que d’étudier la Thora, car il sait très bien qu’il n’y a rien de plus puissant que l’étude de la Thora, il fera donc tout pour l’empêcher d’étudier. Quitte à lui faire accomplir des Mitsvot !!
Et lorsqu’il a affaire à une personne qui a les moyens d’aider les gens pauvres et en détresse, il l’incite à faire une autre Mitsva comme lire des Téhilims ou étudier la Torah !!
A partie de cela nous pouvons expliquer ce que vient nous enseigner l’auteur de la Michna en disant « son penchant », car mis à part le fait que chacun possède SON propre Yétser Ha-Ra’ qui est adapté à son statut, il paraît à l’homme parfois que le Yétser Ha-Ra’ est le Yétser Ha-Tov (le bon penchant) !
Mais ce n’est que ruse !!
Son seul but est d’éloigner l’homme de ce qui pourrait l’amener à exploiter véritablement son potentiel spirituel, et arriver ainsi à remplir réellement son rôle dans ce monde. C’est pour cela que la Michna nous enseigne « son penchant » tout court, car l’homme fort se doit même de contrôler ce qui paraît être le bon penchant, et qui en fait ne l’est pas !
Un riche avare habitait la ville de Rofchitz en Pologne et était réputé pour son avarice. Un soir de Kippour, après la prière, tous les pauvres de la ville se réunirent pour lire des Téhilims et le riche aussi s’associa à eux.
Le Rav Naftali de Rofchits z.ts.l - qui était présent - demanda au riche d’arrêter sa lecture des Téhilims et de venir le voir. Le Rav lui demande alors :
« Dis-moi mon cher ami, tu sais que la Pologne a déclaré la guerre à l’Autriche, et comme tu le sais, le gouvernement possède plusieurs corps d’armée : l’armée de terre, de mer, etc. Que penserais-tu d’un soldat faisant partie de la cavalerie - mais qui sait aussi faire naviguer un navire de guerre - qui déserte son camp pour prendre contrôle d’un navire de guerre et qui réussit à combattre l’ennemi avec réussite, quelle récompense lui donnerais-tu ? »
Le riche lui répondit :
« Non seulement je ne lui donnerais pas de récompense, mais en plus, il mérite d’être puni pour avoir déserté son unité, il n’est donc pas moins qu’un déserteur, car il est impensable qu’un soldat prenne des initiatives seul, sans se plier aux ordres de ses supérieurs ! »
Le riche demanda au Rav :
« Mais quel est le lien entre cela et le saint jour de Kippour ?! »
Le Rav lui répondit :
« Je tiens à t’expliquer à la lumière de ta réponse concernant le soldat, que tu es un déserteur et tu dois payer pour cela en ce saint jour de Kippour ! »
Le riche demanda comment pouvait-il être un déserteur alors qu’il n’est absolument plus en âge de servir dans l’armée ….
Le Rav lui répondit :
« Sache qu’Hachem a lui aussi son armée dans laquelle il existe plusieurs régiments, il y a le régiment des érudits en Thora, celui des pauvres qui lisent les Téhilims et le régiment de ceux qui vont aider les nécessiteux. Voilà que toi Hachem t’a donné les moyens d’aider ceux qui sont dans le besoin, tu fais donc partie de cette armée, mais que tu décides d’aller avec un autre régiment qui est celui des pauvres qui lisent les Téhilims, tu es donc « un déserteur », car pour Hachem tu n’es pas à ta place assis ici à lire des Téhilims avec les pauvres. Va donc te coucher couvert de drap de soie et repose toi, demain matin lors de la collecte de fonds pour la Yéchiva tu devras donner de bon cœur pour cette cause et servir d’exemple pour tous les fidèles. »
Le lendemain, le Rav commença la collecte de fonds, et voila que le riche annonce un don de 10 000 Roubles, ce qui représentait une somme astronomique !
Les fidèles ont été très surpris de découvrir la bonté de cet homme, et cela incita toute la communauté à en faire de même, chacun selon ses moyens.
Il est évident qu’il incombe à chacun de concentrer son service divin sur ce qu’il est destiné à faire, mais personne n’est dispensé de consacrer un temps au quotidien pour l’étude de la Thora, afin qu’il sache comment l’appliquer, et ainsi il aura une part directe dans la Thora d’Israël.