Dans la Halacha précédente, nous avons expliqué que le soir, avant de se coucher, il faut réciter le Chéma’, précédé de la bénédiction de Hamapil, et que cette bénédiction, comme toutes les bénédictions que nous récitons, doit être récitée avec Chem OuMal’hout (le Nom d’Hachem et l’expression de Sa Royauté = …A.D.O.N.A.Ï Elohenou Mele’h Ha’olam …).
Nous avons aussi expliqué que bien qu’il soit recommandé de ne pas parler entre le Chéma’ du coucher et le moment où l’on s’endort, toutefois, même si l’on s’est interrompu, on ne recommence pas cette bénédiction, et elle n’est pas non plus considérée comme Lévatala (en vain), car cette bénédiction n’a été instituée que pour glorifier Hachem sur le fait qu’il nous est donné de pouvoir aller dormir, et non sur le sommeil en lui-même.
De façon très simple, on peut considérer qu’il faudrait réciter la bénédiction de Hamapil et le Chéma’ du coucher, aussi bien lorsque l’on va dormir dans la 1ère partie de la nuit, aussi bien lorsque l’on va dormir dans la 2ème partie de la nuit (après ‘Hatsot, après la moitié de la nuit), car toute la nuit est propice au sommeil.
Le Gaon Rabbi Icha’ya BASSAN z.ts.l (le maître de l’auteur du Méssilatt Yécharim) écrit dans son livre Chou’t La’hmé Toda (chap.21):
« Certains décisionnaires veulent dire que selon le sens mystique (la Kabbala), il ne faut plus réciter la bénédiction de Hamapil lorsque l’on va dormir après ‘Hatsot Laïla (après la moitié de la nuit), mais ceci n’est pas vrai. Au contraire, il faut réciter la bénédiction de Hamapil à n’importe quel moment où l’on va dormir pendant la nuit. »
Cependant, nombreux de nos maîtres les Kabbalistes écrivent que selon la Kabbala (le sens mystique), on ne doit pas réciter cette bénédiction lorsque l’on va dormir après ‘Hatsot. C’est ainsi que tranche notre maître Rabbi Yossef ‘HAÏM de Bagdad z.ts.l, dans son livre Chou’t Rav Pe’alim (Sod Yesharim chap.14). Ainsi écrit également l’auteur du ‘Hessed Laalafim, et il précise que selon la tradition des grands Kabbalistes de Jérusalem, on ne récite pas la bénédiction de Hamapil lorsque l’on va dormir après ‘Hatsot. C’est ainsi qu’écrivent de nombreux autres sages de Jérusalem.
Par conséquent, puisque l’usage sur ce point n’est pas clair selon l’opinion de MARAN dans le Choul’han ‘Arou’h,, et qui plus est, nous sommes face à une Ma’hloket (une divergence d’opinion Halachic) sur la récitation d’une bénédiction, on applique ici le principe de SAFEK BERA’HOT, LEHAKEL = lorsqu’il y a un doute (une discussion) sur la récitation d’une bénédiction, nous allons à la souplesse et nous ne la récitons pas.
C’est pour cela que notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l écrit que lorsque l’on va dormir après ‘Hatsot, on récite la bénédiction de Hamapil, mais sans Chem OuMal’hout, en pensant le Chem OuMal’hout dans sa tête, afin de prendre aussi en considération l’opinion des Kabbalistes, selon laquelle, après ‘Hatsot, on ne la récite pas.
Cependant, nous avons écrit tout ceci selon les écrits de notre maitre le Rav z.ts.l dans ses différents ouvrages, mais il faut préciser que dans la pratique, l’usage personnel de notre maitre le Rav z.ts.l était d’ignorer la position des Kabbalistes sur ce point, et il adoptait la position des décisionnaires, selon lesquels on récite cette bénédiction avec Chem OuMal’hout même après ‘Hatsot. C’est ce qu’il a personnellement indiqué à son fils le Gaon Rav David YOSSEF Chlita d’écrire en son nom dans son livre Halacha Béroura que selon son opinion, il faut réciter cette bénédiction avec Chem OuMal’hout même après ‘Hatsot.
Les femmes sont, elles aussi, tenues de réciter le Chéma’ du coucher, car le Chéma’ du coucher a été institué en tant que protection, et les femmes ont, elles aussi, besoin de cette protection. C’est pour cela que, bien que les femmes ne sont pas soumises à l’obligation de lire le Chéma’ du matin, elles ont cependant, l’obligation de lire le Chéma’ du coucher, ainsi que la bénédiction de Hamapil qui le précède.
En effet, cette bénédiction n’est pas considérée comme une « Mitsvat ‘Assé Chéhazéman Guérama (un commandement positif limité à un laps de temps pour son accomplissement, dont les femmes sont systématiquement exemptées, comme la Soukka, le Loulav etc…). La bénédiction de Hamapil est relative à tout moment auquel on va dormir. Mais l’usage le plus courant est d’aller dormir la nuit, c’est pour cela que nous ne la récitons que lorsque l’on va dormir pour la nuit, et non en journée.
Mais ceci ne constitue pas une « limite dans le temps » vis-à-vis de la récitation de cette bénédiction, mais simplement un constat sur l’usage en vigueur.
Par conséquent, les femmes sont donc elles aussi tenues, de réciter le Chéma’ du soir, ainsi que la bénédiction de Hamapil qui le précède.