Question : Est-il correct de renouveler la même demande en insistant auprès d’Hachem, en le suppliant pour la même chose chaque jour, ou bien faut-il cesser de demander cette chose si l’on voit que l’on n’est pas exaucé ?
Réponse : Il est enseigné dans la Guémara Béra’hot (32b) :
Rabbi ‘Hanin dit au nom de Rabbi ‘Hanina : toute personne qui s’étend longuement dans sa prière, verra celle-ci exaucée. D’où apprend-on cela ? De Moché, comme il est dit :
וָאֶתְפַּלֵּל אֶל-ה' ... וַיִּשְׁמַע ה' אֵלַי, גַּם בַּפַּעַם הַהִוא ... (דברים ט-כו ושם יט)
J’ai prié Hachem … Hachem m’écouta cette fois-ci encore. (Dévarim 9-26 et ibid.19)
Nous voyons à partir de là que lorsqu’on s’étend longuement dans la prière (ou bien lorsqu’on multiplie la même demande), la prière est exaucée.
On objecte dans cette même Guémara :
Rabbi ‘Hiya Bar Abba dit au nom de Rabbi Yo’hanan : Toute personne qui s’étend longuement dans sa prière et qui y consacre des réflexions, en arrivera à un mal de cœur.
Nous constatons qu’il n’est pas bon de s’étendre longuement dans la prière ou d’insister sur des demandes personnelles puisque cela engendre un mal de cœur, comme le verset du livre de Michlé nous l’enseigne : « Une espérance qui traîne en longueur est un crève-cœur ».
Mais la Guémara résout cette contradiction ainsi :
Ici il s’agit d’un cas où la personne consacre des réflexions à sa prière, et là il s’agit d’un cas où la personne ne consacre aucune réflexion à sa prière.
Ce qui signifie que lorsque Rabbi ‘Hanin préconise de s’étendre longuement dans la prière, puisqu’ainsi la prière est exaucée, ceci n’est valable que lorsque la personne ne pense pas constamment que le fait qu’elle s’étend longuement dans sa prière, celle-ci sera forcément exaucée.
Par contre, lorsque Rabbi ‘Hiya Bar Abba atteste que le fait de s’étendre longuement dans la prière entraîne un mal de cœur, il s’agit d’un cas où la personne pense constamment que le fait qu’elle s’étend longuement dans sa prière, celle-ci sera forcément exaucée. En effet, le fait d’espérer que par la force de sa prière, sa demande sera exaucée, entraîne que celle-ci ne le soit pas.
La personne peut en arriver à un mal de cœur puisqu’elle guette constamment la réalisation de sa demande et celle-ci n’arrive pas.
Cet enseignement est également écrit explicitement dans la Guémara Béra’hot (51a) :
Toute personne qui s’étend longuement dans sa prière, en arrivera à un mal de cœur. Rabbi Its’hak ajoute : cela entraîne aussi le rappel des fautes de la personne devant Hachem.
La Guémara explique que toutes ces choses là sont valables seulement lorsque la personne « réfléchit à sa prière ». Rachi commente : la personne se dit que sa demande sera exaucée puisqu’elle a prié avec ferveur.
Nous apprenons de tout cela que l’on doit multiplier les demandes adressées à Hachem, même si par 1 000 fois la demande n’a pas été exaucée, il se peut qu’avec une prière supplémentaire la demande sera exaucée.
Cependant, on ne doit pas faire preuve de vanité en pensant que c’est la persévérance de notre prière qui va favoriser l’acceptation de notre demande, on doit plutôt guetter l’infinie miséricorde divine.
Comme l’écrit le Méïri : il ne faut surtout pas se glorifier d’avoir une grande Kavana (concentration) et penser que c’est grâce à celle-ci que la prière est exaucée. Fin de citation.
Il faut donc se comporter avec humilité, et placer son espoir dans la miséricorde divine. Hachem se montrera bon avec la personne, écoutera sa prière et l’exaucera.
Nous profitons de cette occasion pour raconter une anecdote personnelle.
Lorsque l’un des membres de la famille de notre maitre le Rav z.ts.l tomba malade et eut de nombreuses complications médicales, notre maitre le Rav z.ts.l nous dit de prier pour lui dans la bénédiction de « Réfaénou » (dédiée à la guérison des malades d’Israël) de la ‘Amida. Pour une raison ignorée, nous avons prié pour ce malade mais dans la bénédiction de « Chéma’ Kolénou » (bénédiction générale où l’on peut incérer toute demande personnelle) et non dans celle de Réfaénou.
Quelques temps plus tard, cette personne n’était toujours pas guérie.
Notre maitre le Rav z.ts.l nous demanda :
« Pourquoi n’as-tu pas prié dans Réfaénou ? »
Par crainte envers notre maitre le Rav z.ts.l, nous lui avons répondu très humblement que nous prions !
Notre maitre le Rav z.ts.l dit :
« Ce n’est pas vrai ! Tu n’as pas prié dans Réfaénou mais seulement dans Chéma’ Kolénou !! Si la prière pour ce malade avait été faite dans Réfaénou, il serait déjà guéri !!! »
Que le sage entende et en tire la morale …