Nos maîtres enseignent dans la Guémara Kiddouchin (40b):
L’homme doit toujours se considérer à moitié coupable et à moitié innocent.
S’il réalise une Mitsva, heureux soit-il car il s’est fait basculer vers le plateau du mérite. S’il commet une transgression, malheur à lui car il s’est fait basculer vers le plateau de la condamnation. Fin de citation.
Cet enseignement signifie que l’homme doit tout au long de sa vie se considérer comme un individu « moyen » (« Bénoni »), car il est certain que l’on ne doit pas se considérer Tsaddik (juste), comme l’enseignent nos maîtres dans la Guémara Nidda (30b) :
« Même si le monde entier te qualifie de Tsaddik, considère-toi comme Racha’ (impie) ».
En effet, si l’individu se considère comme Tsaddik, il s’arrête de pratiquer les Mitsvot et les bonnes actions, car il va penser : « Quel devoir ais-je encore à accomplir dans ce monde ? »
C’est pourquoi, chacun doit se considérer comme n’étant pas Tsaddik, afin de poursuivre les efforts dans le service d’Hachem, pour gravir des niveaux selon ses possibilités et selon la source de son âme.
De même, il est interdit à un individu de se considérer comme Racha’, car il se découragerait d’accomplir les Mitsvot et les bonnes actions. Comme Elicha’ Ben Avouya en a fait l’erreur en disant qu’étant donné qu’il avait fauté de façon démesurée et qu’il n’avait plus droit au monde futur, qu’il puisse au moins tirer satisfaction de ce monde ci.
Il est certain que ce raisonnement était une grave erreur de sa part, et en conséquence à cette erreur, il perdit le bien éternel, car s’il avait fait des efforts et s’était repenti, on l’aurait immédiatement accepté. Il aurait atteint le niveau qu’il n’a jamais atteint.
C’est pourquoi, chacun doit se considérer de niveau moyen, ni Racha’, ni Tsaddik.
En comparaison à cela, un homme se présenta devant un ‘Ha’ham et lui demanda de lui indiquer son niveau.
Le ‘Ha’ham lui répondit : « Tu es un moyen. »
L’homme demanda : « Que dois-je faire pour être un Tsaddik ? »
Le ‘Ha’ham lui répondit : « Va accomplir une seule Mitsva, tu te feras basculer vers le plateau du mérite, et tu seras un Tsaddik. »
L’homme alla accomplir l’importante Mitsva de la Tsédaka.
Il se représenta devant le ‘Ha’ham et lui demanda de nouveau : « Suis-je un Tsaddik ? »
Le ‘Ha’ham lui répondit : « Non, tu es encore un moyen. »
L’homme demanda : « Alors pourquoi m’as-tu dis auparavant que j’étais moyen ? »
Le ‘Ha’ham répondit : « Je t’ai répondu la première fois par respect afin de ne pas te vexer, mais en réalité il te manquait encore la Mitsva de Tsedaka pour être réellement qualifiable de moyen. Maintenant, tu es réellement moyen. »
L’homme alla à la maison d’étude et étudia durant plusieurs heures consécutives avec beaucoup d’engouement. Il se présenta de nouveau devant le ‘Ha’ham et lui demanda : « A présent, suis-je un Tsaddik ? »
Le ‘Ha’ham lui répondit : « Non, tu es toujours moyen. »
L’homme demanda : « Mais pourtant j’ai accomplis une Mitsva supplémentaire ! »
Le ‘Ha’ham lui répondit : « Auparavant, il te manquait 2 Mitsvot afin d’être moyen, maintenant tu es réellement moyen. Et ainsi de suite. »
C’est pour cette raison que nos maîtres enseignent que l’homme doit « toujours » se considérer à moitié coupable et à moitié innocent, car en pensant ainsi, il ne fera qu’augmenter ses Mitsvot et ses bonnes actions, pour devenir en définitif un réel Tsaddik.
Nous nous trouvons au seuil de la période de la Téchouva, ce si grand cadeau dont nous a gratifié Hachem, les jours de miséricorde et de supplications.
Que chacun médite sur lui-même, afin de définir sa situation du point de vue de son service d’Hachem, car nous n’avons pas la possibilité de connaitre réellement notre situation. Même une personne qui craint véritablement Hachem, qui accomplit des Mitsvot à chaque instant, ignore le sort qui l’attend. Est-il un Tsaddik convié au monde futur, ou bien se verra-t-il examiné sur différentes actions reprochables qu’il a réalisées, et sera-t-il jugé de façon très sévère ?
Chacun doit donc prendre conscience, afin de se renforcer au maximum, et ne pas laisser les jours du mois d’Eloul passer de façon indifférente.
Seul celui qui se souviendra de la signification de ces jours, et qui prendra différents bons engagements de façon générale dans le domaine de la crainte d’Hachem, méritera d’être inscrit pour une bonne vie et pour la paix, pour mériter une année bonne et bénit, avec une vie de Torah et de crainte du Ciel.